Prologue

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Je me faufile dans la nuit, rasant les murs de près, fuyant la lumières et les gardes qu'il peut y avoir. Je me dirige vers l'aile Sud-Est du palais, interdite par la Reine, surveillée par des sentinelles qui sont relayées toutes les trois heures. Un mur impossible à traverser pour qui conque ne connait pas les lieux. Mais moi, avec les observations que j'ai pu faire et les échanges avec les différentes factions, j'ai réussi à avoir un créneau afin de m'introduire dans la pièce défendue. Un sanctuaire qui jadis pouvait recueillir des hommes sages et lettrés, mais aujourd'hui, cadenassée et oubliée ; la Bibliothèque. Je ne l'ai jamais vu de mes yeux, bien que j'aurai pu y aller étant plus jeune, ma souveraine a rapidement remarqué mon penchant pour l'Histoire et en a condamné l'accès avant même que j'ai pu consulter ses registres. Mais Glace, le suzerain du royaume, ne connait pas ma témérité, je sais qu'elle cache quelque chose, à nous, sa famille, à sa cour, à son peuple ... ou du moins ce qu'il en reste. Les autres semblent l'accepter, mais d'un autre côté, ils accepteraient tout, tant qu'ils ont assez de nourriture sur la table pour calmer leur faim. Il est vrai que tout le monde n'a pas cette chance.

J'attends la relève de la garde qui ne devrait pas tarder. C'est seulement à ce changement de 3 heures du matin, au milieu de la nuit, quand les gardiens sont encore assoupis de leur sommeil et les autres trop pressés de rejoindre leur lit, que je peux m'introduire dans les couloirs sombres qui mènent à la grande salle de lecture.

J'entends les pas qui résonnent, et je vois les autres qui se redressent. Je m'enfonce autant que je le peux dans un creux d'un mur, à l'abri d'une torche et des flammes dansantes, près du passage qui me guidera au trésor que je cherche. Les sentinelles se saluent et discutent un peu. Je ne discerne que quelques mots : « personne », « rien », « fatigués ». J'en comprends qu'ils ne souhaitent pas être là et que cela les énervent plus qu'autres choses. Dès que les nouveaux remplacent les anciens et leurs font signe qu'ils peuvent disposer, je m'accroupis et me dirige vers l'entrée. Je me relève et me colle aux murs et j'attends, en écoutant. Mais rien, ils ne m'ont ni vu, ni entendu. Tant mieux.

Il n'y a pas de feu pour éclairer mon chemin. Il y a bien des fenêtres à ma droite, de grandes fenêtres qui devraient m'éclairer puisqu'elles font tout le mur mais il semblerait que la nuit soit nuageuse. J'avance à pas de loup, en attendant que ma vue s'habitue à cette obscurité. Juste avant de me retrouver en face de l'entre de la Bibliothèque, la lune blanche et pleine apparaît. Elle me permet de voir une immense porte en bois vieillit, grisée par le temps, avec des gonds et des simples ferrures droites qui habillent ses grandes planches, une poignée et c'est tout. Pas d'ornements, pas plus de travail, pas d'indications, rien. Ce qui m'étonne beaucoup. Les portes du palais de la Reine sont souvent très travaillés, les ferrures sont courbées et font penser à des plantes grimpantes, certaines sont en or ou en argent. Là, c'est un métal noir, que l'on voit plus pour les malles ou autres.

Je pousse le seuil avec beaucoup de difficulté, le porche est extrêmement lourd et fait plus de bruit que je ne l'aurai cru. Je me dépêche de rentrer est me bloque derrière la porte pour entendre si les gardiens ont interpellé l'intrusion. Mais toujours rien, quand je me retourne pour voir la pièce, je me retrouve ébahi devant sa majestuosité. Je suis dans une grande pièce en longueur, et je remarque la poussière au sol, qui me prouve que je suis la seule personne qui l'est foulé depuis bien longtemps. Les fenêtres qui faisaient tout le mur dans le couloir sont de même nature dans la salle ; tout le côté droit est vitré. Laissant rentrée la lumière blanche et froide de la pleine lune. Je contemple la baie qui monte jusqu'au plafond. Je suis les halos de lumière qui sont stoppés net par les meubles en bois noir, il me semble. Cette ombre s'étend tout le coté gauche de la pièce. Ce contraste de lumière et d'ombres montrent le côté gauche comme un gouffre qui peut nous mener droit aux ténèbres. Comme si aller chercher un livre semble être une odyssée dangereuse. Pas de torches, pas de bougies, seulement quelques unes anciennes, posées sur les pupitres en face de moi. Ces petits bureaux sont gris de poussières et la cire s'est incrustée dans le bois. Je relève un peu la tête et j'aperçois qu'en face de moi, aux confins de l'allée une immense cheminée en marbre gris se tient immobile. On dirait que c'est l'enfant de l'éclairage blanc et des ombres noires de la Bibliothèque. Malgré sa grandeur et le feu qu'elle pourrait contenir, il n'y a rien dans son entre. Je finis par m'approcher et remarque qu'il y a des cendres, donc c'est que cette pièce a bien été habitée pendant un temps.

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⏰ Last updated: Dec 29, 2019 ⏰

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