1 - Première approche (2)

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Vince

Je me racle la gorge pour attirer l'attention de Chloé et lui fais discrètement un signe de tête. Son regard se tourne un instant vers le couple que je lui désigne. Son clin d'œil m'apprend qu'elle a saisi le message. Elle s'engage alors dans une conversation enjouée sur des anecdotes vécues sur un plateau télé afin de captiver son entourage. Une main sur la hanche, des battements de cils exagérés, un sourire éclatant, il n'y a pas à dire, Chloé sait changer son attitude. Tous les hommes du groupe se tournent alors vers elle, subjugués par sa sensualité.

Je souris, satisfait par son petit numéro.

— Impressionnant, admet une voix à mes côtés.

Je me tourne vers Caroline qui a laissé échapper ces mots. Elle paraît intriguée par la prestation de Chloé, ce qui est rare de la part d'une femme. D'habitude, elle suscite plutôt de la jalousie.

Cet intérêt m'arrange. Je peux me rapprocher sans qu'elle s'en aperçoive, je m'arrête lorsque nos bras se frôlent. Ce contact m'électrise. D'ailleurs, je ne suis pas le seul. Caroline a un mouvement de recul, ses yeux s'écarquillent tout en me dévisageant.

Putaing, encore ce regard.

Il y a quelque chose de déconcertant qui transparaît chez elle. Quelque chose que je n'avais pas prévu. Qui attise mon désir, contre toute attente. Évidemment, Caroline entrouvre les lèvres à ce moment-là et déglutit.

Elle veut ma mort, là.

— Félicitations pour votre contrat, lui dis-je en levant ma coupe dans sa direction avec un sourire charmeur.

Reprends le contrôle, bon sang.

— Merci, répond-elle d'une voix humble. La notoriété de Monsieur Kolin va nous permettre de lancer notre premier modèle de téléphone auprès d'un large public.

— C'est en effet un marché très compétitif avec de nombreux concurrents. Il fallait leur rentrer dedans, vous avez bien fait.

Cela doit la surprendre que j'en sache autant sur les conditions de ce lancement, alors que nous ne sommes pas dans la même branche, car elle lève soudain les yeux vers moi. Elle me détaille un moment, sourcils haussés, et petit sourire en coin. Je l'amuse, on dirait bien.

— N'est-ce pas ce que vous avez entrepris vous-même ? finit-elle par répliquer en plissant les yeux. Les industries BioRoLab sont réputées pour ne pas faire de cadeaux à leurs adversaires.

— Nous avons une politique agressive dans mon entreprise, effectivement, admets-je volontiers. À vrai dire, je n'aime pas les gens qui s'enrichissent sur la santé des autres.

— Je suis d'accord avec vous sur le principe. Mais atteindre son objectif en mettant quelqu'un à terre n'est pas très charitable. Et c'est le sort que vous réservez à vos principaux concurrents, n'est-ce pas ?

Ma réputation me précède, à ce que je vois.

Il y a comme du reproche dans sa voix. Elle me juge ? J'en rirais presque. Elle n'est pas au poste de P.D.G. depuis bien longtemps et, si mon enquête me le confirme, elle n'y est pas pour les bonnes raisons. Qu'elle n'aille pas s'imaginer que nous sommes sur un pied d'égalité !

— C'est mangé ou être mangé dans ce genre d'affaires, expliqué-je avec un rictus.

— La loi du plus fort, donc, murmure-t-elle, le regard dans le vague.

— Oui. Je préfère dominer, voyez-vous, conclus-je en la dévisageant avec insistance.

Ses yeux accrochent les miens. Comme je m'y attendais, elle rougit. Ses doigts tremblent légèrement lorsqu'elle passe quelques mèches de cheveux derrière son oreille. Elle semble gênée et cherche du soutien du côté de Gaëtan. Heureusement que ce dernier est toujours en admiration devant Chloé qui étoffe son discours de quelques rires. Son auditoire est charmé.

Love target (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant