Untitled Part 4

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Je n'utiliserai pas cet événement pour définir qui je suis, ou modifier la perception que j'ai de moi-même. Ne fais pas ça non plus. Je ne dois pas, je ne suis pas, et je ne serai pas effrayé par ma sexualité. Je suis fière et parfois stupéfaite d'avoir trouvé en moi-même la force de me battre, de me battre contre lui, de me battre contre les discriminations de ce genre, de prendre la parole, et de mieux me connaître avec ce qu'il s'est passé. Je dois apprendre à m'aimer, et apprécier tout ce que j'ai fait. Je refuse de laisser ma vie s'effondrer à cause de ça. Même aujourd'hui j'écris pour pouvoir oublier la douleur insupportable que m'a provoqué ce terrible moment inoubliable. Il y a longtemps qu'on ne s'est pas parlé. Le temps a couru et les années sont passées. Je ne sais pas ce que tu es devenu. Pourtant, tu existes encore en moi, involontairement. Tu es une partie de qui je suis et je serai toujours une partie de toi. Deux personnes anciennement amoureuses dont l'existence est tragiquement liée. Il m'arrive de penser à toi. Moins souvent maintenant, beaucoup plus avant. Tu sais, j'ai gaspillé beaucoup de mon temps à me demander pourquoi cela est arrivé. J'ai réécrit l'histoire des centaines de fois, cherchant et tenant humainement de comprendre les tiennes. J'ai rêver de me venger, fantasmé de ta souffrance et ton existence dans mes incalculables nuits blanches. J'ai hurlé en silence et pleuré sans pouvoir faire couler mes larmes de désespoir. Tu as déversé une partie de ta noirceur en moi et volé une partie de mon âme. Tu m'as brisée en plus de morceaux que je ne serai jamais capable d'assembler et marquée plus intensément encore que tout ce que j'aurais pu imaginer. Je me suis sentie vide, complètement creusé et dépossédée. J'ai encore mal parfois et je continue de remplir ce trou avec tout ce que je peux . J'ai peur du silence, je l'occupe constamment. Je me méfie des gens, des garçons, par ta faute, je n'est plus la force d'aimer, ou plutôt j'ai peur d'aimer. Je les laisse rarement m'approcher et encore plus difficilement m'aimer. J'ai du mal à dormir et tu contrôles encore mes rêves ou plutôt, mes cauchemars par moments. Je ne possède plus ma sexualité depuis longtemps, elle ne ressemblera jamais à ce que j'aimerais. Tu sais, je ne saurai jamais qui j'aurais pu être si on ne s'était jamais rencontrés. Tristement, mais heureusement, je suis devenue qui je suis. Tourmentée, anxieuse et complètement méfiante, mais tellement plus courageuse et puissante. Je n'effacerai rien, ni ce que tu m'as fait subir ni ce que j'ai dû affronter pour m'en relever. Je suis heureuse et fière de qui je suis devenue. J'espère que tu as avancée et trouvé la lumière quelque part en toi. Je suis persuadée qu'elle existe. J'espère que ton mal de vivre a cessé de te dicter ta conduite et qu'on t'a aider à te guérir. Mon indépendance, ma joie de vivre, la douceur et la stabilité qui m'habitaient jusqu'alors ont été complètements détruits. Je suis devenue associable, colérique, je me déprécie tout le temps, je suis épuisée, irritable, vide. Cette sensation d'isolement est devenue insupportable. Tu ne peux pas me rendre la vie que j'avais avant cette fameuse après-midi. Alors que tu t'inquiètes au sujet de ta réputation, ma vie se résume à mettre chaque soir des cuillères dans le frigo pour que, à mon réveil, quand mes yeux sont gonflés à force d'avoir pleuré, je puisse les mettre pour les dégonflés et tout simplement voir. Je ne peux plus dormir sans une petite lumière allumé, comme quand j'avais six ans, car je fais des cauchemars dans lesquel on me touche et je ne peux pas me réveiller. Pendant trois mois, je me suis couchée à six heures du matin, lorsque le soleil se levait et que je me sentais suffisamment en sécurité pour m'endormir. J'ai peur de me promener le soir, d'aller à des soirées avec mes amis alors que je ne devrais pas me sentir en danger en leur présence. La peur de vivre tout simplement .Tu n'as aucune idée de ce que cela m'a coûté de reconstruire toutes ces parcelles de moi qui sont encore faibles aujourd'hui. Cela m'a pris quatre ans pour me mettre à parler de ce qui s'est passé. Je n'arrivais plus à voir mes amis, à voir quiconque. J'étais terriblement bouleversée et encore aujourd'hui. Mais à garder le silence toutes ces années, mon état psychologique et physique s'est peu à peu dégradés: crises d'angoisses, dépression, fatigue. Je me rends compte, maintenant que je me sens en droit de parler, que mon récit rencontre souvent, minimisation, gène, silence... Il est très difficile de parler de viol, et encore plus difficile d'être accueillie dans cette parole. Et il n'est pas étonnant que tant de victimes renoncent. Après avoir dépassé la honte, la culpabilité. Il faut encore faire face à la malveillance, à l'indifférence, à la honte, dans les yeux de l'autre face à ce tabou absolu. J'aimerais attirer votre attention, vous, cher lecteur, sur ce point. En termes de prévention et de réhabilitation, il me semble essentiel que des campagnes de sensibilisation soient menées, envers les hommes et les femmes, pour rassurer enfin les victimes... Pour briser la culpabilité dès l'arrivé d'un viol... Pour que les victimes osent enfin parler... Pour qu'elles ne soient pas mal reçues mais au contraire soutenues, épaulées...

L'éducation de chacun est si peu construite. Je veux attirer votre attention, surtout sur la culture entourant le victime de viol malheureusement, la honte n'a pas changé de camp, elle demeure du côté de la victime, dans le regard qu'elle pose sur elle-même, mais aussi sur le regard que tous lui renvoient, et, parfois, avec les meilleures intentions du monde... Il est primordial pour moi, de faire avancer les choses. Si j'ai survécu, si je ne suis pas morte, alors que j'ai pensé tant de fois à mettre fin à ma vie, parce qu'elle était trop douloureuse, c'est parce que j'ai envie de mener ce combat. Je voudrais témoigner des conséquences du viol, en ce qu'il est douloureux, si douloureux qu'on ne peut jamais l'effacer tout à fait... 

La force de revivreWhere stories live. Discover now