Chapitre 1 - Le Visiteur.

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La nature, ce matin-là, offrait un spectacle grandiose. Les rayons du soleil levant embrasaient le ciel, le parant de mille teintes aux nuances de noir, de pourpre, de rouge, de rose, de jaune et d'orangé, conférant au paysage enneigé, une luminosité et une apparence d'une magnificence rare, presque magique.

Kiran remercia les dieux de lui accorder chaque jour de si fabuleuses féeries, et décrocha les outres en peau de leur support en fer forgé. Il leva les yeux au ciel une nouvelle fois pour admirer cette vue sublime, mais le soleil apparaîssait déjà au dessus des crêtes. La voûte céleste s'ornait à présent d'une belle coloration bleutée qui laissait présager une journée douce, ensoleillée et sans nuages.

Après le long et rigoureux hiver qu'il venait d'affronter, un peu de chaleur et de lumière seraient les bienvenues. Sur cette avenante pensée qui lui réchauffait le cœur, il quitta le perron et descendit l'étroit sentier qui menait au petit ruisseau en contrebas de la petite chaumière familiale.

Il rompit la fine couche de glace qui laissait entrevoir une eau claire et pure avec son couteau de chasse et remplit les outres. Il remonta ensuite et les raccrocha à leur place. Il endendit alors le pas feutré de sa mère qui s'affairait déjà à l'intérieur.

Il attrapa le grand seau posé sous le porche et descendit le remplir à son tour. Il prit ensuite la direction de l'étable. Soudain, il eut l'impression d'être observé. Il scruta les environs mais ne vit rien.

Il ouvrit la lourde porte en chêne. Un meuglement léger se fit entendre. Une petite vache rousse au regard franc mais doux, cerclé de noir, vint à la rencontre du jeune homme.

Ce dernier posa le récipient à l'entrée de l'écurie et s'approcha de la stalle où se trouvait l'animal. Il lui caressa le chanfrein en la saluant d'une voix douce et calme. La bête se laissa faire de bonne grâce, heureuse de cette charmante attention.

Kiran prit une brouette et une fourche puis entra dans la stalle en prenant soin de bien refermer derrière lui. Il enleva la paille souillée qu'il déposait minutieusement dans la brouette et rajouta ensuite de la paille fraîche.

Durant cette tâche, la vache, en train de ruminer, était restée paisiblement dans un coin de la stalle observant Kiran travailler. Lorsqu'il eut fini, il sortit la brouette et la replaça à l'entrée de l'écurie. Il rangea la fourche sale et en prit une autre. Il alla chercher un ballot de foin dans le coin de l'étable, là où il avait prit la paille propre, et le déposa dans le râtelier au fond de la stalle.

Il s'assura ensuite que le petit abreuvoir en pierre à côté de la mangeoire soit propre et y déversa le seau d'eau. La vache s'était mise à manger, mais elle tourna la tête lorsque Kiran versa le seau dans l'abreuvoir. Elle savait que l'heure de la traite était arrivée. Elle suivit donc Kiran gentiment jusqu'à l'entrée du box, sans que ce dernier n'ait prononcé un mot.

Kiran décrocha un seau en cuivre du mur et attrapa un petit tabouret de bois. La vache se laissa traire docilement après qu'il lui eut essuyé ses pis gorgés de lait avec de la paille propre.

Il était surpris que cette bonne laitière ait encore autant de lait en cet fin d'hiver, surtout après ce qui lui était arrivé en début d'automne. Il l'avait retrouvée un beau matin grièvement blessée aux côtés de son veau, sans vie, à moitié dévoré.

Kiran avait aperçu alors des empreintes qui lui étaient inconnues. Les blessures infligées aux animaux étant terribles, il ne pouvait s'agir que d'un prédateur doté d'une force et d'une férocité surprenantes.

Kiran l'avait soigné selon les prescriptions du vieux druide de sa tribu. Malgré la gravité de son état, la pauvre bête, grâce aux soins constants de Kiran et aux bons remèdes du druide, avait bien récupéré. Il ne lui restait plus que quelques fines cicatrices, détectables que si on regardait de près son pelage. Kiran s'émerveillait donc que sa vache lui fasse don d'encore autant de bon lait crémeux.

Les Jardins d'Epona. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant