YoKai's Name.

Comptable toujours

Les festivités saisonnières battaient leur plein, comme chaque année, dans le Yomakai. Les tambours battant leur plein, les stands bourrés à craquer de granités, de nouilles, ou encore de pommes d'amour... Pas de doutes, la fête du Printemps avait officiellement débuté.

Et si tous les festivaliers semblaient happés par cette ambiance onirique, un yo-kai, pourtant, semblait immunisé à cette euphorie contagieuse.

« Raaaaaaaah mais c'est pas possible ! Tout ce monde, moi, ça m'écoeure... Je savais que j'aurais dût y réfléchir à deux fois avant de m'embarquer là-dedans ! »

Ce sujet mouton noir, visiblement en pleine crise de la trentaine, arborait un kimono glycine à motif sakura, en supplément d'une coiffure sous-entendant son appartenance évidente au groupe des arachnides.

Cet individu répondait au doux nom de...

« Nunus ! Je t'ai cherché partout ! Pendant un instant, j'ai bien cru que tu ne viendrais jamais !

- Dudule ?! E-enfin je veux dire.... Ogama ?! Qu'est-ce que tu fais ici ? Et puis c'est quoi, d'abord, ce surnom ridicule ?! »

Le phénomène en question lui adressa une vigoureuse tape dans le dos en guise de salutation.

« Comment ça, surnom ridicule ?! Tu n'aimes pas ce magnifique petit nom que je viens d'inventer ? Il te va à merveille, pourtant !

- Ouais, c'est ça, mon cul en nouille, aussi... Bafouilla-t-il dans sa barbe. Mais au fait, comment savais-tu que j'allais venir ?! C'est pas comme si ce genre de sauteries n'étaient pas du tout ma tasse de thé !

- A vrai dire... J'en sais strictement rien ! Ironisait le batracien, un takoyaki à la main. Je me suis pointé sans trop avoir d'objectif, en flânant un peu, et je t'ai vu !

- Super, comme explication, dites-moi... »

Au fur et à mesure de leur discussion, Arachnus scrutait le costume printanier de son rival jusqu'au moindre détail. Une observation minutieuse que le scruté eut tôt fait de remarquer.

« Mon kimono te plait ? J'ai voulu me mettre sur mon trente-et-un pour l'occasion ! Après tout, cette fête ne se déroule qu'une fois par an !

- C'est effectivement le principe d'une fête saisonnière ... En tous les cas, le moins que l'on puisse dire, c'est que ça te change de ta queue de cheval et ton boa... Balbutiait le général farceur, admiratif.

- Venant de toi, je vais prendre ça comme un compliment ! Fit-il, tout en tournant sur lui-même. »

Le commandant bouffit était en effet fort élégamment apprêté. Il avait rangé sa queue de cheval au placard, laissant vagabonder librement dans l'air sa chevelure châtaigne. Son kimono favori décrivait un doux dégradé du lime au chrome, le faisant ressembler à un immense nénuphar en pleine éclosion.

Son collègue arachnide, visiblement partit à l'Ouest le plus total, installa bien malgré lui un blanc dans la conversation, qui fut heureusement vite brisé.

« Bon, on ne va pas rester planté là, tout de même ! S'enjaillait Ogama en sautillant comme un lapin. Viens, Nunus, on va s'acheter à manger ! T'as pas la dalle, toi ? Parce que moi, si !

- C'est pas toi qui viens de t'enfiler un takoya-

- Allez, bouges ! Fais pas ton pilier d'bar ! Regardes, ils vendent des nouilles, là-bas !

- Hé mais attends, enfin ! »

Le batracien dut attraper le bras de son acolyte pour le tirer jusqu'à un stand où y mijotaient des nouilles soba. L'odeur parfumée du bouillon dénoua l'estomac du récalcitrant, n'ayant rien consommé depuis le matin.

« Ouuuuuh regardes comme ça sent bon, Nunus ! Ça te fais envie, avoues-le ! Salivait Ogama, les yeux rivés sur les garnitures, ses sens en éveil.

- Eh bien... Je dois avouer que je n'avais tout d'abord pas très faim, mais ce délicieux arôme a su me mettre en appétit...

- Excellent ! Je vais en commander à emporter, tu n'as qu'à m'attendre sous cet arbre !

- Soit... Excellente idée.»

Tandis que le bouffit s'affairait à retrouver son porte-monnaie qu'il avait pour la énième fois égaré, le farceur s'éloigna de toute cette agitation festive pour se réfugier un peu plus à l'écart, sous un grand arbre au feuillage en fleur.

« Ouf, enfin du calme... Comment fait Crapi pour être aussi détendu devant une telle foule de gens ? Et surtout par une chaleur pareille ?! »

Il prit place sous l'épais tronc de l'arbre, et tenta du mieux qu'il put d'oublier l'existence de ces nouilles jusqu'à l'arrivé de son compagnon.

Finalement, après plusieurs minutes d'attente, il le vit débarquer, deux sacs sur le bras, visiblement essoufflé d'avoir gravit dix mètres de côte.

« Aaaaah Nunus ! C'est là que tu te cachais ?! Je te dis « sous l'arbre », et toi tu pars à Pétaoushnock ! J'ai dut emprunter une monté super raide ! A cause de toi, les nouilles vont être froides !

- Content de te revoir aussi... Dit-il pour seule réponse. Installes-toi, y a de la place pour deux. »

Ils s'installèrent donc côte à côte, profitant d'un repas bien mérité sous la brise printanière. Tout semblait parfait, à une petite chose près... Le silence de plomb qui régnait. Ne supportant pas ce genre de blanc, Crapop se chargea d'y mettre allegro son grain de sel.

« Au fait, Nunus... Pourquoi tu es partit aussi loin ? Je veux dire... Tu avais compris que je parlais de l'arbre à deux mètres, au moins, rassures-moi ?

- Je sais encore me repérer sur un rayon de vingt mètres, je te rassure. La chaleur ne me réussit tout simplement pas. De plus, je n'apprécie pas spécialement les fêtes, il y a toujours trop de monde.

Cette déclaration, d'apparence tout à fait anodine pour son auteur, fit rire aux éclats son destinataire, lui faisant presque renverser son tupperware de nouilles.

- Houlà ! C'est quoi cette soudaine envie de révélation ?! Faut qu'je me prépare, je suis pas prêt à ça, moi !