9 - Tea Time

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8h. Je me lève avec peu d'entrain. Je suis de repos aujourd'hui et franchement je serais bien restée au lit un peu plus longtemps. Mais si je ne me bouge pas un peu je n'arriverai jamais à me raffermir les jambes comme je le voudrais. Direction la salle de bain pour voir ma tête. Mouais, il y a du mieux mais je ne retrouverai pas mon teint de pêche avant quelques jours. Hier soir, ma mère fut très étonnée de mon état, vu qu'elle n'avait eu aucune réaction de son côté. Elle avait préparé tout un panier garni de soins maison pour ma cousine. Le panier sera du coup offert à l'une de ses amies. Entre nous Je ne sais pas si c'est vraiment un cadeau. J'avais pu sauver quelques tartelettes de la réception et mon père n'en fit qu'une bouchée. Ma mère, elle, fut ravie du bouquet.

Bon, quel est le programme aujourd'hui ? Ménage on avait dit. Franchement, ce n'est pas si sale ? Au moins passer l'aspirateur. Mais pour l'heure, je vais aller courir un peu. Il y a un parc à deux pas de chez moi et je compte bien en profiter avant qu'il ne fasse trop chaud. Où est passé ma tenue ? J'arrive à remettre la main dessus tant bien que mal, il faut dire qu'elle n'a pas servi depuis un petit moment. Zut elle est un peu petite, elle sert drôlement à la taille. C'est terrible tous ces tissus qui rétrécisse au lavage ! J'enfile ma paire de baskets flambant neuves – d'il y a deux ans – et prend mon brassard pour y accrocher mon téléphone et courir en musique.

Il fait doux ce matin, je sors de chez moi tranquillement et croise Mme DUBREUIL qui promène son petit chien. Elle me fait signe de venir la voir et j'hésite un court instant à l'ignorer. Bon ok ce n'est pas très correct.

— Bonjour, comment allez-vous ?

— Bonjour ma chère, je suis contente de vous rencontrer, je ne vois pas grand monde ces temps-ci, mon fils travaille beaucoup et je ne le vois pas souvent. Pourquoi ne viendriez-vous pas prendre le thé cet après-midi à la maison ?

— Eh bien je ne sais pas Mme DUBREUIL, vous savez je...

— Juste une petite demi-heure mon enfant, ce n'est rien une demi-heure quand on est jeune comme vous ! Je vous promets que je ne suis pas ennuyeuse vous verrez !

Elle me fit les yeux les plus doux du monde et battu des cils comme dans les films ! Mme DUBREUIL était vraiment une gentille dame et il est vrai que tout le voisinage appréciait beaucoup cette femme. Son petit chien me léchait le mollet et se mit debout sur ces pattes arrières pour essayer de renifler ma main. Je me baisse pour le caresser un instant, il était tout content.

— C'est d'accord Mme DUBREUIL, je serais très contente de passer cet après-midi pour prendre le thé avec vous.

— Ah c'est gentil ! Regardez comme elle vous apprécie ! c'est rare elle est plutôt méfiante avec les gens qu'elle ne connait pas ! Voilà qui est gravé, je vous dis à tout à l'heure, passez quand vous voulez.

Bon voilà que je n'ai plus le choix. Je reprends mon chemin pendant que la vieille dame s'apprête à rentrer dans l'immeuble. Je commence quelques foulées plutôt soft, jusqu'au parc. L'ombre des arbres en fleurs, l'étang envahit d'oiseaux, les papillons colorés, tout dans ce paysage appelait au calme et à l'apaisement. L'endroit était idéal pour se ressourcer et retrouver un fessier en béton. Go ! Un tour, deux tours, troisième tour, mes jambes me font déjà mal, et je manque de perdre un poumon. Je m'arrête quelques instants pour faire un ou deux étirements, tout près d'un cygne qui était sur le bord de l'étang. Je m'approche discrètement de l'animal majestueux, pour le regarder de plus près toiletter son plumage. Il relève la tête et m'observe également de son côté, faisant un pas vers moi.

Moment magique, j'ai l'impression d'être dans un conte et me dit que l'animal est prêt à communiquer avec moi. Il dresse son cou en avant et se rapproche davantage. Pensait-il que j'allais le nourrir ? Était-il intrigué par cette présence humaine qui l'observait ? C'est alors qu'il émet le grognement d'un vélociraptor, puis commence à battre des ailes et s'avance vers moi, avec un air franchement menaçant. Je fais demi-tour sans demander mon reste et l'animal me poursuit sur plusieurs mètres, en poussant des cris et cherchant à me pincer les jambes ! Je n'ai jamais couru aussi vite... Quelle saloperie ! Le tout évidemment sous les regards amusés d'un petit groupe de coureurs, qui eux, devaient savoir que le cygne n'était pas aussi aimable que sa splendeur le laissait croire. Pensez-vous que ces hommes soient venus à mon aide ? Pff. Bon de toute façon j'ai trop mal aux jambes pour continuer aujourd'hui. Pour couronner le tout je finis à la boulangerie du coin, et repars, honteuse, avec un croissant en main. En tout cas, je retiens quelques bonnes leçons : la beauté ne fait pas tout, le sport peut être dangereux et ne pas compter sur un homme pour vous venir en aide.

Un soupçon d'audaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant