Crie plus fort

01.

***

– Zizi, tu me boudes ? je lui demande en m'agenouillant assez pour contempler ses sourcils froncés.

– Non, elle dit simplement.

– Ah ouais ? je surenchéris. Eh ben alors c'est quoi ces bras croisés, là ?

La gamine d'un mètre cinq souffle longuement avant de relever la tête pour enfin me faire face. Ses longs cheveux bouclés attachés en une demi-queue de cheval recouvrent ses épaules et je me permets de replacer une mèche de ces derniers derrière son oreille droite, à laquelle est accrochée une petite créole en or.

– Bon, je m'impatiente, tu vas finir par parler ou pas ?

– Le truc, elle commence après avoir soufflé une énième fois, c'est qu'à l'école... on se moque de moi.

– Quoi ?! mains plaquées contre torse, je surjoue en m'offusquant. Qui ose se moquer de ma chaire ? Mon sang ? Et pourquoi ?

Comme une évidence, elle lève les bras au ciel et répond à gorge déployée :

– Parce que tu m'habilles comme un garçon et que tu m'appelles Zizi !

Je cligne trois fois des yeux successivement tant le choc est grand.

– Alors premièrement, je commence, c'est pas parce que je t'habilles pas avec du rose et du violet que t'es pas une fille. Tu le sais ça, hein ?

– Oui, je sais.

– Secondement, je poursuis en lui attrapant les épaules, qui est ce qu'ils dérangent tes vêtements, eux ou toi ? Parce qu'aux dernières nouvelles, tu les adores tes pulls et tes pantalons de jogging.

– Moi je les aime mes vêtements, elle me répond, mais pas quand on se moque de moi.

– Eh, je l'interpelle, si il faut bien retenir une chose dans la vie c'est que les autres on les emmer– je me rétracte après m'être souvenue que je m'adressais à une enfant de quatre ans, on les embête. Tout le monde doit porter les vêtements de son choix, peut importe si les autres les trouvent moches, ou considèrent qu'ils sont pour les garçons. Si toi tu les aime alors rien d'autre n'a d'importance, tu comprends ?

– Oui.

– Très bien, je dis fièrement. Et pour ce qui est de ton surnom, eh bien c'est la même chose. Sois-en fière, ils se moquent parce qu'ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre qu'il n'a rien avoir avec la partie intime. OK ?

– OK, elle sourit.

– L'important c'est de s'en foutre, c'est difficile, mais si tu leur montre que t'en as rien à faire, ils cesseront les moqueries. C'est scientifiquement prouvé.

– Ça veut dire quoi « 'fiquement prouvé » ? elle peine à cracher le mot.

– À part ça t'as compris ce que je t'ai dit ?

– Oui, tout compris.

– Alors oublie la science, je dis en la gratifiant d'un bisous sur la joue. Maintenant, va falloir que t'ailles ranger ta chambre, maman va pas tarder à rentrer et tu seras pas la seule à te faire engueuler si c'est pas fait.

— Oui, papa !

Ses sourcils froncés d'il y a cinq minutes ne sont pour moi plus qu'un lointain souvenir quand je la vois s'éloigner et s'exécuter. Ça peut paraître cliché mais depuis qu'elle a vu le jour, je me demande comment j'ai pu vivre sans elle tout ce temps. Je m'efforce de me souvenir de comment était la vie avant elle mais je n'y parviens pas. Ce que je l'aime ma fifille. Elle va terriblement me manquer.

***

JE TE CROIS PAAAAAAS ! Retour sur vous mainon ???????? Je suis en tachycardie mes vies