Condrya, delenda est!

Interlude

Dans l'obscurité de sa cabine, une lueur verte hololithique s'afficha sur le bureau en bois de chêne de la capitaine Ulfrine. Ouvrant le dossier, elle appuya sur un interrupteur, et rapprocha le micro de ses lèvres. 

"Journal du capitaine Ulfrine Laveltor, commandante en chef de la "tempête d'aryith"

(date à noter)

"Audio-log enregistré au cinquième chronosegment. 

En ce jour, le capitaine Inferus m'a surprise. Notre mission d'extermination s'est transformée en mission de récupération. Grâce aux informations obtenue par le biais du libre marchand Marco Enrico Egl...ezias? Eglesias? Eglaisias? Peu importe; nous avons obtenu une victoire éclair, facile, et sans la moindre perte. Le capitaine m'a félicité personnellement pour mes vecteurs d'abordage osés, et pourtant parfaitement sécuritaires, ayant épargné la vie de nombre de membres d'équipages, et ayant totalement surpris notre ennemi. 

La victoire était bien sûre assurée, mais qu'elle soit aussi claire, et nette, était une vraie et douce surprise dans cette galaxie si amère. 

Nous n'avons perdu aucun homme, aucun membre d'équipage. 

J'ai même réussi à me glisser dans les quartiers des astartes, sous prétexte de vouloir m'assurer de l'état de propreté des chambres moi-même, afin d'entendre leurs retours sur leur mission, et leurs manœuvres dans la flotte. J'ai pouffé de rire en entendant un sergent astartes, avec des cheveux gris, en armure MK V, dire que les seules pertes ont été les bolts. Je ne l'aurais pas mieux dit. C'était une grande victoire. 

J'ai rencontré le capitaine Inferus par la suite, qui sermonnait violemment un scout dans la salle d'entraînement. 

Diantre, j'avais oublié la taille et l'apparence des astartes. 

Inferus était si grand. Un homme de deux mètres soixante. Un géant, même parmi ses frères de batailles. J'avais entendu une rumeur comme quoi son armure avait forgée spécialement pour lui, afin d'accommoder sa taille. Bien que je n'ai trouvé aucune source je peux y croire sans peine. Le voir, torse nu, si imposant, fort, échangeant des coups sauvages avec d'autres astartes, tout en sermonnant le scout du nom de "Demasius", ruisellant de sang ouvert par des coupures, le bas du corps simplement recouvert d'une toge, m'a rappelé qu'en plus d'être capitaine, et amirale, j'étais une femme. Trêve de tergiversations. 

Il s'est arrêté de s'entraîné, à congédier ses frères, et a envoyé le scout nettoyer son armure et son vouge tronçonneur, sanguinolent et couvert de morceaux de tissus noirs ensanglantés. 

J'ai vu son regard droit, strict, et fier se poser sur moi, ses deux yeux d'un vert d'émeraude me fixer, ses cheveux blonds, laissés libres, tombant sur ses épaules librement en une cascade dorée, cachant des coupures. Ses cheveux étaient plus longs que les miens! 

Il m'a demandé le rapport des avaries, qui était nul. Le nombre de membres d'équipages morts, qui était nul. La quantité de tirs de canons, lances navales, qui était inférieure à quarante, et à quelle vitesse la réhabilitation des vaisseaux allait. Celle-ci allait à grand train. J'irais vérifier l'avancement des travaux et l'affection des hommes après avoir fini cette entrée. 

Nous devons nous hâter, car nous avons reçu un message astropathique du système Condrya, qui supplie pour une assistance quelconque de nature militaire. Enfin, cela avance vite, c'est ce que je lui ai répondu. En revanche, j'ai appris qu'ils avaient utilisés plus de deux milles bolts. Bien que j'étais courroucé au départ d'une telle dépense, j'ai appris que les techmarines s'occuperaient d'en reforger avec le métal disponible, ce qui me rassura. 

C'est également à ce moment là que le capitaine m'a appris le nombre de morts, avant de me congédier avec un "bon travail, retournez à votre poste"

Ils ont massacrés pas moins de vingt milles renégats. En sept heures. Et ils ont utilisés moins de deux milles bolts?! 

C'est impensable! Bon sang! je n'.."

-Capitaine? Une main toqua à la porte avec force

Un grognement de rage s'entendit, alors que la capitaine Ulfrine se levait, hors d'elle. Elle détestait plus que tout devoir reprendre ses enregistrements à cause d'un imbécile incapable de s'occuper par lui-même et qui devait absolument trouver un moyen de l'emmener elle dans son ennui pathétique! 

Elle déverrouilla la porte avec rage, et se tint prête à expédier son poing dans la figure du marin.

-Capitaine?! Le marin se couvrit le visage avec ses mains

-Que se passe t-il?! Vous avez trente secondes! 

-Problèmes sur les vaisseaux capturés, capitaine! répliqua le soldat. Un homme, en uniforme rouge, et noire. Des bottes cirées, et lustrés, alors qu'il révélait un visage doux, et innocent, ses yeux recélant une admiration, et une terreur sans nom quand il regardait sa supérieure. Ulfrine s'adoucit. Il était adorable. Pensa t-elle, avant de reprendre son visage très sérieux. 

-... Quel problème? demanda t-elle, surprise qu'il y un problème

-Les cadavres. Ils demandent l'envoi d'équipes de purge spécialisées. 

-Pourquoi donc? Ils ne peuvent pas juste ouvrir les sas et laisser le vide faire le ménage? 

-Ils ont du mal à récupérer les morceaux, et nettoyer le sang. Capitaine. Répondit le jeune soldat, en ravalant difficilement sa salive