8

8.9K 375 9
                                    

- Mais je n'ai absolument rien à te prouver mon pauvre ! On ne se connait pas et j'ai pas envie de le faire !

Il recula à mes paroles et son visage se ferma :

- Ca c'est une preuve que t'es comme toutes les autres.

A ces mots il tourna les talons et parti en direction d'une source d'eau qui coulait derrière des arbres. Je haussais les épaules et je marchais sur la pointe des pieds en retrouvant le siege de la voiture. Je me massais les pieds et retirais le morceau de verre avec un petit cri de douleur. Je fouillais dans la boîte à gant, il n'y avait rien d'intéressant si ce ne sont des papiers, un désodorisant et ... un porte-feuille. Je sais que la curiosité était un vilain défaut mais je ne m'étais pas empêchée à l'ouvrir. Il y avait des cartes de fidélites chez Jules, SNCF et Carrefour. Je fronçais les sourcils car une lettre un peu usée et qui avait du être froissée plusieurs fois, avait attiré mon attention.

" Ce n'est pas bien Anissa, repose ce porte-monnaie". Il fallait que j'écoute ma raison, mais mon impulsion fut trop forte et je dépliait la lettre :

" Ali,
Je suis désolée de t'écrire ça, mais ton milieu de vie, d'où tu viens, font qu'il n'y aura rien de plus entre nous que du ****. J'ai vécu avec toi des moments très forts que je ne serais pas prête à oublier. Je sais que ma trahison avec ton cousin ta beaucoup affecté, mais je suis comme ça. Je ne suis pas comme les filles de "chez vous", j'ai besoin de nouveau. Tu trouveras celle qui t'offrira son coeur, j'en suis p..."

- TU LIS QUOI LA ?

La lettre fut arrachée de mes mains. J'étais tellement absorbée par la lecture de cette lettre que je n'avais pas entendu Ali venir. S'il y avait le moyen de rentrer dans un trou de souris je l'aurais fais avec plaisir, plutôt que me taper cette honte. J'étais embarassée et je rougissais jusqu'aux racines de mes cheveux :

- J...je suis désolée vraiment je venais à peine de l'ouvrir c'est quoi ?, demandai-je innocemment.

Il serra ses lèvres et me propulsa à terre :

- Putain et tu te fous de ma gueule ?

Je n'avais rien compris à la scène. Ce que je réalisais c'était que j'étais par terre comme un vulgaire chiffon. Ali était tellement énervé qu'on aurait dit qu'il était enragé. Il me releva par mes épaules et me secoua violemment :

- T'as cru que j'allais te laisser fouiller dans ma vie et que j'allais me laisser faire ? Tu veux que je fasse quoi pour que tu comprennes ? Putain Anissa je te hais t'as compris je te hais ? Sors de ma vie ! Arrête de tout chambouler ! J'en ai plus que marre de voir ta ... gueule tous les jours ! Et tu sais quoi ?

Je me tenais la tête en me serrant la langue pour ne pas pleurer.

- Tu vas rester ici. Je veux plus jamais te voir, qu'on te viole, qu'on te bute, qu'on te tue : JE M'EN FOUS !

Il me relâcha avec dégoût et me laissa planter comme une abrutie devant nul part. Il entra dans sa voiture et démarra. Il me lança un regard meurtrier par le rétroviseur avant de rouler à toute vitesse vers la sortie d'air de repos. Jusque là, je n'avais pas pleuré et j'avais gardé la tête haute devant lui, comme si intérieurement je ne paniquais pas à l'idée de rester là. Comme si je n'avais pas envie de le supplier de ne plus me laisser seule après l'épisode du pub. Mais encore une fois, j'étais trop fière et plutôt mourir que de me rabaisser devant lui ! J'avais croisé les bras jusqu'à ce que la voiture disparaisse de mon champs de vision et une fois seule je m'effondrais au sol.

