— Quand je parlais de dangereux psychopathe, on n'en ait pas loin... Pourrais-tu ôter tes mains s'il te plaît ?

Je sursaute, comme si on m'avait balancé un seau d'eau froide, et dégringole du lit sous l'effet de la panique. L'éclat de rire de River achève de me réveiller.

— Je... hum ... merde. Désolé...

Je me remets debout et dévisage effrontément la suicidaire, qui a l'air... trop calme, trop sereine, trop joyeuse. Mon instinct me souffle qu'elle cache décidément bien son jeu.

— Tu peux rentrer chez toi, Brody.

Elle quitte la chambre sans un regard pour moi et j'hésite sur la manière d'agir. Je la suis dans le salon en me frottant les yeux. J'aurais bien besoin d'une bonne douche.

À la clarté du jour, la pièce, bien qu'immense, a un côté plutôt chaleureux. La décoration y est cosy, les couleurs sont chaudes et bien assorties. Plusieurs tableaux de peinture ornent les murs, mais étrangement, aucune photo personnelle...

— Fais venir quelqu'un d'abord, m'obstiné-je.

Elle grogne et décroche son téléphone.

— Ash ? Oui je sais... Il est tôt... Est ce que tu peux passer ? Rapidement ?

Elle raccroche avec un regard assassin qui m'agace. D'accord elle a tenté de se suicider. D'accord elle est plus vulnérable qu'à première vue, mais bordel, ce qu'elle peut être agaçante !

— Satisfait ?

— Excuse-moi de m'assurer que tu restes en vie ! ironisé-je.

— Ne te voile pas la face, petit génie. Tu ne t'inquiètes pas pour moi, mais pour ta conscience, admets-le...

Un voile de tristesse obscurcit son regard clair et crée des zones d'ombre bien trop présentes. Elle se détourne de moi et fait mine de ranger les magazines sur la table basse, mais c'est trop tard. Ça me fait chier de l'avouer, mais elle a ce je ne sais quoi de touchant à mes yeux, quand elle baisse ainsi sa garde...

— Ma conscience te remercie de penser à sa place.

Je la titille et lui souris effrontément, autant pour l'agacer que pour chasser cet élan de mélancolie qu'elle distille sur son passage.

— Tu ne sais rien de moi, rien d'autre que ce que tu as pu lire dans les magazines.

— Je ne lis pas les torchons, la coupé-je.

— Peu importe, soupire-t-elle avec un mouvement de bras vers le ciel.

— Écoute, je sais que...

Je suis coupé dans mon élan par la sonnerie de la porte d'entrée. Ce n'est pas plus mal, j'ignore ce que j'aurais pu lui dire. Nous venons de deux mondes opposés, qui ne se recroiseront sans doute jamais.

— Bah alors, qu'est-ce qui t'arrive June ?

Je fronce les sourcils, sans réellement comprendre. River me lance un regard légèrement effrayé avant que son amie ne note ma présence.

— June, c'est mon véritable prénom, précise-t-elle devant ma question muette. Voici Ashley.

— Bonjour, vous, me lance cette dernière d'un air charmeur avant de se tourner vers River en faisant les gros yeux. On dirait que tu me fais des cachoteries !

Je me racle la gorge, mal à l'aise. Son amie, une plantureuse jeune femme brune et typée, s'avance vers moi avec le sourire.

— Vous êtes ?

— Brody. Un... une...

Ma phrase reste en suspend, River vient à ma rescousse.

— Connaissance ?

Je ne trouve rien à ajouter et hoche la tête. Du coin de l'œil, je la vois enserrer nerveusement ses mains. Désormais, je me sens comme un intrus. Ma présence n'est plus légitime, mais j'ignore si je dois juste partir, comme ça ?

— Enchantée, minaude Ashley, au point que je m'interroge : me fait-elle du rentre dedans alors qu'elle semble croire que j'ai passé la nuit avec sa copine ?

— River, je ne vais pas m'imposer plus longtemps...

— Enfin ! tente-t-elle de plaisanter, sans succès.

— Je voudrais juste... être sûr que tu expliques ce qui s'est passé à ton amie.

Ses pommettes se colorent, elle hésite un moment, sous le regard suspicieux d'Ashley, et se décompose instantanément. Elle ne m'a jamais paru si jeune qu'à cet instant. Finies les stars capricieuses, je peux déceler la petite fille dans ses grands yeux embués, et ma gorge se serre.

— Je... j'ai... un peu abusé des médicaments après le concert... lâche-t-elle d'une voix incertaine.

— Ce qui signifie ? demande Ashley, en se tournant cette fois vers moi.

Ses traits se sont durcis, l'inquiétude et la colère flamboient dans son regard sombre.

— Ce qui signifie qu'elle aurait dû finir à l'hôpital, dans le meilleur des cas.

Sous le choc, Ashley se tourne vers River et lui saisit les mains.

— Merde...

— J'ai reçu un coup de fil de White Rock et... j'ai pété les plombs...

— Je vais vous laisser, je n'ai plus rien à faire là.

J'ose à peine affronter la tempête nichée au creux de ses iris qui ont franchement virés vers l'ardoise, mais la chanteuse me retient par le bras :

— Merci, souffle-t-elle, tremblante.

Je hoche la tête, à court de mots. Elle a l'air sincère, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour elle.

Je rebrousse chemin vers la voiture, m'écroule au volant, et sors mon portable. J'ai mis ma vie entre parenthèse cette nuit, tout oublié, mais la réalité s'invite : huit appels en absence. Cinq de Tess et trois de Connor, tous deux inquiets. Je les rassure avec un texto, puis démarre, l'esprit toujours préoccupé par la jolie blonde...

***
Coucou ! 
Voilà la suite. N'hesitez pas à commenter et voter si ça vous plait💞

Inflamed (Sous Contrat Chez Addictives)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora