Vivre ou rêver

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Alors que le désespoir l'envahissait a raison, Auguste fut retrouvé par son frère.

La réunion aurait pu être sujette aux réjouissances si la situation n'avait pas été aussi gênante.

David se présenta à lui, noblement vêtu, avec une toilette plus fastueuse qu'il ne l'avait jamais vu porter. Les motifs et les finitions du tissu se fondant avec une fausse modestie discrète dans les replis de velours. Les couleurs des dentelles et des fils étaient si proches de celle de la trame qu'elles auraient pu passer inaperçues si seulement elles avaient eues la possibilité de ne pas briller de mille feux à chaque frémissement d'étoffe. Lorsque ce dernier lui serra la main, ses habits à lui souffrant de sa déchéance lui parurent plus pauvre encore. Les bourgeois n'avaient pas pour habitude d'extérioriser ostentatoirement leur richesse, ou de se faire passer pour ce qu'ils n'étaient pas, car alors rien n'aurait paru plus ridicule que d'être percé à jour. Le contraste n'en fut que plus saisissant.

Il apprit de son frère, nouvellement astreint aux finances de la Reine, que de nombreux postes étaient à pourvoir au château ces temps ci et que malgré leur différent, leur vieux père ne pouvait se résoudre à l'abandonner jusqu'à sa fin, car cette action trop crue aurait été mauvaise pour son commerce. Son confident souligna que pour son bien il ne pouvait vraisemblablement pas refuser. Il ajouta qu'il pouvait lui être reconnaissant, car lui non plus ne souhait pas le voir souffrir outre mesure et que son statut ne pouvait se permettre une telle infamie. David venait donc en tant que messager de la dernière chance, afin qu'il quitte sa vie de saltimbanque fantaisiste et qu'il revienne à la raison maintenant que son erreur lui apparaissait clairement.

Désabusé, blessé, et malgré la menace, avide de reconnaissance, Auguste fini par accepter. Sitôt cela dit, son double du le quitter. Son grand petit frère avait beaucoup à faire.

Le fils si habile de ses pinceaux aux réflexes aussi vifs que les pigments de ses peintures se retrouva garde au palais principal. Mais il n'est pas si aisé de réprimer sa nature et rentrer dans les rangs lui seyait bien mal.

Conte de marbrures.Where stories live. Discover now