Chapitre 28, partie 3

16 4 1
                                    

La troupe se mit en marche, se serrant les uns contre les autres afin de se donner une contenance. La chambre d'enfant n'avait rien perdu de son caractère tordu : Les coins des lits étaient flous, il en surgissait parfois une étrange image rémanente. Des cris de douleur s'étaient mis à retentir dès l'instant où ils avaient découvert leur environnement, tantôt humains, tantôt tellement déformés qu'on aurait dit ceux d'un monstre. Et Lina ne pouvait s'empêcher de trembler à l'écoute des murmures qui se répandaient dans toute la pièce, de sursauter à la moindre écharde qui sautait, de se crisper à chaque fois que le lit grinçait. Aux odeurs d'enfant se mêlait la puanteur du sang. Et la tête lui tournait de plus en plus.

Erin se mit à grogner, l'air très affectée par l'environnement. Elle avait encore son épée à la main.

« – C'est quoi ce truc ? Qu'est-ce qu'on fout là ?

– Il paraît évident que c'est une création d'Optrik pour nous ralentir, souffla Corbeau, l'air très sûr de lui. Il avait dans les mains le livre des Intrigues et nous sommes dans le palais royal. Je ne sais pas pourquoi c'est aussi tordu par contre. »

Phila hocha la tête, et dégaina, à son tour, son épée. Les yeux blancs d'Akai brillaient.

« – C'est une nursery. Très tordue, mais c'en est une. Et qui dit nursery dit... »

Elle soupira. Lina, elle, leva son katana. Elle avait entendu des pas.

Un mouvement lui suffit pour planter l'arme dans la main d'une étrange créature blanche qui avait tenté de l'attraper. Sous le hurlement de douleur de l'être, Lina bondit en arrière et somma tout le monde de se mettre en garde, les yeux levés vers le plafond, détaillant la géante qui avait tenté de mettre ses mains sur eux. Ses yeux se plissèrent. Akai avait raison : La nursery était habitée. Et pas par des nonnes ordinaires.

Celle-ci devait bien faire vingt mètres de haut, trois fois plus que le golem de tout à l'heure. Elle était penchée vers le groupe de sept, les yeux tournés vers eux, mais Lina n'arrivait pas à discerner son visage. Pourtant, tout était normal, chez l'habillement de cette nonne. Le costume noir et le voile rouge lui recouvrant le crâne, ne laissant apparent que son visage, les chaussures, même la forme humaine. Mais la nonne... Elle n'avait pas de visage. Ou plutôt il était horriblement déformé, les yeux creusés et injectés de rouge, le nez presque inexistant et la bouche ouverte dans une sorte de plainte affreuse. Les quelques cheveux qui s'échappaient de son crâne dansaient autour de ce dernier, se glissant dans les orifices, alors que les doigts boudinés se tordaient dans tous les sens, se pointant tour à tour sur l'un des sept combattants.

Le cratère qui servait de bouche se tordit en un simulacre de sourire, et une énorme goutte de chair fondue s'écrasa sur le sol alors que le visage se déchirait.

« – Ooooooptrrrrriiiiiiiiiik...... »

Lina ne prit pas le temps d'attendre la fin de la lamentation. Elle avait vu la main de la chose se tendre vers Phila. Un rapide coup de katana bien placé fit tomber l'un des doigts sur le sol avec un bruit mou, et la main se recula, alors que la créature émettait un râle qui semblait tout droit provenir des profondeurs de l'Autre Lieu. Un frisson envahit Lina. Elle devait vraiment lutter contre cette horreur ?

Une sorte de glu lui envahit les jambes, et elle poussa un cri de dégoût en voyant que c'était le doigt de la créature, fondu en une masse de chair informe. La « nonne » émit un son que l'on pouvait comparer à un rire, et baissa de nouveau la main.

« – Viiiiiiiiiilllllllaaaaaiiiiiiiin gaaaaaarrrrrrrçoooon.... »

Cette fois, l'attaque visait Baku, qui, pétrifié de terreur, ne réagit pas assez vite. La main le souleva dans les airs sous les cris de rage de Lina, et Phila tenta de lancer un sort pour la frapper avant qu'il ne soit trop haut : Mais la lame d'air loupa sa cible, et la nonne se redressa, portant Baku juste devant son visage, semblant l'examiner sous toutes les coutures. Un hurlement leur parvint d'en haut, faisant grogner Lina.

Le Feu Et La CendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant