Chapitre 8 - Dure vie...

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Tout se décomposa, puis tout se rassembla dans la tête d'Ambre, en un assemblage différent du précédent.

Elle revit le visage de sa grand-mère, assise dans son fauteuil, ses yeux gris et éteints, son haut front, ses joues, puis elle le compara au visage de la jeune fille face à elle, et il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre qu'elle et mamie Alice n'étaient qu'une seule et même personne.

La bouche pendante, elle fit tout de même une longue comparaison dans sa tête, mais il était clair que cette étrange jeune fille ressemblait beaucoup à sa grand-mère.

« A-Alice ? » Bêla t-elle, stupéfaite.

Elle haussa les épaules, comme si c'était une évidence.

« Alice Joséphine Pascale Marie de Sous-Bois. »

Elle lissa du doigt l'un de ses nombreux jupons, puis s'apprêta à repartir :

« Maintenant, laissez-moi, et quittez ma demeure, ou je me verrais obligée de vous envoyer mon personnel, et croyez-moi, ce n'est pas une partie de plaisir.

— Si tu m'envoies ton personnel, tu vas devoir leur expliquer ce que tu fiches dehors à cette heure-là, répliqua Ambre. Et ça m'étonnerait que ce soit dans tes plans. »

Ambre s'attendait à une nouvelle colère de la part d'Alice, mais au contraire : son visage fondit littéralement en larmes.

Mon Dieu... mais qu'est-ce que je fais là ?

Elle contempla durant quelques instants la jeune fille larmoyante, inutile et déroutée.

Mais que faire ? Ambre ne savait même plus ce qui lui arrivait. La logique voudrait qu'elle eut remonté le temps, puisqu'elle semblait être à l'époque où sa grand-mère était jeune, ou peut-être était-ce elle qui s'était téléportée dans le présent ? Mais quand était donc née Alice, exactement ? Pas à une époque où l'on portait ce genre de robe, en tout cas, Ambre en était persuadée.

Ou alors, peut-être que tout ceci n'est qu'un songe.

Et le seul moyen d'arriver au bout de ces songes, c'est de les vivre comme si c'était une réalité.

« Euh... pourquoi pleures-tu ? Demanda t-elle à nouveau, un petit peu gênée.

— ...J'en... j'en... ai marre... »

On est deux, soupira intérieurement Ambre.

Ses pleurs s'estompèrent durant quelques instants, puis reprirent de plus belle. Ses sanglots semblaient si violents qu'elle se laissa tomber là, dans l'herbe, étalant ses jupons autour d'elle telle une fleur aux pétales grand ouverts.

« De quoi en as-tu marre ?

— De... de... »

Elle éclata en sanglots.

Elle ne semblait pas vouloir lui répondre, ou alors peut-être n'arrivait-elle pas ?

... C'était tout de même étrange de voir sa grand-mère pleurer, alors qu'elle n'avait même pas haussé un sourcil lorsque Ambre l'avait furieusement enguirlandée, tout à l'heure.

« Explique-moi, incita Ambre, d'un ton plus autoritaire que consolateur.

— Mais vous le savez bien !

— Eh bien non, je ne le sais pas.

— Mais si !

— Non.

— Mais dans quel monde vivez-vous pour ignorer ce qu'il peut m'arriver ?! »

Justement, elle ne savait même plus dans lequel elle était, de monde... Comment avait-elle pu passer du moment où Ambre était dans la cour du manoir de sa grand-mère à ici, devant sa grand-mère, jeune ?

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