Chapitre 2

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L'odeur qui émanait des environs empestait le mal. On pouvait percevoir la mort absolument partout, la ressentir, c'est cette sensation, la même qui m'éprise des années auparavant, celle de perte de contrôle, de vertige, de mal être tellement profond qu'il se veut impossible à décrire. J'avais 5 ans, et la tragédie régnait dans mon voisinage après le décès de Cristal. Son corp, pure, posé sur le sol, ces images me hantent encore. C'était une femme discrète, respectable et sans ennuies, du moins c'est la vision que la majorité des personnes vivant ici avaient d'elle. Toutes ces spéculations quant à sa vie privée ce sont envolés le soir où, à ma fenêtre, je vis cette femme frappée à sa porte, la porte s'ouvrit, puis soudain ; un bruit assourdissant, une lumière aveuglante, un silence et plus rien. Je suis la seule personne à savoir ce qu'il s'est réellement passé, car la femme qui est entrée dans cette maison afin d'effectuer cet acte macabre, c'était ma propre mère, Matilda, celle que je n'ai plus jamais revue.

J'ai donc enfoui en moi ce terrible secret, mais j'accordais une telle confiance à Ella que je lui ai tout dis. Elle savait ce qui s'était passé, elle connaissait les détails scabreux de ma vie, elle était en possession de tous mes secrets, elle pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. L'assassinat de ma voisine demeure le plus grand mystère de mon existence, et Ella, de son coté, s'obstinait à connaitre la vérité, comme si tout cela la touchait personnellement. La seule chose qu'elle ne savait pas, c'était l'existence d'André, le fils de Cristal, un charmant jeune homme qui m'a toujours fortement intrigué.

Après le décès de sa mère, il s'est ouvert au monde, comme s'il s'était métamorphosé ; C'était une toute autre personne. Pendant les cinq premières années de ma vie, je le voyais comme un fantôme, une sorte d'entité qui ne se montrait qu'occasionnellement, mais une fois sa mère partie, c'était pour lui l'occasion de renaître, de montrer au monde qui il est vraiment, sans aucune restriction, sans aucune interdiction. Je n'ai jamais eu le courage de l'aborder, ne serait-ce que pour le questionner quant à la nature de la relation entre sa mère et la mienne. J'ai donc cherché des réponses à mes interrogations auprès de ma mère la lune, en espérant trouver un sens à tout cela, mais ma foi en elle fut ébranlée lorsque que j'eu de la supplier d'abréger ma profonde souffrance à la suite de la disparition d'Ella. Cette fois ci, malgré le fait de m'être confiée à elle, j'éprouvais toujours une immense tristesse. J'avais l'impression qu'Ella, la femme lunaire était toujours là, quelque part, mais que je ne pouvais tout simplement pas la voir, comme si c'était moi qui avais été tuée et que mon esprit avait hérité d'un châtiment, celui de ne pas pouvoir approcher la seule chose que j'aimais.

L'autre soir a marqué le début de ma descente dans les bas-fonds des enfers, j'étais comme piégée dans une sphère infernale qui se jouait de moi, j'étais torturée par mes démons intérieurs, je voulais savoir ce qui s'était passé, car après avoir vu le visage blême de ce cadavre, j'ai réalisé ce que j'avais fait, et surtout à qui je l'avais fait. Je n'avais plus d'âme. J'étais éteinte et rongé par les remords. Comment ai-je pu faire ça et pourquoi ? J'ai déjà tout perdu, pourquoi donc m'auto détruire à ce point en ruinant tout ce qui me reste. Je n'étais plus consciente de ce qui m'entourait ou bien même de ce que je faisais, j'ai peint des centaines de tableaux, mais je n'avais pas l'impression que c'était moi, Diana qui les avait faits. On s'était comme emparé de moi. Tous les tableaux se ressemblaient, on y voyait une ombre torturée, menacée par une lumière, comme si c'était le reflet d'une immense peur, le résultat d'un traumatisme qui causa une insécurité incommensurable, et que l'ombre y était donc soumise. Celle-ci était entourée par une seule et même personne qui s'était dupliquée, comme une sorte de fantôme qui avait le pouvoir de se séparer différentes facettes de sa personne.

