PROLOGUE

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Je sombre.

Je ne me souviens plus vraiment à quel moment ma vie s’est retrouvée chamboulée à ce point.

Tout ce dont je suis sûre, c’est que je me suis égarée lorsqu’elle a arrêté de me guider.

Abby.

Aussi loin que je me rappelle, elle a toujours été ma lumière dans l’obscurité. Quand elle est partie, c’est mon  monde dans  son entièreté  qui  a basculé  dans les ténèbres.

Et je me perds encore dans cette noirceur d’encre, devenue  au  fil  des années  une  partie  dominante  de  ma personnalité.

Je ne suis plus Lena, je suis elle.

On m’a  dit  que  rien  n’est  éternel,  que  chaque  choix  et chaque geste sont éphémères et sont un jour propulsés dans un oubli abyssal. Nous  nous  fanons  lentement  telles  des  roses,  perdant leurs pétales précieux.

Notre évanescence est inévitable.

Nous sommes tous voués à disparaître, à nous évaporer comme si nous n’avions jamais fait partie de cette planète. L’amour donné corps et âme à un être cher s’effrite avec le temps. Peu importe quand et comment, cela arrivera.

En attendant que les tic-tac de l’horloge cessent, je me coltine ces saloperies de démons qui me bouffent de l’intérieur sans le moindre scrupule. Ils sont installés, à un  tel  point  qu’ils  ont  rongé  mon  essence,  celle  qui  me permettait d’éprouver des choses simples. Ils l’ont cassé, mon cœur. Je le sens battre,  mais de rage, de colère.

Toujours ces mêmes émotions. Encore et encore. Ça ne s’arrête jamais. Le pire dans tout ça, c’est que plus je vois les autres autour de moi rayonner, arborer du bout des lèvres des sourires traduisant une perpétuelle allégresse, plus je me sens seule.

Foutue solitude.

Elle aussi ne me lâche jamais.

J’ai tout de même appris à vivre comme ça. Je me conforte dans mes habitudes, aussi nocives soient-elles, ignorant le fait que ma vie s’est toujours apparenté à des prévisions  météorologiques  étranges,  soudaines, imprévisibles.

Il y a toujours ce terrifiant calme avant la tempête. Et il est devenu cette tempête.

Il  porte  les  couleurs  de  l’océan  dans  le  regard  et  les cheveux, qui tapissent son cœur de morceaux de ciel.

Ce n’est qu’une couverture bleue, comme la mienne est nébuleuse.

Il est ce dangereux orage s’abattant sur moi avec puissance et hargne. Et dans cet ouragan d’animosité, c’est lui qui a permis à ces éclaircies inespérées de m’atteindre, entre deux nuages chargés de larmes célestes.

UNLOVABLE LOVERS | sous contrat d'éditionWhere stories live. Discover now