La Chasse [En Pause]

Avant la fête

Quinze minutes. C'est le temps que Paula me laissait pour me doucher. Ce court laps de temps ne m'avait d'abord pas dérangé ; j'avais pour habitude d'économiser l'eau. Mes douches froides duraient rarement plus de dix minutes à la maison. Sauf que, sous le jet chaud, je me rendais vite compte de la cruauté de son ultimatum.

La douche me détendait. Elle me faisait oublier les problèmes de la journée. J'étais enfin apaisée, et j'en profitait un maximum. Je savais que la soirée serait agitée, tout comme l'avait été ce premier quart d'heure de "quartier libre".

Mes préparatrices ne m'avaient pas laissé de repos. Après m'avoir longuement démaquillée, elles étaient passées à la séance épilation. Les joues rouges d'embarras, je m'étais sagement laissée faire, supportant la douleur des bandes de cire sans broncher. Paula m'avait ensuite choisi deux pièces de lingerie blanches, toutes de dentelles, et m'avait ordonné de les passer après la douche. La styliste avait pour mission de me transformer en princesse selon ses dires, et tout commençait par les dessous. Moi, je n'avait plus qu'une envie : m'enfoncer sous terre loin de mon corps gênant. Mais je me contentai d'accepter gentiment sa demande, le visage cramoisie. Les deux préparatrices s'étaient ensuite empressées de me mesurer sous toutes les coutures, accroissant encore mon malaise.

- C'est pour les tenues, m'avait informé Paula en souriant, amusée de mon embarras de campagnarde.

Elles m'avaient ensuite laissée avec de nombreux bains douches à me passer et j'avais enfin pu profiter de la salle de bain.

Cette pièce était littéralement géniale. Je n'aurais jamais cru dire ça d'une vulgaire pièce de plomberie, mais leur douche à l'italienne était exceptionnelle. Je comprenais désormais comment certains arrivaient à passer plus d'une heure sous la douche. Moi même, je n'avais aucune envie de quitter cette cascade brûlante.

Mais ma styliste en avaient décidé autrement, et j'avais le pressentiment qu'il ne fallait pas lui désobéir. Alors, résignée, je dû rapidement sortir de la douche et enfiler les sous-vêtements qu'elle m'avait donnés après m'être essuyée d'une grande serviette soyeuse. Je me promis avec un regard langoureux de tester la baignoire le plus tôt possible, puis j'ouvris la porte de la salle de bain.

Les trois femmes s'y engouffrèrent aussitôt. Paula tira une chaise devant le miroir où me poussèrent les deux autres. Ma styliste s'étala ensuite une crème sur les mains et les plongea dans mes cheveux. Elle les démêla, soupesa et tripota d'un air concentré avant de déclarer :

- Je lui verrai bien cette longueur.

Les deux autres s'approchèrent et j'essayai de jeter un coup d'œil dans le miroir à la mèche qu'elle avait pris. Je pâlis en m'apercevant que ses doigts étaient très proches de ma tête. Mes pensées s'affolèrent. Elle ne pouvait pas couper autant !

Elle me fit ensuite me relever et les préparatrices s'approchèrent, un pot de poudre dans les mains. Elles s'attelèrent à l'étaler sur toute ma peau pour la faire briller. Pendant ce temps, la styliste tournait autour de moi. Elle m'analysait avec concentration, les sourcils froncés. Puis elle dit quelques mots à mes préparatrices, trifouilla dans les robes vertes qu'elles avaient amené et en tira une pleine de froufrou.

Mon regard dégoûté sembla l'atteindre, elle rangea rapidement cette horreur avec un sourire.

- Quelque chose de plus naturel pour mademoiselle je présume, observa-t-elle amusée.

J'hochai la tête, soulagée. Paula opta finalement pour une robe verte plutôt simple accompagnée d'une cape qui me tapa dans l'œil. Sans être trop exubérante, elle transpirait tout de même la noblesse ce qui enthousiasmait la petite fille en moi. La styliste me la fit passer et elle tomba parfaitement sur ma taille. Paula m'avança ensuite devant le miroir pour me permettre de me regarder puis ajusta quelques coutures.