Princesse parfaite [Tome 3]

Chapitre 10 « Encore »

Je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. Les images de mon séjour passé avec les trois autres garçons me revenaient sans cesse en mémoire. Je n'avais pas eu une bonne nuit de sommeil depuis des semaines.

Je restai couchée, mes yeux fixés sur le plafond. Du coin de l'oeil, j'aperçus les premiers rayons de soleil pénétrer la demeure. Je soupirai, puis me levai. Je m'assis sur le bord de la fenêtre et observai le levée du soleil.

Je sursautai quand de petits cognements parvinrent à mes oreilles.

-Entrez.

Ma voix n'était pas puissante, mais assez pour que l'étranger l'entende puisque la porte s'ouvrit. J'aperçus le visage de Jacë dans l'embrasure et je lui fis signe d'entrer.

Sans dire un mot, il me rejoignit près de la fenêtre. Il paraissait songeur et inquiet.

-T'as pu dormir un peu ? me demanda-t-il.

-Non, répondis-je honnêtement.

-Moi non plus, murmura-t-il.

Nous restâmes dans un silence confortable durant de nombreuses minutes. J'entendais les oiseaux chanter et certaines personnes dans la maison discuter.

-Je... Écoute. J'ai vraiment changé. Je veux juste dire... Tu peux me faire confiance.

J'hochai la tête, puis fis un petit sourire à Jacë.

-Je sais Jacë.

Au même moment, la montre sur son poignet se mit à sonner. Jacë grogna de mécontentement, puis se leva.

-Je dois aller gérer quelque chose. Tu viens ?

-Ouais. Laisse-moi seulement deux minutes pour me changer.

Jacë sortit de la pièce, puis je me dépêchai d'enfiler un chandail, une brassière et un short. Je mis mes chaussettes et m'arrêtai quand j'aperçus la vilaine brûlure sur ma cheville. Décidant de ne pas m'attarder, je la recouvris.

Je sortis rapidement de la pièce et suivis Jacë à travers ce labyrinthe. On s'arrêta devant un énorme salon où plusieurs personnes s'y trouvaient déjà.

-Enfin.

Une jeune femme se tenait à l'arrière de la pièce. Sa chevelure rousse la distinguait facilement des autres. Elle jetait un regard noir à Jacë.

-Qu'est-ce que tu faisais ? On a pas toute la journée.

Jacë roula des yeux, puis rejoignit la femme l'avant.

-Donc, comme vous savez, la mission du 26 octobre a été un échec. Non seulement, on a pas réussi à sauver une victime, mais en plus, Zach a réussi à s'enfuir.

Mon cœur se mit à palpiter à l'entente de son nom. J'essayai de garder une expression nonchalante, mais à la vue du visage de Xänder, je sus que j'avais échoué.

-Ce soir, il va y avoir une autre de ses soirées. Certains d'entre vous vont s'infiltrer là-bas et le suivre jusqu'à l'emplacement du rituel.

Mes yeux s'agrandirent et je m'avançai d'un pas.

-Je veux y aller.

Tous les regards se tournèrent vers moi, mais je ne laissais pas paraître ma nervosité.

-Non, c'est trop risqué. En plus, Zach pourrait s'y attendre.

Ma respiration se coinça dans ma gorge.

-Non, je veux le faire. Je peux le faire.

-Non.

La voix de Jacë était ferme et autoritaire.

-Si je t'ai amené dans cette salle, c'était seulement pour avoir ton opinion, pas pour que tu y ailles.

Je lui lançai un regard noir, puis tournai les talons. Je sortis de la pièce, puis remontai les escaliers jusqu'à ma chambre. Je claquai la porte.

J'allais y aller, c'était certain.

***

J'observai les personnes discuter ensemble, puis monter dans les véhicules respectives. Quand les voitures disparurent au loin, je me dépêchai de descendre l'escalier et de me rendre jusqu'à la porte d'entrée.

Au moment où j'allai toucher la poignée, Dylan apparût devant la porte.

-Qu'est-ce que tu fais ?

Mes joues me brûlèrent et je détournai le regard.

-Pourquoi tu poses la question si tu connais déjà la réponse ? marmonnai-je.

-Parce que j'aime te voir embarrassé, rigola-t-il.

Il posa son bras autour de mes épaules et me mena jusqu'à la cuisine.

-Tu veux manger quelque chose ?

J'haussai les épaules et fouillai dans les cabinets. Un petit sourire éclaira mes lèvres quand j'aperçus les bouteilles de fort. J'en sortis une, puis la montrai à Dylan.

-Ça te dit ?

***

Je ne cessai de rigoler depuis une demi-heure. Dylan s'amusait à faire une pyramide de verres. Tout semblait drôle. Je dansai sur la table basse du salon. Cinq autres personnes s'étaient jointes à nous et tout ceux qui étaient présents semblaient saouls.

Une fille se rapprochait de moi, puis me donna un autre shot. Je le pris, sans même hésiter.

-Merci, t'es la meilleure !

La seule chose que je savais d'elle était qu'elle s'appelait Sarah.

Les lumières de la maison se fermèrent subitement. J'entendis des cris de protestation de ceux qui étaient restés ici pour la soirée. Certaines personnes descendirent en bas pour voir ce qui se passait.

-Qu'est-ce que vous avez foutu ? grogna un garçon.

-Rien, j'te jure ! répondit un autre.

Soudainement, des coups de feu retentirent. Quelqu'un me tira rapidement de la table, puis me propulsa sur le sol.

-Shit, désolée, marmonna Sarah, j'ai eu peur.

-Pas grave.

-Tiens.

Elle me tendit un couteau que je pris sans même hésiter. Je restai accroupie derrière le divan, Sarah à mes côtés. Des cris résonnaient de partout et les coups de feu continuèrent.

Plus loin, j'aperçus Dylan, une expression de douleur sur le visage. Il maintenait une pression sur son épaule, là où du sang s'échappait. Plusieurs corps jonchaient le sol. J'avais de la difficulté à être concentrée en raison de la grande quantité d'alcool que j'avais ingurgitée.

Je me relevai un peu et aperçus des visages familiers du côté ennemi. Mon corps se mit à trembler et je serrai davantage le couteau.

-C'était leur plan depuis le début, réalisa Sarah, il n'y avait aucune soirée.

-On s'en va, dis-je à voix basse.

Je pivotai sur moi-même, mais m'arrêtai quand j'aperçus une paire de bottines noires devant moi. Lentement, je relevai le regard pour apercevoir Aaron. Il me donna un coup de pied dans le visage et je m'écrasai contre le corps de Sarah.

-T'as profité de tes deux jours de liberté j'espère.

Sans prévenir, il agrippa ma chevelure et m'obligea à me lever. Je sentis Sarah presser mon bras pour me réconforter.

-On a fait tous ses efforts pour te retrouver, tu peux pas dire qu'on t'aime pas assez, renchérit Zach en arrivant devant moi.