nouvelle

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J'ai écrit ce texte, il y a onze ans. C'est une amie qui m'a suggérée de la réécrire pour voir un peu ma progression, une sorte "d'avant / après". J'espère que cet texte vous plaira :)

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La nuit était tombée depuis longtemps. Bien que je sois impatient d'aller me coucher, je freine mes envies pour prendre le temps de réaliser ce qui s'était passé plus tôt dans la journée. Mon esprit me renvoie des images à jamais gravées dans ma mémoire. Une belle journée d'été, le parfum précieux de l'encens, celui capiteux des fleurs, d'une cérémonie solennelle, suivie par un festin joyeux et animé comme il les aime tant.

Depuis qu'il partage ma vie, notre maison raisonne de rire, d'éclat en tout genre, de visite impromptue d'amis et dont j'aimerai tordre le cou de certains comme Zaraki qui pense que la demeure Kuchiki est devenue l'annexe de la onzième division. Pourtant, même si l'atmosphère avait perdu en sérénité, elle avait gagné en chaleur humaine. Voir le sourire d'Ichigo pour moi, n'a pas de prix.

Les couloirs défilent, tandis que mon pas s'entend à peine lorsqu'il touche le sol. Je ne rencontre aucune âme sur ma route, les invités sont à présent tous partis. Les domestiques sont retournés chez eux, ou dans leurs appartements. Seules les torches éclairent la maison, projetant au sol des ombres mouvantes.

Je m'arrête devant ma porte et je me rends compte que je tremble d'impatience. Mes paupières se ferment et je reste immobile, respirant profondément, prenant le temps de savourer l'instant. Les autres nuits ne seraient plus jamais les mêmes après tout.

Lorsqu'enfin, j'ouvre le fusuma de la chambre, mon cœur se met à battre plus vite, ignorant ma raison qui me commandait au calme. Il est là ! C'est tout ce à quoi je pensais. C'était idiot de ma part, nous nous étions à peine quittés quelques minutes plus tôt. C'était seulement plus fort que moi.

À ma grande déception aucune lumière, sauf si j'excepte le voile laiteux et translucide des rayons de lune qui baignent la pièce d'un halo argenté. Les portes coulissantes donnant sur le jardin sont grandes ouvertes, apportant un peu de fraicheur à la pièce surchauffée. Le tintement limpide du carillon accroché devant les shoji. Mon regard s'attarde sur la forme allongée endormie, Ichigo dort. C'est un peu de ma faute, j'avais insisté plus tôt pour qu'il aille se reposer. En même temps, je ne pouvais pas le blâmer.

Ce n'est pas tellement les missions qu'il enchaînait qui l'avaient épuisé, mais l'organisation d'une partie de la cérémonie de leur mariage. Même si le cercle des femmes shinigami avait dit le soulager, la gent féminine du Seireitei avait malmené les nerfs du nouveau capitaine. Un sourire inconscient se forma sur mes lèvres, en me remémorant certaines scènes cocasses et la mine boudeuse de son cher fiancé.

Je me rapproche doucement de la couche, et m'agenouille à ses côtés. Du bout de mes doigts, je frôle sa joue pour descendre l'arête de sa mâchoire. Sa peau est chaude, légèrement rugueuse. Ce contact me plaît, et sans le remarquer je me penche en avant. Sa respiration se modifie soudain plus rapide et mon geste se suspens. Son odeur taquine mes sens et un ange passe.

Je retiens mon souffle, tout en priant intérieurement pour qu'Ichigo se réveille. L'instant dura à peine quelques secondes... Puis, sa respiration redevient régulière. Un vague sentiment de déception m'envahit.

C'est alors que mon alliance reflète la faible lueur extérieure, me ramenant à la raison. Je dois enlever cette tenue de cérémonie lourde et inconfortable. J'envie Ichigo qui l'a retirée depuis au moins vingt minutes. Je me redresse à contrecœur.

Sur la pointe des pieds, je me dirige vers la salle de bain et me change. Je prends mon temps, la fatigue semble me fuir. À l'aide de mon pouce et index, je saisis le bas de mon visage et le tourne à droite, à gauche, une expression pensive sur les traits. Mes doigts remontent le contour de mon visage.

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