Je pleurais, pleurais, et encore une fois : je pleurais. J'étais secouée par les larmes qui coulaient à flots sur mes joues. Je reniflais et tremblais. Je n'avais pas envie qu'il me laisse seule ! Pourquoi suis-je si curieuse ? Pourquoi fallait-il toujours que je le défie, en sachant qu'il avait un caractère bien trempé ?! Je commençais à ressentir un sentiment que je haïssais : le regret. Je le refoulais, mais il revenait. Je regrettais d'avoir dit des choses blessantes, vexantes et insultantes. J'avais envie qu'il revienne, mais j'en était sure qu'il ne reviendrait pas. Aussitôt retrouvée, aussitôt relâchée. Ca voulait donc dire que pour lui je n'étais qu'un vulgaire objet.

Après des larmes et des larmes, je me relevais tant bien que mal et je me suis décidée à me diriger vers l'autoroute, je n'allais pas rester ici au milieu de nul part entourée de feuilles et d'arbres. Je sais, je suis folle, mais j'allais faire du stop en pleine autoroute sur la bande d'arrêt d'urgence.
J'entendais des voitures défiler à toute vitesse et ça me faisait peur. J'imaginais qu'un conducteur perdait le contrôle de sa voiture et qu'il me prenait en même temps de son dérappage. Il fallait que je redouble d'effort. Je marchais pieds-nus, cheveux en pétards, démaquillée, habillée comme une sans-abris et une fois sur la bande-d'arrêt d'urgence je tendais mon pouce.

Qui aurait cru que moi, Anissa, étudiante à l'IEP de Paris, vivant une vie de rêve, ayant une gouvernante, coiffeuse, maquilleuse à ses soins, ayant aussi, un paternel qui se faisait une paye de ministre, était là, à faire du stop avec un accoutrement ridicule et une tête qui ferais fuire des morts. De loin, je devais ressembler à la dame blanche.

Je hêlais des voitures qui passaient mais aucune ne s'était arrêtée. J'étais là, à crier, tendre mon pouce, faire des signes de la main comme une échappée à l'asile psychiatrique. Puis je me suis assise sur l'herbe et je mettais ma main sur ma tête. Trop épuisée par mes efforts. Je voulais pleurer mais j'avais tellement pleuré qu'aucune larme ne sortit. Je reniflais quand une voiture de police s'est arrêtée devant moi en allumant les feux de détresse. Je restais sans voix en me demandant ce que j'allais bien leur dire. Ben oui, une fille pieds-nus, avec un visage tiré et sur le bord de l'autoroute ça pouvait être une affaire à suivre !

- Bonjour mademoiselle. On nous a signalé que vous mettez votre vie en danger à faire du stop sans suivre le moindre réglement de sécurité.

Ma bouche tremblait et le policier sauta par dessus la barre.

- Ca va mademoiselle ?

- Oui, oui ... M... Monsieur je ne me souviens de rien ! Oh mon Dieu c'est horrible !

Je faisais la comédie d'être amnésique.

- Ca va aller mademoiselle suivez-nous. Il regarda son coéquipier et parla au talkie-walkie en me relevant. Vous vous appelez comment mademoiselle ?

- Anissa ...

- Anissa, comment ?, demanda-t-il avec un regard soutenu à l'autre policier.

- Anissa Toumi.

Les policiers frappèrent dans leurs mains, et celui qui m'avait parlé prit son talkie-walkie et l'activa :

- Code 350, ici Philippe, on a retrouvé la fille de Monsieur Toumi. Elle est en bonne santé. On la ramène au poste de police. Terminé.

- Bien reçu. Terminé, répondit une voix féminine.

Je me laissais guidée et j'entrais dans la voiture. Ils démarrèrent et s'abstinrent à me poser des questions. Je regardais nostalgique par la fenêtre : alors fini Ali ?

Changement de focalisation, j'espère que vous ne serez pas perdues ! Si vous n'aimez pas je changerai insha'Allah pour la prochaine partie ! C'est juste que ça me parait plus facile de cette façon de vous faire comprendre la pensée des personnages sans le regard d'Anissa . Bonne lectures mes chériiiies !

********

PARTIE 22 :

Dans sa chambre de môtel, Ali regardait attentivement les informations. La retrouvaille de la fille du célèbre chef d'affaire Mr Toumi avait fait la une de tous les journaux télévisés et de la presse écrite. Aujourd'hui Anissa devrait s'exprimer face à une grande journaliste afin d'expliquer sa disparition. Ali se passa la main sur ses cheveux. Avec la façon dont il l'avait traité il était persuadé qu'elle le dénoncerait.

