Chapitre 17

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Trish

Je me souviens de mon enfance comme une période sombre, une période ou j'aurais dû être protégée plutôt que d'être balancé d'un endroit à l'autre à cause des mauvais traitements que j'ai reçu. Qu'est-ce qu'il y a de plus vulnérable au monde qu'une enfant qui ne demande qu'à être aimé ? Moi je le sais. Cette enfant devient une femme brisée. C'est comme vous cassez les jambes et vous dire, allez, marche, elles vont guérir toute seule ! C'est vrai, elles guérissent, mais plus jamais on ne marche droit. On traîne des boulets toute notre vie qui nous empêche d'être épanouie. Bien sûr, les blessures sont différentes d'un être humain à un autre, sauf que le résultat reste le même.

En ce qui me concerne, les blessures sont ancrées si profondément en moi qu'elles en sont devenues des démons. Mes démons. Je dis depuis le début que je ne suis pas normal, mais je sais également que je ne suis pas née comme ça. C'est plutôt à cause d'eux que je le suis. Ils m'ont pourrie la vie jusqu'à la moelle, jusqu'à faire de moi ce que je suis, jusqu'à anéantir mon existence avant même que j'en vois le jour, et pour ça je les hais.

Ouais, merci maman et papa, j'espère du plus profond de mon être qu'il existe une justice divine dans ce monde et que les démons qui me rongent au quotidien vous font bien pire ! En fait, il doit en être ainsi, sinon comment je pourrais continuer d'avancer ?

— Tu m'écoutes ? Demande B, alors que je touille dans mon café désormais froid.

— Non, pas du tout. Tu disais quoi ?

— Et bien, hier tu m'as planté là et tu t'es enfermé dans ta chambre sans m'expliquer ce qui se passe avec Avery. Je m'inquiète pour toi, tu sais que tu peux tout me dire.

— Y a rien à dire B. Je commençais à m'attacher et j'ai préféré couper les ponts, voilà.

Ouais, c'est nul énoncé de cette façon, mais c'est aussi la manière la plus simple de l'exprimer.

— D'accord, mais si il te plait, je vois pas le problème. Je suis désolée Trish, je suis un peu perdue là.

— Le problème c'est qu'il veut juste baiser, et pour la première fois dans ma chienne de vie, moi, Trishia Barton l'accro du cul, j'ai envie de plus.

—Oh !

—Ouais Oh !

— En tout cas il est...

Je lève les yeux au ciel avant de croiser son regard coquin. C'est donc pour cette raison qu'elle se tait.

— Il est quoi ? Sexy ? Canon ? Non, il est laid, je n'ai jamais rien vue de plus ignoble dans ce monde.

Cette fois elle éclate de rire et je dois me retenir pour ne pas faire pareil tant ce que je viens de dire est absurde.

— T'as raison, il est affreux. J'ai eu envie de vomir à la seconde ou je l'ai croisé, me nargue-t-elle en enfonçant son doigt dans sa bouche.

B me connait mieux que personne, donc si j'ai pas envie de parler de ça, elle m'y forcera pas à moins que ce soit néfaste pour mon état mental. Ce qui ne doit pas être le cas puisqu'elle abandonne facilement le sujet. Pour ma part j'ignore quoi en penser. D'une plénitude totale envers cette relation, je suis passé à l'exclusion. Non mais sérieusement, qui demande à l'autre s'il l'aime quand il n'y a rien au départ, même pas un tout petit début d'officialisation. Je suis peut-être partie au quart de tour, mais sa nonchalance face à cette question m'a tué. J'ai tout de suite su que mes sentiments n'étaient pas partagés, donc pourquoi continuer avec lui si au bout du compte je suis la seule blessée. Je vais m'investir alors qu'il continuera de baiser des filles dans son taxi ? Bon, je n'ai pas ma place puisque je n'ai pas tenue trois jours après son départ aux States avant de me faire sauter, seulement, j'étais en colère face à son absence. Et je ne suis pas une pro de l'abstinence, vous devez le savoir, non ?

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