Untitled Part 1

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Prologue

Pour sortir de la honte, mettre des mots sur ses souffrances, se sentir enfin reconnue comme victime et se rapprocher d'autres personnes qui nous comprennent, pour faire un premier pas sur le chemin de la reconstruction... Parler des violences subies dans l'enfance est essentiel, même si cela s'avère souvent difficile ou si cela peut faire peur. On sait qu'une agression sexuelle a des conséquences immédiates comparables à celles d'un choc violent. Les femmes agressées sexuellement, disent souvent avoir eu la conviction profonde, à un moment ou à un autre, qu'elles allaient mourir. Le regard de l'agresseur, sa violence, la façon dont il traite la victime, provoque chez elles un ouragan d'émotions, de peur, une paralysie psychique et parfois même physique.

Lors d'agressions sexuelles, le traumatisme est aggravé par le fait que le mal est infligé par un autre humain, en contact direct avec sa victime et au mépris de son refus, de sa peur et de sa souffrance. L'acte d'un homme peut complètement détruire la confiance et l'estime d'elle même de la femme. Il peut également déformer gravement sa perception des hommes et de la société, avoir le sentiment, aggravé par le fait de connaître l'agresseur. L'agression sexuelle blesse la partie la plus intime de la femme, de son corps tout comme de son esprit, et de sa relation à elle-même et aux autres. Il faut savoir qu'au début d'une agression, l'alarme d'un être humain fonctionne en libérant une grande quantité d'adrénaline, afin de préparer la personne à la réaction ou tout simplement à la fuite, Dans ces moments là, on a des difficultés à admettre la réalité: « Ce n'est pas possible, ça n'a pas pu m'arriver» Et on me prend pour une folle. Sous l'effet du choc de l'agression, la femme passe par toutes sortes d'états qui lui donnent l'impression d'être en plein cauchemars. Ces réactions entraînent généralement une sorte d'arrêt psychologique, une paralysie des membres, ce qui l'empêche d'agir.

Tout est bloqué.

Faire le choix de se taire, c'est faire le choix de la vie. Les violences sexuelles ne sont pas des contes, visant à effrayer les jeunes filles, ce sont des histoires qu'il faut avoir le courage de raconter... J'ai subis un viol, et j'ai fait de ces blessures une arme pour changer le monde. Ces blessures ont étaient de réelles impacts dans ma vie... Je n'est jamais réussi à oublier ces terribles moments qu'une femme peut subir... Pour moi ce sont des traces indélébiles. C'est difficile de réagir dans ces moments là, en lisant mon histoire, je suis certaine que vous comprendrez.

J'écris en cette soirée froide de novembre, presque 4 ans après que tu m'est violée, car c'est la première fois que je me sens suffisamment forte pour le faire. J'écris parce que cette après-midi nous nous sommes rencontrés à nouveau, mais dans un contexte totalement différent. Tes mains étaient dans tes poches et pas agrippées à mon corps. Ton regard était dirigé vers le sol, et pas braqué avec envie sur moi. Mais tu n'avais pas réussi à me bloquer et à me garder contre ma volonté, car cette fois la porte était fermée derrière toi, protégée par un agent de police armé, et à l'intérieur de cette salle, tu t'es retrouvé confronté à trois juges, ainsi qu'à mon avocat qui se trouvait à mes côtés...

Ceci est la scène que j'imagine, lorsque j'aurais dû porter plainte contre toi. Et oui, car maintenant je me sens bloquée, impossible de sortir comme les autres de mon âge. Tu m'a fait souffrir. Cette image que j'ai de toi, ne changera jamais. J'aurais dû porter plainte contre toi, peut être que j'aurais pu avancer sur ce terrible cap de ma vie. Je dois écrire pour que des hommes comme toi, ou des femmes comme moi puissent ressentir ce que j'ai vécu, mais aussi et surtout pour m'en libérer. J'écris afin d'exprimer mes pensées les plus profondes, pour te montrer que même si tu est toujours libre et pas en prison comme je l'aurais voulu, je me sens plus protégée que jamais grâce aux amis et à ma famille qui m'entourent et m'aident à avancer. J'écris, afin que tout le monde et moi-même puissions voir ces mots s'assembler pour former une histoire si laide et bouleversante. J'écris parce que je suis fatiguée d'entendre de tels récits. J'aimerais que nous puissions comprendre comment et pourquoi nous avons encore à nous battre contre la réalité violente et choquante du viol, la gravité de l'agression sexuelle, et de comprendre pourquoi la société à toujours minimisé le rôle du violeur et de blâmer les femmes dont le corps a été brisé.