- Chéri tu peux t'allonger sur le lit tu s...

- La ferme Aislinn.

Elle sursauta face à la froideur de sa réplique et se demanda pour quelles raisons il était si anxieux ces quelques temps. Ca devait être à cause de cette pourriture de Anissa, elle en était sûre. Alors que Jenna et elles dormaient dans ce motel afin de se couvrir si éventuellement la police attraperaient Ali (déçision prise par Ali), celui-ci était revenu juste après avoir retrouvé Anissa. Il les avait prévenu la nuit où il avait dormi à la même chambre avec Anissa, laissant Aislinn s'imaginer tous les scénarios possibles. Jenna et elles pensaient qu'elle serait avec lui lorsqu'il rentra les rejoindre dans ce motel, mais elles furent surprises de remarquer qu'il était revenu seul et qu'il n'avait pas voulu parler d'elle. Elles avaient respecté son choix, mais Aislinn remarquait que cette histoire était louche et qu'elle laissait Ali passer deux nuits blanches consécutives. Ca ne présageait rien de bon pour sa relation avec le "plus beau des rebeux" ...

Ali s'installa sur une chaise et attendait que la présentatrice du journal termine d'annoncer les titres. La caméra filma Anissa, et là, ça avait fait un petit quelque chose à Ali qu'il tenta de refouler le plus vite possible. Elle était maquillé d'un maquillage smooky dans son regard, du brillant à lèvre rouge qui rehaussait son teint, ses cheveux blonds étaient ondulés et cascadaient sur ses épaules. Elle avait mis une chemise en soie blanche et un petit collier en or mettait en valeur son cou fin et diaphane. Elle était magnifique ... Il fallait se l'avouer, mais toutes les filles de se milieu savent mettre leurs atouts en valeur, et ça, grace aux dizaines de personnes à leurs petits soin, songea amèrement Ali.

- Bien Mademoiselle Toumi, je vois que vous êtes rayonnante ce soir, comme si vous n'avez jamais vécu une aventure comme celle-ci.

Elle sourit et répondit gracieusement :

- Merci du compliment.

- Pouvez-vous nous dire de quoi vous vous souvenez au juste.

Le visage d'Anissa se ferma, et elle jouait avec ses doigts. Ali retint son souffle, tout comme Jenna et Aislinn qui étaient scotchées devant le téléviseur. Après quelques secondes elle déclara :

- Ce que je me souviens c'est d'être entrée le soir d'une soirée et puis je passais les clefs dans la serrure quand on m'endormi avec un chiffon devant ma bouche. Et puis, plus rien.

La journaliste fronça les sourcils :

- Vous voulez dire qu'après celà vous ne vous souvenez plus où vous avez été transportée ?

- Ecoutez, une amnésie cérébrale, peut être aussi provoquée par un profond choc ou par un traumatisme crânien. Si ma patiente ne se souvient de rien, ça doit être pour la première cause. Elle retrouvera sa mémoire partiellement, car les radios n'annoncent aucun choc dans sa boite crânienne, ce qui veut dire, qu'elle se souviendra de tout au moment voulu, répondit à la place d'Anissa son docteur.

Ali respira de soulagement et se releva. Anissa n'avait rien dit, et ça l'avait soulagé. Il faut dire qu'elle est très talentueuse pour jouer la carte de la comédie. Tout comme l'autre soir où elle avait simulé de pleurer. Chez un autre homme, il n'aurait pas remarqué qu'elle faisait semblant tellement elle était une comédienne professionnelle, mais chez lui, on ne la lui fait pas. Il avait tellement vecu d'expérience durant ses vingt cinq ans d'existance que des larmes de crocodiles étaient facilement détectables. Il aurait pu lui faire ce que bon lui aurait semblé mais il ne l'avait pas fait. Il voulait juste qu'elle le respect, il était trop habitué à ce que toutes les filles soient à ses pieds, mais avec elle, il ne savait pas comment s'y prendre. Habituellement, une réplique sèche prononcé par sa bouche, et la fille se taisait, ce n'était pas le cas d'Anissa.

