— Que puis-je faire pour vous ?

— Vous m'avez demandé de passer, à 15 heures précise, me voici !

— Moi, j'ai fait ça ?


Elle déglingue la pauvre ! Jamais, je ne demanderais à une femme de sa catégorie de venir dans mon entre, je suis tout de même au bureau. Je ne mélange, en aucun cas, travail et distraction.


— Oui ! Vous êtes bien Abel Faro ?


Il doit y avoir erreur sur la personne. Quelqu'un doit avoir le même homonyme que moi...


— Je suis désolé, mais je n'ai jamais fait appel à vos services.

— Attendez !


Elle sort de la poche un bout de papier et une enveloppe. Elle me tend le petit emballage blanc que je décachette, alors qu'elle lit une sorte de bulletin. Je n'ai pas le temps de sortir la carte qu'elle m'assomme :


— Vous voyez bien ? C'est votre nom et l'adresse de votre entreprise...

— Oui ! Mais ça ne justifie en rien que c'est moi qui ais fait cette réservation !


Elle semble perdue et à vrai dire, moi aussi. Qui peut bien me faire ce genre de plaisanterie ? Oui, car il n'y a pas d'autre mot pour évoquer cette mascarade. Je finis par jeter un petit coup d'œil au mot à l'intérieur de l'enveloppe et j'y découvre que ce n'est autre que mon imbécile d'avocat et ami :


Vu, que tu n'es pas sorti de la semaine,

je t'envoie ce magnifique et interminable cadeau,

profites-en bien !

Ton ami qui te veut que du bien !

MP


Je vais le tuer ! Il sait que je suis sur le viseur de mon père, et il ose encore me faire ce genre de coup foireux ! Il va m'entendre cet abruti !


— Je suis navré mais mon ami n'en fait qu'à sa tête ! J'ai beaucoup de travail, je n'ai pas de temps à vous consacrer !

— Mais il a déjà payé !

— Je m'en fous complètement ! Gardez son argent et déguerpissez !


Mais elle ne m'écoute pas et se déshabille en un éclair. Je ne peux m'empêcher de l'admirer, elle a un corps à faire bander n'importe quel homme. Mais c'est peine perdue avec moi, je n'ai pas l'esprit à ça, aujourd'hui. J'ai déjà assez à faire avec l'exaspérante et séduisante Inès Martins ! D'ailleurs, si mon plan fonctionne, elle ne devrait plus tarder...


— Rhabillez-vous ! Je n'ai pas de temps à perdre !

— Mais comment pouvez-vous refuser un tel présent ?

— Vous êtes très mignonne mais je ne suis pas adepte... je m'arrête dans mes propos, ne voulant pas l'offusquer davantage.


Je ne suis pas homme à m'offrir ce genre de service, ça c'est plutôt le registre de mon avocat véreux ! Les femmes avec qui je couche, doivent être libre ou non de s'envoyer en l'air avec qui elle désire, sans rémunération aucune. Celles qui vendent leur corps, quelle que soit la raison, pour moi, c'est un signe d'infériorité à mes yeux, c'est dégradant, tant pour elle, que pour les hommes qui s'affligent à de tels actes.

Je me lève, ramasse ses affaires et je lui tends.


— Vous n'avez pas encore tout vu ! m'annonce t-elle, en me jetant par surprise sur une chaise qui manque de se renverser.


Elle se tourne et m'agite son délicieux popotin à la figure. Elle n'a aucune considération envers elle, elle est complètement cinglée ! Elle devrait être heureuse de gagner de l'argent, sans pour autant s'être humiliée de la sorte, mais non !


— Alors vous aimez ?

— Oui beaucoup ! Mais comme je vous l'ai dit, je n'ai pas le temps ! je la fais virevolter pour la mettre face à moi, et lui demande gentiment de sortir de mon bureau, mais elle n'en fait rien.

— Je dois terminer mon travail ! m'indique t-elle.


Elle commence à déboutonner ma chemise et quand je vais pour l'empêcher de descendre davantage, ma porte s'ouvre sur une Inès stupéfaite. Elle reste quelques secondes abasourdie sans dire un mot.


— Ce n'est pas ce que vous pensez ! je m'exclame.

— A non ?... Je suis désolée ! me dit-elle avant de refermer la porte derrière elle.


Et merde ! Comment je vais faire pour me dépatouiller de tout ça, maintenant ? Et surtout, comment faire pour me débarrasser de cette marionnette, qui se trouve en face de moi, tout sourire ? 





Publié le vendredi 5 avril 2019



ABEL ET LA BÊTEWhere stories live. Discover now