Chapitre 4

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MonaWilkes

Impossiblede trouver le sommeil. Impossible même de fermer les yeux. Pour unefois que je rencontre un mec bien, il faut qu'il y ait de laconcurrence. Je ne le supporterais pas, d'où elle sort cette gamine?Elle ne peut pas aller voir ailleurs ? Elle n'a pas lâché Mickdu repas. Moi qui lui ai permis gentiment de nous aider, qui l'aiinvitée à notre table sans aucune contrepartie, c'est comme çaqu'elle me remercie? En me volant Mick? Merde, je n'arrive plus à mecalmer, je suis en train de me perdre encore une fois. Je ressens ànouveau ce sentiment de désintégration, cette sensation d'être malfaite, incomplète, minable. Je dois me calmer, je dois me calmer. Ilfaut que je me détende, que je pense à autre chose.


Jefais le vide dans mon esprit, je me rappelle mes cours de yoga enseconde. Je m'assied en tailleurs et me repasse les enseignements demon professeur. J'essaie de me détendre bien que le yoga ne medétende jamais vraiment. Le seul fait de me représenter le visagede cette morveuse me rend folle. Bref, le vide dans ma tête, lescours de piano, ma mère qui est adorable mais qui ne m'a jamaiscomprise, mon premier baiser (Marcus je te hais), la première foissur la plage (merde il m'a trahie l'autre con avec sa pouffiasse), leregard méprisant des autres. Je viens de faire défiler devant moien un instant tout ce qui avait été désagréable dans ma vie.Autant se le dire en face:ma méditation est un échec, je suisencore plus énervée qu'avant. Je ne contrôle même plus lestremblements de mes mains. Bon sang, cette morveuse, elle va me...


Jeme lève furieuse, je fais les cent pas nerveusement. De plus en plusvite. Je tourne, je ne m'arrête pas, je m'excite, le sang me monte àla tête, les larmes me montent aux yeux. Pourquoi est-il allédormir avec elle? Merde, lui n'a rien d'un salaud, je l'ai tout desuite senti. C'est cette morveuse... Cette sale... Elle l'a séduite,je ne sais pas ce qu'elle a fait de plus que moi mais elle a réussison coup.


Jedécide de sortir de ma chambre faire un tour afin de me calmer.J'entends des bruits de pas dans le couloir, je ne suis pas la seuleà ne pas dormir. Je pars dans une autre direction. Je ne suis pasparticulièrement curieuse. Je descends doucement l'escalier etretourne dans la salle à manger. Je débarrasse tous les couverts,je jette les restes, je fais la vaisselle. Je fredonne une viellechanson de notre vieil ami et défunt Bob Marley. Je commence àdécompresser un peu. Alors que je peine à nettoyer l'un descouteaux, mes idées morbides me reprennent. J'essaie de lutter tantbien que mal, mais la lueur de la lame cherche à m'inviter à allerjusqu'au bout. Je ne contrôle encore plus mes mains. Je sens alorsque je vais recommencer. L'appel du tranchant est irrésistible.


Jeme plante le couteau dans le bras gauche. Une fois, deux fois, trois.J'en fait de même pour le droit. Trois fois encore. La douleur estle seul moyen de me calmer. Il n'y a que ça quand je suis dans cetétat qui fonctionne. Je suis nulle, inutile, les mecs s'en tapent demoi, personne n'en a quoi que ce soit à faire de moi, je suistellement inintéressante comme meuf que Mick a préféré dormiravec une morveuse plutôt qu'avec moi. C'est injuste. Pourquoisuis-je venue sur Terre, si c'est pour toujours souffrir ? Jelaisse promener la lame sur mes blessures, je souffre affreusementmais ce n'est pas ça qui va me retenir. Je continue, écarteléepar mes pensées qui me font plus mal encore que le couteau. Merde,ma vie est atroce, je voudrais être morte, c'est abominable !


Puisje me rappelle que je n'arrive jamais à me donner la mort. Que c'estpour cela que je suis encore ici aujourd'hui, car j'échoueconstamment à passer de l'autre côté. Je me rappelle que chacunede mes tentatives n'ont abouti qu'a des choses terribles comme...

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⏰ Last updated: Jul 09, 2019 ⏰

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Dix petits fousWhere stories live. Discover now