La caméra filma en gros plan Anissa une dernière fois et celle-ci regarda la caméra intensément, comme si elle lui lançait un message avec ses yeux car elle savait qu'il la suivait. C'était ... troublant, tellement troublant qu'il sorti prendre l'air au balcon. Il inspira un grand bol d'air frais et expira en regardant les étoiles dans le ciel. Il pensait à son père et ses deux frères qui faisaient partis de l'autre monde à présent. Un père qui a toujours été là, et frères jumeaux qui ont toujours été ses complices durant leur enfance. Ils étaient morts tous les trois, tragiquement, d'un accident de voiture sur les routes de l'ancienne Algérie ... Ses frères n'avaient que quatorze ans au moment du drame, lui en avait dix-huit. Et, depuis, il faisait tout pour sa mère, il avait quand même réussi à décrocher son baccalauréat juste pour rendre fière sa mère qui désespérait jour après jour de la perte de son mari et de ses deux enfants. Elle, qui, autrefois ne pouvait avoir d'enfants et qui a du subir maintes interventions pour au final n'avoir que trois enfants et dont deux lui ont été ôtés ...

Alors qu'il avait trouvé du travail chez le père d'Anissa afin de financer les soins médicaux de sa mère, il fallait qu'il se face licencier sans la moindre explication. Il ne trouvait plus de boulot malgré sa licence, et ne trouvait surtout plus le moyen et l'ambition de continuer ses études. Ainsi, il devint quelqu'un de froid, d'autoritaire, et sans sentiments. Parce que, les sentiments, c'était pas pour lui. Il avait voulu ouvrir son coeur une fois et il fut déçu, il ne le sera plus une deuxième fois. Sa mère passerai avant tout. Il n'aimera plus jamais, il ne peut pas aimer après avoir perdu un père qui était son repère, ses deux frères qui étaient la prunelle de ses yeux et surtout une mère qui le cancer la consumait à petit feu et qu'il voyait mourir devant ses yeux. Il avait envie de laisser couler une larme mais il serra ses poings et frappa contre le rebord du balcon !

Aislinn suivait du coin de l'oeil la façon dont Ali regardait cette fille presque parfaite, et des envies de meurtres la rongèrent tout au long de son être. Jamais il ne l'avait regardé de cette façon, elle, qui partageait toutes ses aventures avec soumission depuis presque six ans. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés durant leur première année de faculté. Oui, elle aussi était intelligente, et elle a tout plaquer pour vivre avec ce bad-boy qui n'avait peur de personne : sauf Dieu, comme le lui répétait-il souvent ...

PARTIE 23 :

* 3 mois plus tard *

Assise à boire un thé avec Saël, Anissa avait l'esprit ailleur. Elle ne pensait qu'à ce maudit brun ténébreux qui l'avait abandonné dans un parking d'air de repos. Son père était encore absent et ne l'avait pas accueillit aussi chaleureusement qu'elle ne l'aurait voulu. En fait, il s'en moquait d'elle.

- ... et donc on l'a critiqué car il faisait parti du parti de l'UMP ...

- Hein ?

- Depuis quand tu dis "hein" ? T'es devenue bizarre ! D'abord tu me mens en disant que t'étais au Brésil ensuite tu changes dans ta façon de parler ... J'en suis sur qu'il s'était passé quelque chose que tu omets de me dire.

Il prit ses mains dans les siennes et d'un regard tendre il lui demanda :
- Qu'est-ce qui se passe ? T'es plus la même ...

Anissa avait envie de lui dire que non elle ne sera plus jamais la même, qu'elle avait envie d'arrêter de respecter tous ces protocoles, qu'elle en avait plus qu'assez de cette vie où tout tournait sur le matériel et que ce qu'elle avait vécu lui avait appris plus qu'elle n'aurait pensé. Mais, elle ne lui dira rien, elle ne dira plus jamais rien.

- C'est rien, c'est passager Saël.

Il soupira d'exaspération et la releva :

- Ca te dis un théâtre ?

- Non. Je suis fatiguée, je vais réviser et dormir. Désolée d'être rabat-joie mais j'ai besoin de repos.

A ces mots le visage angélique de Saël prit tout une autre expression. Une expression diabolique :

- T'as rencontré quelqu'un c'est ça ? Ca fait trois mois que t'es dans les nuages. T'as rencontré qui ? C'est un mec des cités ?, demanda-t-il avec une pointe d'horreur.

