Chapitre 3 - Mystères .

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La magie existait réellement ! C'était extraordinaire ! Il laissa Alaric continuer, curieux:

- Bien. Alors poursuivons. Kiran, je vais revenir un instant sur ta naissance. Je t'ai dit tout à l'heure que Mère-Nature a décidé de ta naissance...

- Euh... Oui... bredouilla Kiran, confus.

- Eh bien, ce n'est pas entièrement vrai. L'heure de ta naissance a été le fruit du hasard. Tu aurais dû naître ce jour-là, mais pas en cet instant précis. C' est la magie seule qui en a décidé ainsi. C'est pourquoi, tu es un être à part. Tu sais la magie ancestrale a sa propre raison et ses propres règles. Et même la Déesse-Mère, elle-même, doit composer avec. Vois-tu où je veux en venir ?

Kiran avait peur de trop bien comprendre. Il interrogea donc son professeur:

- Je crois que oui. Suis-je le fruit de la Magie Ancestrale ?

- C'est bien cela. répondit Alaric avec une pointe de fierté.

Kiran comprenait tout très vite. C'était un excellent élève, le plus doué qu'il n'eût jamais eu l'occasion d'avoir. Agréable de surcroît, il passait de très longs moments en sa compagnie à converser sur tous les sujets.

C'était l'étudiant idéal, mais aussi un peu le fils qu'il n'avait jamais eu. Kiran, quant à lui, avait plein de questions dont une qui le tracassait. Mais elle était plus adressée à ses parents qu'à son ami druide:

- Suis-je bien votre enfant ? demanda-t-il en chuchotant presque.

Ses parents qui étaient restés jusqu'à présent totalement muets et inertes, firent un bond sur leur banc. Ils échangèrent un bref regard, affolés. Alors que Kiran pensait que son père allait prendre la parole le premier, ce fut sa mère, contre toute attente, qui repondit:

- Bien sûr Kiran. Tu es bien notre fils, rassure toi. Je vais t'expliquer ce qui s'est passé avant et après ta naissance.

Elle marqua un petit temps d'arrêt. Kiran était soulagé. Il avait cru un instant avoir été adopté. Et comme ses parents ne s'étaient jamais confiés sur ce sujet, il était désireux de connaître les détails de sa conception et de sa naissance qui étaient loin d'être communs apparemment. Il laissa donc sa maman continuer sans l'interrompre:

- Tu sais Kiran, ton père et moi désespérions d'avoir un enfant. Un jour, alors que je faisais une énième fausse couche et Alaric s'étant absenté, une femme que je croyais être une prêtresse sage-femme qui remplaçait notre bon druide, m'a dit que je finirai par avoir un enfant. Que cet enfant serait un être à part et doté d'un destin extraordinaire. Ayant déjà entendu pleins de mots d' encouragements et de consolation, sans résultats et enfermée dans ma douleur, sur le moment, je ne l'ai pas cru. Pourtant, à peine deux lunes plus tard, j'apprenais que j'étais de nouveau enceinte. Malgré mes doutes et mes peurs, ma grossesse se déroula le mieux du monde. Lorsque ce fameux jour-là, tu es arrivé dans nos vies, ce fût pour ton père et moi, le plus grand des bonheurs. Mais je dois t'avouer autre chose. Au moment précis où tu es né, un rayon de soleil est passé par la fenêtre et tout ton être à semblé scintiller de milles feux et j'ai même cru apercevoir un éclair mauve. Sur le moment, j'ai mis cela sur le compte de mon immense joie et de ma grande fatigue. Ce n'est que lorsque Alaric a parlé tout à l'heure que tout m'est revenu. Alors je n'avais pas rêvé ? Tout son corps a bien étincelé ? demanda alors Alanéa à Alaric.

Ce dernier, qui l'avait assisté pendant l'accouchement opina:

- Oui Alanéa. C'est bien ce qui s'est passé. Kiran est né précisément à l'aube, lors du premier rayon du soleil du solstice de printemps là où la magie est la plus concentrée et la plus forte. Mais je devais taire les événements sous peine de vous faire courir, à Kiran ou à vous, le plus grand des dangers. Cette femme, que tu croyais être une prêtresse, m'est apparue également. C'est elle qui m'a informé à ton sujet Kiran. Elle m'a aussi demandé de t'instruire à la magie quand tu serais prêt et apte à te défendre.

Kiran était sous le choc.

- Mais qui est cette mystèrieuse femme ? M'instruire à la magie ? Quand serais-je prêt ?

Kiran avait parlé d'un trait, à haute voix, comme pour lui-même. Alaric comprenait le désarroi du jeune garçon.

- Kiran, tout te sera révélé en temps et en heure. Des signes apparaîtront et tu sauras. Sois patient mon garçon. Pour l'instant, tu dois être vigilant. Tu ne dois en aucun cas dépasser ces montagnes. Ici, en ces terres du Vercors où tu es né, tu es protégé. Saches qu'à partir de demain ton instruction magique débutera. Le maniement des armes ne te sera plus, à partir de maintenant, dispensé par les guerriers du village, mais par ton père et moi-même.

Kiran était enchanté. Avant de s'adonner exclusivement à sa vie de fermier, son père avait été un des plus redoutables guerriers de sa génération. Aussi, était-il fier et honoré que son père et son druide instructeur favori soient ses professeurs. Il pourrait, comme cela, profiter des deux hommes, qu'à son goût, il ne voyait guère beaucoup ces derniers temps. Il arbora un grand sourire qui en disait long. Alaric, qui n'avait pas totalement terminé, continua:

- Kiran, tu dois te préparer à ce qui t'attends avec toute la force et la détermination qui te caractérisent. Personnellement, je n'ai aucun doute sur ta réussite. Jusqu'à présent, tu t'es montré un élève sérieux, appliqué et très doué. Mais saches que ces enseignements seront longs et ardus. Tu devras faire preuve de patience et de persévérance. Tes parents et moi comptons sur toi.

- Oui. Saches que tu as toute notre confiance et notre appui, Kiran. lui assura alors son père qui n'avait jusque-là, pas prononcé un seul mot.

Sa mère acquièsa d'un signe de tête approbateur.

- Dernière chose, Kiran. Je dois te poser une question...
dit alors Alaric.

- Es-tu prêt à t'engager sérieusement sur cette voie, parce que une fois engagé il n'y aura aucun revirement possible ?

Kiran n'eut pas à réfléchir longtemps. Les durs labeurs ne le rebutaient pas et il avait soif de connaissances. De plus, son destin paraissait jalonné d'aventures et de magie dont il avait toujours espéré qu'elle soit réelle. Aussi, il répondit d'un ton extrêmement sérieux :

- Puisque vous m'offrez tous les trois votre appui, je ferai de mon mieux pour être le mage-guerrier le meilleur qui soit et accomplir mon destin tel qu'il soit.

- Bien mon garçon ! C'est tout ce que nous voulions entendre !

Des sourires entendus et des regards fiers apparurent alors sur chaque visage et des rires raisonnèrent dans la petite ferme au cœur du Vercors.

Les Jardins d'Epona. Where stories live. Discover now