Chapitre 7 | Simple

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The surviving song, 2015.

« Everyday, I sing like I will die tomorrow
Because I'm already died a few years ago »

« Chaque jour, je chante comme si j'allais mourir demain
Parce que je suis déjà morte il y a plusieurs années »

♪♪♪

Chelsea.

Je sors de la chambre d'hôtel en faisant le moins de bruit possible, mes talons dans les mains. Je refuse catégoriquement de devoir me coltiner ce lourd au petit-déjeuner. Cet homme d'affaire en provenance direct de New-York est un très bon coup, certes, mais cela s'arrête ici. C'est un petit prétentieux qui pense que son salaire de misère m'impressionne. Ce qu'il gagne en une année, je le gagne en un seul mois, alors il peut remballer sa prétention !

Les hommes adorent parler d'argent, et exposer ce qu'ils gagnent à tout bout de champ. Pourtant, ils détestent quand une femme gagne plus d'argent qu'eux. Un peu contradictoire comme philosophie de vie...

Réajustant ma robe sur mes cuisses, je m'approche de l'ascenseur de ce luxueux hôtel où je passe le plus clair de mon temps à m'envoyer en l'air avec des prétentieux dans son genre. L'avantage des hommes riches et puissant – du moins, selon eux – c'est qu'ils sont des bêtes de sexe au lit. C'est absolument tout ce que je leur demande : une nuit de sexe torride. Rien de plus, rien de moins.

L'ascenseur s'ouvre sur deux hommes en costume, qui ont l'air d'avoir passé une nuit aussi bonne que la mienne. Ils ont surtout l'air d'être amis, et de beaucoup apprécier ce qu'ils voient. Chacun d'entre eux me dévisage de la tête au pied, avec ce regard de luxure que je connais bien. Ils peuvent toujours rêver s'ils pensent me mettre dans leur lit, ou faire un pari sur lequel d'entre eux m'aura en premier. Je ne suis pas le genre de femme qui se laisse choisir par un homme. Je choisis avec qui je veux passer la nuit. Le pire dans cette histoire, c'est qu'ils me mangent tous dans la main, comme de pauvres petits oiseaux enfermés en cage depuis trop longtemps. Ma mère m'a toujours dit que mon regard de braise ferait des ravages. Elle avait raison. Pas un seul d'entre eux n'y résiste. Pas un seul d'entre eux ne me résiste. Pas plus de cinq minutes en tout cas.

Cependant, je ne suis pas certaine que mon regard de petit ange soit la seule explication. Ma notoriété doit beaucoup y faire. Tous les gens que je rencontre connaissent mon nom, et la raison de mon succès. Ils ont tous déjà entendu l'un de mes morceaux, m'ont vu passer à la télévision dans un talk-show ou ont regardé l'un de mes clips. Je suis connue dans le monde entier grâce à ma musique, n'en déplaise à certains.

D'ailleurs, j'attends toujours un appel de ce fameux Jayce Wagner. Le petit nouveau n'a pas l'air d'avoir compris mon message lorsque je lui ai donné mon numéro. En même temps, en restant caché aussi longtemps, il ne doit pas bien maîtriser les codes actuels. Mais les hommes finissent toujours par me manger dans la main. Celui-là ne dérogera pas à la règle. De gré ou de force, j'obtiens toujours ce que je veux. Et actuellement, ce que je veux, c'est lui. J'ai bien du mal à le cerner, certainement parce qu'il a l'air assez différent des autres hommes. Néanmoins, il n'en reste pas moins un, fonctionnant comme tous les autres. Par définition, il réfléchit plus avec son membre qu'avec son cerveau. Une entrevue de plus entre nous et il sera dans mon lit.

Les deux hommes costumés se précipitent pour me demander si je veux aller à un étage particulier, jouant à fond leur numéro de charme. Je me contente d'appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée sans leur répondre. A vingt-et-un an, je pense avoir les capacités pour être autonome. Je déteste les hommes qui prennent les femmes pour de petits être sensibles et fragiles. Oui, je pleure devant un film d'amour, mais ce n'est pas pour autant que je suis une pauvre femme sans défense. Au contraire.

Passion destructrice [EN PAUSE]Where stories live. Discover now