Devant tant de perspicacité Anissa resta perplexe :

- J... Je... Non ! Bien sûr que non !

Il eut un rictus machiavélique :

- Ne te moque surtout pas de moi, tu sais bien jouer la comédie mais je te connais assez pour savoir ce que t'as dans la tête. Je le trouverai et crois moi, si je sais que tu m'as trompé ...
Il n'acheva pas sa phrase que Anissa se leva et mis des billets sur la table :

- Ta psychose garde là pour toi ! Je n'ai pas de comptes à te rendre et on est pas marié ! Tu me fais peur Saël !

Il se leva à son tour :

- Ah ouais ? On verra ...

Sans relever sa menace elle s'était précipitée vers la sortie et héla un taxi. Une fois à l'intérieur elle donna au chauffeur le nom de sa rue et regardait par la fenêtre. Ca faisait deux semaines qu'elle avait envoyé de l'argent à la mère à Ali. Après maintes recherches elle a sû trouver où il habitait grâce à sa mémoire visuelle et à ses souvenirs lorsqu'elle fut emmenée dans sa cité. Elle espérait qu'il lui envoie un petit signe de vie, un petit mot pour la prévenir qu'il avait bien reçu l'argent pour financer les soins de sa mère, mais voilà bien longtemps qu'elle espérait quelque chose de lui.

Son téléphone sonna et la tira à ses pensées, un numéro privé s'affichait sur l'écran, et elle fronça les sourcils :

- Oui allô ?

- Mademoiselle Toumi ? Je suis infirmière à l'hôpital Georges Pampidou, votre père à fait un AVC, je suis sincèrement désolée mais il vient de quit ...

Elle relâcha son téléphone et porta sa main à sa bouche.

- Mademoiselle vous allez bien ?, s'inquièta le chauffeur.

- C...conduisez moi à l'hôpital Georges Pampidou s'il vous ..., les mots lui manquèrent et sa gorge se serra. Elle n'y croyait pas !

**************

" Toutes mes condoléances Anissa. Je suis désolé pour vous Anissa. Il était un bon homme Anissa."

Voilà ce que répétaient machinalement les personnes qui étaient venus pour me souhaites les condoléances. Lorsque j'ai vu son corps inerte à la morgue, les sentiments que j'ai ressenti étaient difficiles à exprimer. Je mentirai si je disais que j'étais éffondrée, oui, je suis triste, mais pas effondrée ... J'ai honte, mais c'est comme ça. J'étais surtout triste qu'il quitte ce monde en laissant tant de non-dits derriere lui, tant de rancoeur et de mauvais souvenirs avec lui. J'aurais voulu qu'après ma disparition il se réveille et se dise " ma fille est mon essentiel", mais c'était trop utopique. Je ne comprendrais jamais pourquoi il a été comme ça avec moi. Le manque d'amour d'un père est très frustrant, et la manque d'une mère pour s'épanouir durant sa jeunesse l'est tout aussi ...

J'adressais des sourires figés aux dizaines de personnes qui étaient présents pour les funérailles. Il n'y avait pas grand monde, après tout, c'était quelque peu normal. Mon père n'était pas très sociable, et ses "amis", lui ressemblaient vraiment. Ils étaient tous strictes, et le regard austère. Une femme me regardait depuis quelque temps, et se rapprocha de moi avec un petit homme chauve. Vaguement, un souvenir d'elle m'apparut mais pas de cet homme.

- Anissa ?

Oui c'est elle. Sa maîtresse.

- Oui ?, demandai-je sèchement.

- Je vois que tu m'as reconnu, elle s'humecta les lèvres et eut un sourire qui se voulait bienveillant. Ton père avait prit rendez-vous chez un notaire il y a de ça quelques mois. Il est là pour te dire ce que ton père t'a legué. Si tu veux bien l'emmener à la bibliothèque à l'étage.

Je les regardais tour à tour, cette catin savait même qu'on avait une bibliothèque à l'étage ! Le notaire me demanda de le diriger vers la bibliothèque, avec un regard de travers à l'autre femme, je montais les escaliers en première. Mais, suprise, je vis qu'elle nous suivait.

- Pourquoi nous suivez-vous ?

