Richie Tozier et Mike Wheeler en camp d'été

Chapitre 9

Richie avait passé toute sa vie à penser qu'il n'avait que sa mère. C'était une pensée triste à avoir, surtout parce que Maggie Tozier ne l'avait pas fait chier. Donc, vraiment, il ne l'avait même pas. En réalité, ça avait toujours été juste Richie. Il pensait de temps en temps à son père quand il était plus jeune, en dépit d'être fâché contre lui de l'avoir laissé seul avec sa mère et de disparaître complètement de sa vie. Richie ne pouvait s'empêcher de l'imaginer. Avait-il les mêmes yeux noirs, les mêmes cheveux noirs? Avait-il aussi besoin de lunettes, sa vue était-elle aussi mauvaise que celle de Richie? Et est-il vraiment parti, ou est-ce que sa mère l'a simplement forcé à sortir?

Comme Richie a grandi, il a cessé d'imaginer son père. Il se rendit compte que son père ne se souciait pas de lui, ne s'était jamais soucié de lui, et il accepta le fait qu'il irait toute sa vie sans savoir qui était son père.

Il ne lui est jamais venu à l'esprit que son père pourrait avoir une autre famille. Richie se souciait de tout, il était en prison ou mort, ne vivant pas une vie parfaitement moyenne dans une banlieue parfaitement moyenne avec une femme et des enfants parfaitement moyens. S'il ne se souciait pas assez de Richie pour rester, certainement il ne se souciait pas assez d'avoir plus d'enfants.

Pourtant, ici, il se tient; preuve indéniable. Lui et Mike partageant leur apparence, leur anniversaire et leur nom ne peuvent être considérés comme une coïncidence folle. Même Richie n'est pas aveugle.

En examinant de plus près le dossier de Mike, Richie voit qu'il a deux soeurs: Nancy et Holly. L'estomac de Richie tourne à l'idée de grandir tout seul quand il aurait pu avoir des frères et soeurs, alors qu'il aurait pu avoir un jumeau. Son enfance aurait été tellement moins solitaire. Il n'aurait pas à compter sur les perdants pour lui tenir compagnie, il n'aurait pas à se sentir comme un fardeau. Avoir des frères et sœurs signifierait ne jamais être seul et ne jamais se sentir comme un fardeau, parce que les frères et sœurs ont toujours l'un et l'autre, quoi qu'il arrive.

"Richie ..." dit doucement Mike, remarquant probablement la blessure tordue sur le visage de Richie. Il tend la main vers lui, essayant de le réconforter au toucher, mais Richie s'éloigne. La jalousie brûlante et brûlante l'aveugle soudainement. Mike a grandi dans une famille aimante, avec deux parents qui s'occupaient de lui et deux sœurs qu'il pouvait aimer, tandis que Richie était coincé avec sa mère dans une petite ville de merde, désespéré par l'amour d'un père qu'il se disait détesté. Ce n'est pas juste . Pourquoi Mike a-t-il pu vivre la vie que Richie aurait pu vivre? Pourquoi son père n'a-t-il pas emmené Richie avec lui au lieu d'être élevé dans une maison chaleureuse? Pourquoi Mike a-t-il tout obtenu, et Richie rien?

«Restez loin de moi», dit Richie à travers ses dents serrées, claquant violemment son dossier.

"Richie, on devrait parler ..."

"Oh, maintenant tu veux parler? Il n'y a plus rien à dire. Je n'ai plus rien à dire. J'ai fini."

Mike essaie de le garder là, lui prend même le poignet et le supplie de rester, mais Richie se libère de son emprise et tourne les talons. Il sort du bureau de M. Brown, ne prenant même pas la peine de se taire, et commence à courir dès qu'il sort. Il ne sait pas où il va, mais il s'en fout. Tout ce qu'il veut, c'est mettre le plus de distance possible entre lui et Mike, comme s'il était capable de briser leur connexion jumelle s'il courait juste assez loin.

***

Richie est réveillé par le bruit de l'eau qui s'écoule sur lui. Il ouvre un œil, réalisant que ses lunettes sont si inclinées qu'il peut à peine voir, puis ouvre l'autre et s'assoit. Il lui faut un peu de temps pour ajuster ses lunettes, enregistrer où il est et puis se rendre compte que le son qu'il entend n'est pas de l'eau qui coule sur lui, mais Axel prend une putain de pisse sur lui.