(2) La douleur de la trahison

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-Qu'est-ce qu'il y a à expliquer? Tu as baisé avec Gelgar. Il n'y a rien d'autre à en dire. Tu m'as trompé, Mike et tu n'as même pas eu la décence de venir me le dire en face. Dis-moi, s'il n'était pas venu t'embrasser sous mes yeux, est-ce que tu me l'aurais avoué un jour ou tu aurais continué à me prendre pour un con?

-Mais je t'assure que ça ne voulait rien dire! Ce n'était qu'une fois. J'étais saoul et c'était une mauvaise journée... il m'a fait des avances en premier. Je lui ai dit que c'est toi que j'aime et personne d'autre.

J'hésite entre rire et le frapper. Comment peut-il dire ça?

-Je me doutais que tu dirais quelque chose du genre. Tu sais, Mike, même si j'étais saoul, jamais je ne te ferais ça. Il y a déjà eu des gars qui m'ont tourné autour, mais je n'ai jamais succombé. Ça s'appelle être fidèle! Comment tu peux dire que tu m'aimes après m'avoir trahi? D'ailleurs, comment est-ce que je peux savoir si c'est la première fois ou pas? Comment je pourrais te pardonner et faire comme si tout était normal après ça?

-Erwin, je te jure que c'est la première et dernière fois que ça arrive. Gelgar ne vaut absolument rien pour moi. Je t'aime. Tu es le seul et unique qui compte à mes yeux.

-Tu parles, mais je ne sais pas si c'est vrai. Comment je peux savoir si entre vous ce n'est qu'une histoire de sexe ou pire, une histoire d'amour. Est-ce que tu lui dis « je t'aime » à lui aussi?

-Non... tu te fais des idées. Je te le jure. 

-Je ne peux pas te croire. Te pardonner est impossible pour moi. La confiance est la base d'une relation et tu viens de la perdre. Si je te pardonnais, explique-moi comment je pourrais ne pas m'inquiéter à chaque fois que tu me dirais que tu sors avec des amis? Je ne peux pas... désolé.

Les yeux de Mike se remplissent d'eau et les larmes viennent s'écraser sur ses joues que j'ai caressées tant de fois. Le voir souffrir est insupportable, mais cette fois, il le mérite. Toute pitié en moi s'est évaporé lorsque ce brun hideux est venu mettre sa langue dans sa bouche et que j'ai appris qu'ils ont forniqué. Où est-ce que j'étais, cette soirée-là? Est-ce que j'étais dans ma chambre, attendant comme le roi des imbéciles qu'il m'appelle pour notre conversation du soir? Au fond, je ne veux pas le savoir.

-Notre histoire ne peut pas finir comme ça, souffle le blond. Pas après tout ce qu'on a vécu ensemble. Erwin, toi et moi, on a franchi tellement d'épreuves. Une erreur ne peut pas tout gâcher.

-Tu n'avais qu'à réfléchir avant de te taper un autre gars.

-Donc tu ne me laisses vraiment aucune chance de me faire pardonner?

Mon cœur se tord brutalement, écrasé dans un étau alors que ce mot résonne dans ma tête. Le laisser... Il y a quelques heures encore, cette idée ne m'aurait jamais traversée l'esprit. Je m'imaginais passer ma vie à ses côtés, peut-être même l'épouser et élever un enfant avec lui. Je n'ai jamais imaginé mon futur sans sa présence et y penser, c'est terrifiant.

Ma vie tourne autour de cet homme depuis maintenant trois ans. Il est mon soleil et moi, une simple planète qui orbite autour de lui. Mike est mon meilleur ami, même l'unique à me comprendre. Lorsque j'ai une idée, un besoin de parler, c'est lui que j'appelle. Que vais-je devenir, maintenant qu'il quitte le tableau? Est-ce que l'avenir existe s'il n'est pas là pour m'y guider?

-Je ne peux simplement pas, soufflé-je après un instant de réflexion. C'est fini.

