Les cochons de Bellegrange

Conflits et intérêts

Charles-sur-bois était une petite ville du sud de la France, à peine plus grande qu'un village, très réputée pour ses élevages de cochons. La terre était plutôt bonne, la ville très étendue et par le centre de Charles-sur-bois passait une des cinq plus grandes artères du pays qui permettait d'aller directement, sans emprunter de chemins possibles de perdre, à Paris ou à Marseille. C'est donc pour cela que la plupart des habitants étaient agriculteurs. 

Charles-sur-bois n'était au départ qu'un lieu-dit dans lequel une seule famille vivait depuis des générations. Cette famille ne cultivait ni la bête rose si prisée dans la région, ni ne cultivait les champs. En grande supériorité qu'elle était, elle vivait des récoltes et de la richesse des pauvres. Ces impôts étaient prélevés tous les ans automatiquement sous les ordres du roi et seule la grande famille en fixait le prix. Celui-ci était souvent mirobolant et les pauvres agriculteurs n'avaient presque plus de quoi vivre, ce qui n'inquiétait jamais la grande famille.

Un de ces agriculteurs, Mr Bellegrange protesta et réussi à allier tous les gens de la basse ville contre cette famille. La révolte ne fut pas très concluante mais par une force de relation, elle parvint jusqu'aux oreilles du roi. Le roi, dans un premier temps, ne se préoccupait pas de ces petites gens parce qu'avec sa fonction, il se devait de faire d'autres choses bien plus importantes comme agrandir son palais ou peut-être en faire faire un autre à Versailles sûrement. Cependant, rapidement sous le commandement de Bellegrange, les agriculteurs décidèrent de marcher sur le nouveau château encore en construction du roi pour montrer leur colère et faire enfin bouger les choses. Le roi surpris et, on peut le dire, terrifié par les faux et les râteaux de ces dizaines de pauvres cultivant la terre ou élevant des cochons, accepta de n'en recevoir uniquement un seul.

Les rebelles ne purent choisir que Mr Bellegrange qui se présenta un jour de soleil devant le roi. L'entretient fut bref et respectueux de l'étiquette. Bellegrange savait comment se présenter, comment convaincre et persuader les grands comme le roi. En entrant dans la salle du trône, remplie à cette heure de courtisans, de serviteurs, de gardes et de la famille royale, Bellegrange fit trois pas, s'inclina, refit trois pas s'inclina et ainsi de suite jusqu'à arriver à un mètre et demi du trône. Arrivé à cette hauteur, on lui donna la parole.

Il parla de sa ville, de ses motivations et de la nécessité de faire changer les choses. Le seigneur lui demanda en personne les raisons de sa marche sur son futur lieu de vie. Bellegrange s'expliqua en faisant de nouveau porter le chapeau à la nécessité. Le roi lui répondit que les impôts étaient obligatoires et que cela garantissait la sûreté des pauvres gens. Bellegrange lui rétorqua que ces mêmes gens pouvaient très bien se défendre tout seul et que la grande famille ne les protègera jamais d'une menace extérieure, ils ne purent même pas se protéger contre une attaque intérieure. Le seigneur, en faisant face à cette chose vivante pleine de vie et de terre, ressemblant tant aux bêtes qu'il élève, et à ses arguments, se dit qu'il ferait mieux d'accorder à ces gens quelques faveurs pour pouvoir, s'il en a besoin un jour, profiter de leurs services et faire pression.

Aussitôt dit, aussitôt fait, les impôts annuels furent fixés par le roi et par Bellegrange en privilégiant les pauvres tout en maintenant un coût de vie correct pour la grande famille. Cette dernière fut furieuse et se résolue à détruire les récoltes de Bellegrange. Cependant le roi le sut et baissa encore plus les impôts ce qui résolut la famille à se comporter mieux auprès de Bellegrange, mais dès cet instant une haine réciproque et féroce naquit entre la famille et le cultivateur.

Quelques années plus tard, le calme près à être brisé régnait sur la petite ville de Charles-sur-bois. Tous les habitants étaient plus heureux et désireux de profiter de leur travail, tous sauf la grande famille.