Je veux que les hommes lisent mon histoire et se sentent aussi mal que les femmes qui ont vécu de telles choses. La justice a posé sur les intentions des violeurs, plusieurs termes pour définir leur état psychologique. Infantile, malade, dérangé, narcissique. Un père absent, une mère étouffante, pas de travail stable ou aucune éducation, les mensonges et par conséquent leurs incapacité absolue à appréhender la gravité de ce qu'ils ont fait, de comprendre la différence pourtant clair entre « Je veux » et « Je ne veux pas ». Mais honnêtement, je n'ai pas envie de m'attarder sur les détails de leurs vie pour chercher des excuses aux hommes qui ont essayés de montrer devant le monde entier qu'il a entendu « STOP » et qu'il ne comprenait pas. Pourtant il n'y a rien de compliquer à comprendre dans « NON » ou « STOP ». Mais la seule chose qu'il a trouver à faire, c'est de me plaquée contre le sol, d'ébranler ma sexualité, ma pudeur... Il a essayé d'abuser de moi, de me bloquer dans cette endroit, comme un animal, sans personne autour... Personne pour me venir en aide, personne pour le faire partir... Non... J'étais seule, tellement seule face à ce prédateur sexuelle. Son regard a croisé le mien, et j'ai capté ce sourire malveillant. Oui, c'était mon petit copain, seulement ont était beaucoup trop jeune et non c'est NON ! Tu disais que ce que tu avais fait a duré quelques minutes, pas que tu m'avais emmené dans un endroit sombre pendant vingt minutes au cours desquelles tu m'avais enlever mes vêtements, me toucher, ou même me lécher le sein et la partie intime, m'avais projetée sur le sol et m'avais violé. Tu avais dit que tu étais sur moi, sur le sol, parce que j'ai glissée, et pas parce que, après t'avoir repoussé d'entre mes jambes tu avais retourné mon corps et m'avais mise à terre, en me bloquant et me tenant grâce à ton poids. Il m'étais impossible de hurler, sinon tu allait me foutre une baffe comme tu le disais. Tu avais dit que tandis que tu m'a jetée par terre, en écartant mes jambes et en te plaçant entre elles alors que je pleurais et criais, abaissant mon pantalon, jusqu'à mes chevilles et révélant les parties les plus sensibles et les plus vulnérables de ma personne, tout ce que tu avais fait, c'était de me toucher une ou deux fois, mais qu'en réalisant que j'avais mes règles et une serviette hygiénique, après avoir essayé plusieurs fois d'enfoncer tes mains sales à l'intérieur de mon corps, tu avais décidé de t'arrêter. Nous savons tous deux que c'est faux. Tout le monde savais que c'était faux. Parce que ce n'est pas toi qui avais décidé de t'arrêter. C'est moi qui suis parvenue à me défendre. Ton regard était noir et perçant, et tu m'avais dit que t'en avais rien à foutre que je dise non, que j'aie mes règles. Tu m'avais tenu de ton bras lourd contre ma poitrine pendant que tu abusais de moi, pendant que tu défaisais ta ceinture et enlevais mes sous-vêtements, en me maintenant les jambes écartées. Alors que je me débattais, criais et pleurais, tu m'avais maintenue, forcée et avais blessé des parties de mon corps auxquelles, en aucune façon, je ne t'aurais permis de toucher. La seule chose qui t'as empêché de terminer ce que tu voulais faire, c'était ce qui t'a conduit à m'agresser sexuellement: ma sexualité. Tu la bien mérité cette baffe. J'espère qu'aujourd'hui cette marque tu la encore, car moi cette trace que tu m'a faite ne s'effacera jamais, elle séjourne au plus profond de moi. Ce n'est pas facile de faire ce que j'ai fait aujourd'hui : Raconter mon histoire. Je voulais me libérer. J'ai mobilisée toutes mes forces, nourrie par une rage intense, furieuse de ces mensonges, furieuse de ne pas te voir reconnaître ce que tu m'avais fait, furieuse que tu as essayé de profiter de ce dont tu ne pouvais pas profiter. 

La force de revivreWhere stories live. Discover now