Chapitre 1 : A la recherche d'une lumière

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prison : Lieu de détention où sont enfermés les prévenus, les condamnés.

prisonnier  : Personne détenue en prison. Enfermé, privé de liberté.

poésie : Forme d'expression littéraire caractérisée par une utilisation harmonieuse des sons et des rythmes du langage, et par une grande richesse d'images. Art trop subtil pour un prisonnier.


Un homme et une jeune femme arpentaient les couloirs glauques. Leurs pas résonnaient comme un glas et produisaient un écho glacial. De sinistres néons verts pendaient et agonisaient au plafond. Ils éclairaient de leur faible lumière les nombreuses grandes portes alignées sur ces murs sales. Une odeur de sueur, d'haleine d'hommes envahissait le bâtiment.

La jeune femme, munie d'un sac à dos et revêtue de vêtements simples et difformes, tremblante, semblait apeurée avec l'envie de partir au plus vite. Tout en marchant, elle baissait la tête, absorbée par ses vieilles chaussures. Ses cheveux roux aux reflets cuivrés cachaient son visage tout en formant de fines bouclettes, ondulant gracieusement et reposant sur ses épaules. Sa toison flamboyante contrastait avec le teint laiteux de la demoiselle. Ses joues étaient poudrées de quelques tâches de rousseur. Elle avait d'étranges yeux bleus, semblable à des pierres précieuses, deux agates, d'une beauté mystérieuse. N'osait-elle regarder les tristes couloirs pour ne pas souiller ses pupilles ? Son visage fin se terminait d'une délicate bouche sèche, légèrement gercée. Ses lèvres, d'un rose pâle, ressortaient toutefois. De temps à autre, elles laissaient échapper un petit souffle pour faire déguerpir une mèche de cheveux.

On la baptisait Salomé.

A côté d'elle se tenait un surveillant, habillé d'un pantalon et d'une veste bleue. Il agitait dans sa main un trousseau de clefs. Cet homme d'une carrure assez imposante respirait nerveusement, telle une bête.

- L'entretien a lieu en dehors de la présence d'un surveillant, récita-t-il. L'objectif du visiteur est de faire prendre conscience à la personne détenue de ses richesses et de ses manques et de l'aider à bâtir un projet d'avenir cohérent et réaliste.

La jeune fille hocha la tête, essayant de retenir les paroles du gardien. Ce dernier la laissa devant une porte vitrée entrouverte, donnant sur une petite salle où étaient disposées quelques tables en bois et des chaises. Un des murs était entaillé de petites fenêtres consentant des timides rayons de soleil.

Un détenu était assis au milieu de la place. Seul.

C'était un grand jeune homme, les épaules carrées, une silhouette taillée. Ses cheveux, d'un noir intense tel le plumage d'un corbeau, dépérissaient jusqu'au niveau du menton. Lisses hormis quelques mèches rebelles fourchues. Le visage dur, marqué d'un nez aquilin, des sourcils broussailleux et des lèvres pincées, un menton mal rasé et entaillé de cicatrices, il paraissait avoir traversé de nombreuses épreuves. Lorsqu'il posa son regard sur la visiteuse, celle-ci frissonna et détourna aussitôt la tête. Elle se sentait terriblement honteuse de l'avoir fixé pendant autant de temps.

Salomé se rapprocha timidement du condamné, puis tendit la main.

- Bonjour... Je m'appelle Salomé Everitt...

- B'jour. Chris Carter.

- En...enchantée ! bégaya-t-elle

Elle s'assit sur une chaise devant le détenu. Elle fut absorbée par les iris orageux du jeune homme. Quelques éclairs noirs fendaient le gris acier. Ils étaient lourds de profondeur.

La visiteuse fut gênée par le silence qui s'était installé. Elle ne savait que dire et craignait d'être ridicule. Elle devait parler, sinon l'arrêté penserait qu'elle était effrayée. Elle se souvint alors d'une phrase dite par le gardien. « Vous êtes mandée car ces détenus ne reçoivent pas de visite.». Elle ressentit alors de la peine pour l'inconnu qui se tenait devant elle.

L'envol du corbeau et le chant de la mésangeWhere stories live. Discover now