- Je figure dans le testament parait-il.

J'avais une envie de meurtre. Elle avait attendu tout ce temps pour ça alors. Tant pis, après ça je ne la reverrais pas. Je me retournais d'un geste brusque et je montais les escaliers en marbre et surtout épuisants.

- Dora, peux-tu s'il te plaît tenir compagnie aux dernières personnes pendant mon absence, dis leur que je reviendrai bientôt.

- Bien sûr Mademoiselle, répondit-elle avec un sourire me destinant et un regard sévère vis-à-vis de l'intruse qui me suivait et qui avait hâte de savoir ce qu'elle a hérité.

Dora descendit les escaliers, et nous entrâmes dans la grande bibliothèque. Un endroit que j'appréciais énormement et qui regorgeait de trésors littéraires. Tout était en bois, et des étagères jonchaient le longs des murs. Un bureau imposant en bois de chêne était posé sur un grand tapis persan. Ca sentait encore l'odeur du cigare de mon défunt père, car il y restait de longues heures certaines nuits lorsqu'il lui arrivait de dormir à la maison.

Le notaire posa sa valise sur le bureau et nous prîmes places dans les chaises de velours rouges. Il ouvrit sa valise et sorti le testament puis il le lut rapidement avec ses yeux puis il lut à haute voix :

" 40% de mon entreprise sera léguée à la fille de ma troisième femme et fille adoptive : Anissa Toumi; 50% pour ma vraie fille biologique : Katya Toumi et 10 % pour Mademoiselle : Claire Fauquet. "

J'étais dans un autre monde avec des mots qui revenaient : " fille adoptive, troisième femme, Katya Toumi ". Je ne comprenais pas le charabia du notaire et je pense qu'il s'est trompé. Ca ne peut pas être possible. Quels sont donc tous ces secrets familiaux ?! Qui était cette Katya ? Je n'étais pas la vraie fille de l'homme avec qui je vivais ?!
Claire eut le hoquet et balbutia dans un souffle :
- 10 % ? Seuleument 10 % ? Après tout ce que j'ai souffert avec lui ?, cria-t-elle en se levant d'un bond : qu'il aille brûler en Enfer. Et elle sortit en claquant la porte derrière elle.

****************

00:00 : Devant la Résidence des Toumi.

Ali regardait les appartement de la Résidence malgré le noir, il apercevait un décor de riche quoi ... Deux grosses voitures étaient garées à l'intérieur devant un garage qui était protégé par des grillages. Il se demandait ce qu'il faisait là, à cette heure. Peut-être parce qu'il avait vu le décès de Monsieur Toumi dans les journeaux et il voulait donc savoir comment était Anissa face à cette perte ?
Voilà plus de deux heures qu'il s'était garé un peu plus loin de la résidence avec sa Golf noire. Il tenait à être discret, et si Anissa sortait ... En fait si elle sortait il ne savait pas ce qu'il allait faire ou dire :
" Hey Anissa ? ", non ça fait trop amical.
" Selem Anissa ", elle sait même pas ce que "selem" veut dire.
" Wesh Anissa", trop bourgeoise.
" Anissa.", trop froid ... PARFAIT !

Il serrait ses mains sur le volant quand il vit une Porsh Cayenne se garer devant l'appartement. Des lumières s'allumèrent et un homme à la coiffure impeccable et au manteau de haute couture sortit de la voiture. Il avait des fleurs dans ses mains. Mais c'était qui lui ? Et pourquoi il venait à cette heure ?!
Soudain, la silhouette d'Anissa apparut. Elle était vêtue d'une petite robe noire et sobre. Ses cheveux étaient attachés dans une queue de cheval et la blondeur de ceux-là étaient perceptibles jusqu'au lieu où il était garé ainsi que les diamants qui scintillaient sur son cou.
L'inconnu tendit les fleurs à Anissa. Elle était d'abord réticente et croisait ses bras, puis il la prit dans ses bras et l'embrassa. Machinalement, Ali serrait plus fort le volant, fit demi-tour et roula pour prendre la nationale. En fait ce mec c'était Saël.

Chronique d'Anissa : mon kidnappeur et moi.  Écrite par Aliya. (Fictive)Where stories live. Discover now