Mike laisse tomber son bras qui me bloquait jusqu'à maintenant le passage, le visage livide. Je le regarde une dernière fois avant de pénétrer dans l'appartement, faisant claquer la porte derrière moi. La noirceur de l'appartement est lourde, le silence est oppressant. Fini... Je viens de rompre avec mon petit ami. Que dois-je faire, maintenant?

Désormais qu'il n'est plus en face de moi et que la solitude me submerge, je peux laisser les larmes couler. La dernière fois que j'ai tant pleuré, c'était au divorce de mes parents. Pourtant, Mike se tenait à mes côtés, la main sur mon épaule pour m'aider à cheminer. Pourquoi a-t-il dû coucher avec ce gars? Pourquoi me force-t-il à devenir seul? Il était mon pilier. Pour lui, j'aurais donné ma vie.

Je me laisse glisser le long de la porte d'entrée, laissant tomber ma tête entre mes mains, incapable de contenir le torrent qui inonde mes doigts. Au moins, je ne risque pas de réveiller un de mes colocataires. À cette heure, Eren doit faire la fête dans un bar du coin et Jean doit être parti chez son petit ami ou chez ses parents. Quant à Livai, il est toujours enfermé dans sa chambre, comme un ermite qu'on ne voit que les bons jours. Si ça se trouve, il est un vampire et la vue du soleil le terrifie.

Ma respiration devient saccadée et j'ai du mal à retrouver mon souffle tant mon cœur me fait souffrir. J'ai envie de me l'arracher et de le jeter dans un gouffre, là il ne pourra plus me torturer. Tomber célibataire, c'est horrible.

Alors que je redresse la tête pour essuyer mes yeux du revers de la main, j'aperçois une petite silhouette qui me dévisage dans l'ombre, le visage stoïque et un verre de jus d'orange à la main. Ses cheveux couleur d'ébène pendent sur son front tel un rideau de ténèbres qui contraste avec la pâleur de son teint de porcelaine. Vêtu d'un étrange pyjama velu, il est difficile de savoir ce que pense Livai Ackerman.

Depuis que j'ai aménagé dans cet appartement, je n'ai jamais réussi à comprendre cette anomalie sociale. Il est comme un fantôme qui partage mon logis, un être surnaturel à qui je n'adresse la parole que par politesse, lorsque la situation le requiert. En ce moment, a-t-il pitié de voir l'épave que je suis déverser l'entièreté de l'eau dans mon corps sur le plancher? Cette image doit être repoussante.

-Pourquoi tu me regarde comme ça? craché-je. Tu n'as rien de mieux à faire!

L'homme de petite taille hausse un sourcil, probablement choqué par le ton brutal que j'ai employé pour lui parler. Il ne mérite pas la colère je lui déverse, mais je hais être surpris dans cet état de pure faiblesse. Les gens n'ont pas le droit de savoir ce qu'abrite mon cœur, surtout les étrangers. Me faire dévorer un bras serait moins douloureux que le drame que je vis actuellement.

-Oi, je ne suis pas le type qui t'a mis dans cet état, donc parles-moi mieux, réplique Livai avec calme. Il était qui pour te faire aussi mal?

-Ce n'est pas de tes affaires.

-Comme tu veux. Il t'a largué?

Je lui jette un regard dédaigneux. Lui qui ne parle presque jamais, je suis choqué de l'entendre me poser des questions indiscrètes. Il doit en avoir suffisamment entendu pour comprendre, de toute façon. La blessure est encore trop fraiche pour que j'en parle à voix haute.

D'un geste chancelant, je me relève, puis sans regarder mon colocataire, je pars m'enfermer dans ma chambre en claquant la porte. Mes yeux se posent sur le cadre photo qui décors ma table de chevet, me donnant l'impression de recevoir une gifle. L'image représente Mike et moi lors de notre premier voyage. C'était en Irlande, un moment mémorable.

Pris d'une rage soudaine, j'agrippe le cadre que je jette contre le mur de toutes mes forces. Ce dernier explose en morceaux, éparpillant de la vitres sur le sol. J'ai envie de tout détruire.

Mon coloc ~Eruri~Where stories live. Discover now