Je contemplais sans cesse ces tableaux, et plus je les admirais, plus cette sensation de mal être s'emparait de moi, comme si l'expérience que j'avais vécu le soir du terrain vague se reproduisait sans cesse. Je passais mes journées à ressasser les discussions qu'Ella et moi entretenions. Je me suis souvenue d'un de ces aveux, elle m'avait révélée l'existence d'une sœur qu'elle n'avait jamais rencontrée, Lia. Ces parents l'avaient abandonné au couvent car après la naissance d'Ella, ils voulaient d'un garçon. Elle dessinait souvent son visage, du moins la vision qu'elle avait d'elle. Une jolie petite fille aux cheveux blonds et courts, avec des yeux verts et une cicatrice à proximité de son œil. Elle s'inventait des histoires avec elle, disais se souvenirs de choses qu'elle n'avait jamais vécus, et ça la rendait heureuse. La voir ainsi m'aidait à me sentir mieux.

Désormais plus rien ne me retenait, j'étais prête à partir pour de bon ; mais avant cela, je me devais de me souvenir ce qui s'était passé ce fameux soir. Alors, je suis retournée au terrien vague, en espérant recouvrer la mémoire à l'aide de sensation, d'éléments. La voiture accidentée était bien là, tout était comme l'autre soir, mais je fis pétrifie lorsqu'en cherchant le corp que je n'avais aucunement déplacé ni même touché, avait disparu. J'étais confuse et apeurée, puis la peur laissa place à la panique, et la panique m'a mené à la rage. Je me suis posée des milliers de questions, est ce que tout ce que vécu n'était qu'un horrible cauchemar ? Est-ce que la personne que j'ai cru voir morte, ne l'était tout simplement pas ?

Et c'était trop, je ne pouvais plus rien y faire, le monde semblait s'arrêter, mais j'avais également l'impression que tout allait vite, trop vite. Tout semblait abstrait, j'avais l'impression de vivre dans une mise en scène lugubre et sordide. Je me suis tournée vers la lune, elle ne répondait pas, elle aussi était partie. C'était mon tour. Je me suis mise à déambuler dans les rues, désespérée, en direction de l'autoroute la plus fréquentée. Mon but était de me sentir humaine une dernière fois, avant d'offrir à un parfait inconnu l'opportunité de m'ôter la vie. C'est avec le cœur qui bat la chamade que je me suis approchée de cette voie au trafic fréquent. Je pris une grande inspiration, et à la vue d'une voiture allant à toute vitesse, j'ai couru. Puis plus rien.

Oui, je voulais mourir, enfin, finir de mourir. Mais je me suis rendu compte que j'étais vouée à une vie de misère (et que cela ne se finira certainement jamais) lorsque je me suis réveillée sur un lit d'hôpital, avec des douleurs atroces, maintenue en vie par des câbles et des machines. J'ai pris un long moment avant de réaliser ou j'étais, mais lorsque je repris entièrement conscience, j'eu le réflexe de regarder autour de moi. J'ai tressailli de joie en voyant la personne à côté de moi, j'eu comme un élan de soulagement. Cette personne, c'était Ella.

Après ma macabre expérience, j'eu peur de l'avoir tuée elle aussi. Elle était, tout comme moi, allongée sur un lit d'hôpital, blessée à plusieurs endroits mais elle était vivante. Ça peut paraitre égoïste mais j'étais heureuse de la voir en vie en grande partie car elle était susceptible de m'aider à découvrir ce qui s'est réellement passé. Je restais tout de même suspicieuse, quel a été son rôle dans l'histoire ? Est-ce que je lui ai fais du mal. Tant de questions qui se répétaient en boucle dans ma tête, puis soudain j'entends de l'autre cote de mon lit voix susurrer « Je sais ce que tu as fait. »

C'était André, le fils de Cristal assis à côté de moi, le regard remplie de rage. Il savait tout.

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⏰ Last updated: Aug 15, 2019 ⏰

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