3. Les femmes!

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- Salut la belle!

Notre petit rituel d'arrivée n'a pas changé malgré le temps qui passe. Audrey restera ma petite lumière du jour et ce même si elle est mariée à Lucas. Je suis ravi que sa vie ait changé comme ça. Je ne supportais plus de la voir aussi malheureuse. Et militaire ou non, si son mari lui faisait du mal, il aurait intérêt à courir vite.

- Salut Geof! Alors comment ça va ce matin?

- Bah, la routine et toi?

- Lucas commence sérieusement à me manquer! Mais j'ai l'habitude.

- Et tu ne vas pas lui dire j'imagine.

- Tu as tout compris. Je n'ai pas envie de le rendre plus malheureux qu'il ne l'est. En plus, c'est risqué de le distraire. Hors la distraction est dangereuse là-bas.

- Tu n'as pas tort.

- J'y vais, je suis déjà en retard. On mange ensemble ce midi?

- Je viendrai te chercher à ton bureau.

- Ça marche. À tout à l'heure.

Elle s'en va me laissant avec ma solitude. J'aime mon métier mais par moment, le fait de faire les rondes seul me pèse. Le seul piment que j'y trouve est la fameuse chambre 145. Je suis obligé de passer devant mais dès que j'arrive à sa hauteur, je mets la vitesse supérieure afin de ne pas être tenté de regarder à l'intérieur. C'est devenu presqu'un jeu. Les gens qui me connaissent doivent probablement se demander ce qu'il m'arrive mais ils ne le sauront pas.

L'heure de ma pause arrive enfin! Entre une tentative d'effraction dans la réserve et un gars complètement bourré qui voulait voir sa femme, je n'ai pas eu le temps de chômer! Je passe donc prendre mon casse-croûte avant d'aller chercher Audrey. Celle-ci est encore en grande conversation avec un homme assez âgé. Sa tête ne me dit rien mais sa prestance me fait penser à celle d'un soldat.

Je m'installe sur la chaise en face de son bureau en attendant patiemment qu'elle arrive. Nous n'avons pas beaucoup l'occasion de nous asseoir lorsque nous faisons notre tournée et je dois avouer que ça fait du bien. Je remets ma casquette en place vite fait. Personne n'a encore remarqué que j'avais rasé mes cheveux ou alors ils ne me le disent pas. D'un côté, c'est vrai que mon couvre-chef protège une bonne partie de mon crâne. L'étape décisive est ce midi avec ma belle. Je vais devoir le retirer pour manger à la cafétéria. Je me demande quelle sera sa réaction. Des pas se rapprochent et m'arrachent à mes pensées. Je lève la tête pour l'apercevoir debout face à moi. Un sourire naît sur mes lèvres mais est directement effacé quand je vois son air préoccupé.

- Tout va bien?

- Oui oui, ne t'inquiète pas.

- Tu as l'air préoccupée pourtant.

- C'est la conversation que j'ai eue avec Monsieur Sutton qui me perturbe un peu mais rien de grave.

- Si tu le dis! lui répondis-je peu convaincu.

Nous nous dirigeons vers la cafétéria sans un mot. Une fois assis à table, je commence à lui parler de choses et d'autres et ne peut m'empêcher de me renseigner.

- Alors qui est ce monsieur?

- C'est un ancien militaire qui fait partie du comité «Correspondance».

- C'est le fameux programme de lettres c'est bien ça?

- Oui, effectivement.

L'air de rien, je retire ce qui couvre ma tête. Mes mains sont moites dans l'attente de sa réaction. Au départ, je vois bien qu'elle est perdue loin d'ici. Jusqu'à ce que son regard se lève vers moi. Après la surprise, c'est un énorme sourire que je vois apparaître et sans crier gare, elle éclate de rire. Je ne comprends pas du tout sa réaction. Je me retourne pour voir ce qui peut la mettre dans cet état mais tout est parfaitement normal.

Curieuse CorrespondanceWhere stories live. Discover now