Il pleure dans leurs cœurs

168 23 5
                                    

Publié le 13/07/2019

Ce texte est inspiré d'une impression d'un moment (à la manière du recueil Tu sais) et du poème « Il pleure dans mon cœur », de Paul Verlaine (Romance sans parole, 1874) dont les citations sont en italique.

Alors qu'il pleure dans mon cœur, des gouttes perlent à ses yeux. Sa création, bien qu'imparfaite, découpée, tuée sous ses yeux par la main innocente. Elle avait pourtant bien dit « faut pas y toucher », mais qu'importe. Le rectangle de papier tombe lentement au sol, ballotté de gauche à droite. Ses pensées sont confuses, le cri part tout seul. Après les confidences viennent les remontrances. Le riz long grain n'y est pour rien, « il faut » qu'elle se remette en cause.

La solitude l'accompagne depuis le néant, jusqu'au néant. Quand elle croit l'avoir semée, elle l'aperçoit cachée, derrière un arbre ou sous un cahier. Pas de répit pour les maudits. Lorsqu'elle est entourée, elle se sent plus seule que jamais. Ses amis ne voient pas le gouffre qui se creuse ; il prend de plus en plus de place dans son cœur, petit cœur qui ne cesse de pleurer. Mais elle n'est pas comme Paul ; quand il pleut sur la ville, le calme revient. Bercée par le bruit des gouttes, elle oublie un instant la progression du vide.

Mais le vide revient toujours. Quoi qu'elle fasse, il n'est jamais loin. Le vide, l'absence d'amour, de confiance. Que viennent combler – à regret – amertume et méfiance. Puis, après les remords, en résumé : le vide de vie. Qu'est-ce qu'une vie, pour un cœur qui s'ennuie ? Précieuse, encore. Mais, pour un cœur qui s'écœure, il n'y a plus d'intérêt à observer au dehors. L'éclat s'est terni. Alors apparaît l'idée de la mort.

La mort ; quand l'âme est dans le noir, la mort apparaît comme le seul espoir. D'abord vague idée, elle grandit jusqu'aux côtes. Après plans et impulsions, le compas entre dans la chair et l'océan ne se tarit pas. Lorsque la houle, déchaînée, détruit les premières maisons, la paupière se soulève et, alourdie par les pleurs, elle réalise les dégâts causés.

S'ensuivent peine et remords, jusqu'à la génération suivante où, sans amour et sans haine, le vent de mort souffle sur les corps et envahit les cœurs.

Écrit le 14/01/2019

Artbook (mais pas que)Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz