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Ali roulait pendant plusieurs longues et interminables heures maintenant. On avait plus échangé la moindre parole, il m'avait tellement blessé que je regardais à ma droite pendant tout le trajet, j'allais choper un torticoli mais je m'en moque. On passait par des forêts, des villages, des cimetières, des villes, le paysage défilait rapidement devant mes yeux. C'étaient des endroits que je ne connaissais pas, ça ne m'étonnait pas, et je me doutais que Jack (le vieil homme qui m'avait emmené au môtel) avait roulé aussi longtemps. Je voulais lui poser la question : où tu m'emmènes ? Mais je me suis retenue. J'avais trop de fierté. C'était bizarre, mais je ne pensais pas que je pouvais être : téméraire, courageuse, violente, décisive, aventurière, fière etc ... Je pensais être quelqu'un de calme et posée, pas du tout le genre de fille à ne pas avoir peur aux yeux. J'affrontais la vie comme elle venait, et je pense bien que c'était cet épisode de ma vie qui m'avait changé, qui m'avait fait découvrir d'autres parties de moi que je ne soupçonnait pas. Aussi paradoxal et antithétique que ça pouvait l'être, cette aventure avait ses bons côtés : celle de savoir qui je suis réellement.

Je pensais à mon père, à sa réaction lorsqu'il a remarqué que je n'étais plus à la maison depuis presque plus d'un mois. Est-ce que malgré toute sa rancoeur contre moi il serait un petit peu affecté ? Inquiet comme le sont tous les pères ? Et cette rançon c'était vrai ou pas ?
Les lumières d'une ville m'éblouissèrent et je gardais donc les yeux grands ouverts. Je vis sur le panneau avant l'entrée en agglomération qu'on était à Rennes. On faisait quoi aussi loin de Paris ? Ali me regardait du coin de l'oeil :
- Tu .., commença-t-il.
- T'as .., le coupai-je.
Je voulais sourire mais je m'avisais à ne pas le faire. Il me regarda de travers mais j'aurais juré voir un petit sourire, ça devait être l'obscurité de la nuit qui me donnait des illusions :

- T'as fait comment pour me trouver ?, demandai-je.

Son regard se voila.

- Grace à un bon tuyau.

Je fronçais les sourcils :

- Tu peux pas être moins vague ?

Il crispa ses mains sur le volant jusqu'à ce que ces jointures blanchissèrent :

- Recommence pas.
- Quoi recommence pas ? Je peux pas en placer une ?

On arrivait dans une sorte d'auberge. Il coupa le moteur et me se tourna de côté, agacé :

- Non tu peux pas ouvrir ta gueule, t'as déjà assez de liberté comme ça !

Ma raison me disait de me taire, mais c'était plus fort que moi, je n'arrivais pas à la fermer en face de cet homme :

-Ah oui de la liberté ? Et quelle liberté s'il te plaît ?
- Tu ... commence ... à ... m'énerver, articula-t-il lentement avec un regard chargé de colère.
- Je ... m'en ... moque, l'imitai-je.

Il serra ses poings et frappa le volant.

- Sors. Sors toute suite !

Je voulais encore parler mais à la vue de son visage j'eu des frissons. Son visage était tiré par le courroux. Je sortis donc et je claquais la porte violemment, aussitôt il sortit à son tour et se précipita pour me secouer :

- Mais tu veux quoi toi ? Tu veux que j'te tue ?!
- Non je veux que tu me laches et que je retrouve une vie "NORMALE" et ne pas vagabonder à droite et à gauche !

Il passa sa main sur sa barbe :

- Ecoute moi bien, d'habitude j'suis pas violant avec les meufs, mais t'es plutôt du genre à me mettre les nerfs en deux secondes. J'crois que t'as pas piger qu'ici c'est moi qui décide OK ? Alors tu retrouveras ta vie de petite bourgeoise à papa quand j'l'aurais décidé.

Chronique d'Anissa : mon kidnappeur et moi.  Écrite par Aliya. (Fictive)Where stories live. Discover now