Diane

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 « Vous savez je pense que notre société doit évoluer et s'assumer. La première étape serait de nous aider financièrement en stoppant la quantité hallucinante d'immigrants et en acceptant uniquement les hauts diplômés qui contribueront à la société et qui respecterons notre pays. Dans un deuxième temps je mettrais en place des règles plus strictes envers les femmes se montrant trop en public, ainsi que les homosexuels, bisexuels, transgenres et toutes leurs sectes qui sont une insulte à nos valeurs et... » La télé s'éteint, une voix grave prononça à voix basse :

« 13h 20, aller stop la télé, je range ma vaisselle et j'y vais »

Cyril rangea alors son assiette et couverts, se lava les dents et partit en direction du lycée...

Une fois arrivé quelque chose de complètement inattendu se produisit. Une véritable horde d'élèves se trouvait devant l'entrée, des conteneurs poubelles étaient empilés, des clôtures de chantier étaient dans le tas et enfin des caddies étaient disposés tout autour de ce grand blocus qui bloquait l'entrée du lycée, certains élèves osaient même les fumigènes....

Cependant le brouhaha fut stoppé par la prise de parole d'une élève, elle était debout sur une poubelle, posture et visage charismatique, elle tendit le mégaphone devant ses lèvres...

« Élèves, il est temps aujourd'hui de se révolter envers certaines choses ! Beaucoup de filles, certains mecs, les enseignantes Madame Joinville, Madame Melchau et Zarco ainsi que moi-même pensons que certaines choses doivent changer. Nous voulons une liberté vestimentaire, ce n'est pas juste que nous ayons une tenue obligatoire par rapport aux hommes. Nous voulons aussi une meilleure image, un meilleur traitement et de nouv..

- Rentre chez toi t'occuper du ménage salope ! »

Suite à cette exclamation lambda du public, la foule commençait à monter en volume sonore, les injures fusaient...

L'oratrice tenta de prendre le dessus :

« Nous ne méritons pas ce traitement ! Vous faites du harcèlement ! » Mais Madame Melchau prit le mégaphone des mains de l'élève et s'exprima :

« Nous voulons une égalité des salaires ! Et [...] »

Pendant que la professeur de math s'exclamait sur diverses injustices, l'oratrice principale regardait la foule s'emballer, jusqu'à ce que son regard croise celui de Monsieur Résal son professeur d'histoire-géographie. Elle stoppa alors Madame Melchau en prenant à son tour le mégaphone de ses mains et demande à Monsieur histoire de venir près d'elle.

À ce moment la foule se calme, tout devient silencieux pendant que Monsieur traverse la foule. L'élève dit alors :

« Monsieur Résal un avis sur notre cause ? Vous pouvez dire ce que vous voulez.

- Euh... Mmh... Je » Pendant qu'il essayait de trouver ses mots, les regards l'assassinaient, la pression l'étouffait.

« Je...Je pense que les injustices n'en sont pas vraiment et... »

Sa parole fut coupée par des sirènes de police envahissant l'environnement sonore. Tout le monde se retourne, les policiers sortent énervés de leurs voitures... Ils ne sont pas venu discuter, ils commencent à dégainer des armes non létales et lancent des lacrymogènes sur la foule d'élèves !

La foule se dissipa et Cyril en profita pour se faufiler jusqu'à l'entrée du lycée...

Enfin sortit de l'enfer il regarda sa montre, le prochain cours commence dans 30 minutes, il décida donc de prendre un peu de repos dans la salle des profs pour espérer trouver son meilleur ami Matteo, mais sur le chemin il fut stoppé par l'oratrice du blocus lui demandant s'ils pouvaient avoir une petite discussion de quelques minutes. Il accepta et les deux rentrèrent dans un espace plein air dans l'enceinte du lycée qu'on surnommait « le patio » puis ils s'assoient sur un banc.

Elle engagea :

« Bonjour Monsieur Résal, je suis désolée pour tout a l'heure, je me suis laissée emporter, je n'aurais pas dû vous embarquer, je voulais commencer par m'excuser.

- C'est pas grave Diane, je sais que tu es assez réfléchie pour ne pas reproduire ton erreur.

- Merci, je voulais aborder avec vous quelque chose, j'ai une question plus précisément... Vous étiez vraiment sérieux devant la foule ? Je pense que vous avez été influencé par la masse, on peut en parler maintenant si vous voulez.

- Écoute Diane, je n'ai pas d'avis sur cette histoire et je n'ai pas envie de me prononcer, cela ne m'intéresse pas. »

Monsieur Cyril Résal tourna d'un coup la tête et vit à travers les vitres son ami Matteo se diriger vers la salle des profs... Il décida donc de stopper la conversation et le rejoignit.

Matteo aborda directement Cyril :

« Ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé dehors, c'est tout crade, il y a des poubelles et tout, je viens d'arriver j'ai raté quoi ?

- Oui ça va merci, il y a eu un blocus des élèves, c'était majoritairement des femmes, il y avait aussi quelques enseignantes comme Emma, Rachel et Audrey. Elles manifestaient contre les injustices envers les femmes.

- C'est assez osé mais je comprends leur démarche.

- Moi je ne sais pas trop, honnêtement je préfère ne rien dire.

- Tu sais Cyril il va falloir que tu sortes ta tête des idées générales comme j'essaie de t'apprendre, fais-toi un propre avis, prend le temps.

- Je sais pas trop, tu as peut-être raison mais je n'ai pas envie de m'occuper de tout ça. »

Cyril regarda sa montre et aperçut que ça allait bientôt sonner, ils se dirent alors au revoir et il rejoignit sa salle de cours, la sonnerie retentit, c'était l'heure de son cours d'éducation morale et civique. Il se rendit alors a sa salle mais seulement une dizaine d'élèves sur 33 étaient présents, c'était sûrement à cause du blocus, beaucoup en ont profité.

Avant de démarrer son cours il décida de parler un petit peu des événements de cet après-midi :

« J'ai certaines choses à vous dire par rapport à votre blocus, pour commencer vous devez savoir que bloquer l'entrée d'un lieu public c'est interdit, les blocus filtrants peuvent être acceptés dans certains cas mais sinon vous n'avez pas le droit d'empêcher les gens de rentrer dans le lycée s'ils veulent. »

 Diane lève la main et intervient :

« Mais Monsieur nous sommes obligés de nous faire remarquer pour que nos idées se diffusent. Les gens sont bornés et l'État s'en fout de nous et de beaucoup d'autres choses et l'arrivée du nouveau candidat à la présidentielle avec ses pensées misogynes et homophobes va empirer les choses. Nous essayons d'agir à notre échelle.

- Je pense que tout ça vous dépasse, ça ne servira à rien à part vous attirer des ennuis avec la justice, le monde est comme il est. »

Les élèves ne parlent plus, beaucoup pensent... Cyril ayant fini ce qu'il avait à dire décida de commencer son cours et proposa une foire aux questions sur la réforme du bac....

ORGANIWhere stories live. Discover now