2. Visites inattendues

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Point de vue de Danielle

Mon corps me fait mal malgré les antidouleurs qu'on me donne. Je suis complètement perdue dans mes jours et je n'ai aucune foutue idée de la date d'aujourd'hui. Ça fait déjà une éternité que je suis arrivée dans cet hôpital, loin de notre lieu de déploiement et de mes hommes. Si je tenais Tordoir, je lui ferais comprendre ma façon de penser.

J'ai honte de moi. Je suis entraînée pour parer ce genre d'attaque et je n'ai pas réagi. Que vont penser les soldats qui sont sous mes ordres? J'ai eu du mal à monter les échelons et j'ai peur d'avoir perdu toute crédibilité. Tout ça à cause de cette enflure de Tordoir! Cet emmerdeur est tombé bien bas mais je ne comprends même pas pourquoi ça m'étonne!

J'ai pu m'asseoir avec l'aide des infirmiers aujourd'hui. Quelle délivrance! Déjà que rester alitée n'est pas ma tasse de thé mais alors couchée, j'ai touché le fond. Toute fois, je ne suis pas prête à réitérer ce mouvement de sitôt. J'ai cru que j'allais tourner de l'œil sous la douleur. Mais je ne le montrerai pas. Personne ne doit savoir. Je dois rester aussi forte que pour le reste.

Une femme un peu rondelette entre dans ma chambre, un sourire aux lèvres.

- Bonjour Sergent Summers.

- On se connaît? lui répondis-je un peu brutalement.

- Non mais vous connaissez mon mari. Je suis la femme du soldat Simons. Audrey.

- Oh! Désolée pour l'entrée en matière, je suis un peu sur les nerfs.

- Ne vous en faites pas pour ça. J'ai l'habitude avec Lucas, rit-elle.

- Que faites-vous là?

- Je travaille comme secrétaire dans cet établissement. Lucas s'inquiétait pour vous.

- Donc il vous a envoyée en éclaireuse?

- C'est à peu près ça, sourit-elle. Mais j'aurais dû venir de toute façon. Autant faire d'une pierre deux coups. Comment allez-vous?

- Ça va, mentis-je.

- Et la vraie version?

- ...

- Écoutez je connais l'égo des militaires. Je sais qu'on vous apprend à ne rien montrer. Ce qui doit être d'autant plus le cas vu que vous êtes une femme. Mais nous sommes entre nous, personne ne vous jugera. Et rien de ce que vous direz n'arrivera aux oreilles de mon mari. Je vous le promets.

Je ne sais pas si je peux lui faire confiance mais si Simons l'a épousée, ça veut tout dire.

- Le moindre mouvement me fait atrocement mal et je regrette de ne pas y être passée!

- Une dizaine de coups de couteaux ce n'est pas rien. Aussi forte que vous soyez, les blessures sont là. Laissez-vous un peu de temps.

- Je ne veux pas être ici. J'aurais dû être auprès de mes hommes et non ici, couchée sur ce lit, dans l'incapacité de faire quoi que ce soit!

- Vous vous en voulez.

Cette affirmation me surprend. Elle voit parfaitement de quoi je veux parler.

- Je comprends que ce soit dur pour vous. Vous avez peur d'être la risée de votre bataillon parce que vous n'avez pas pu repousser ce gros connard. Mais dites-vous bien que ce n'est pas le cas.

- Qu'en savez-vous? Vous n'êtes pas là-bas que je sache.

- Effectivement! Mais Lucas, oui et il ne me cache rien. Ils ont voulu faire la peau à ce salaud et ils y seraient parvenus si le Capitaine n'était pas intervenu à temps.

Curieuse CorrespondanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant