Où l'on fait connaissance... - 2

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Hermione se raidit, et Harry sent ses propres membres se crisper. Quand il pense à Pansy Parkinson – ce qu'il évite de faire autant que possible – il ne ressent rien d'autre que du mépris, ce qui le met hyper mal à l'aise. Il n'a pas envie d'être le genre de mecs qui méprise les autres. Alors elle a qu'à ne pas être méprisable, intervint une petite voix un peu pimbêche dans sa tête, et il ne voit pas comment aller contre la logique de cette déclaration. 

Pansy se précipite à travers la porte comme si elle était poursuivie par tous les Détraqueurs d'Azkaban, et elle la ferme dans un claquement sonore qui fait sursauter Harry, si bien qu'il se cogne à nouveau le coude dans le mur. Il va finir avec un énorme bleu. Pansy a sa baguette à la main et Harry a besoin de serrer son pantalon entre ses doigts pour s'empêcher de lui jeter un Expelliarmus, juste au cas où.

Zabini s'en rend compte – il jette un regard de côté à Harry – et puis pour une raison étrange, il fait comme s'il n'avait rien remarqué et réprime l'éclair de colère qui apparaît sur son visage. Il détourne le regard plutôt que de faire un commentaire acide sur les Gryffondor qui ont du mal à faire confiance aux autres. Harry ne connait pas bien Zabini, mais ce n'est pas comme s'il ne le connaissait pas du tout, après six ans passés à fréquenter la même école. C'est un Serpentard de bout en bout, tout en morgue et en sarcasmes pathétiques, comme les autres. 

Colloportus ! parvint à crier Pansy, plus ou moins à bout de souffle. 

Elle agite sa baguette en direction de la porte – juste à temps, car Millicent Bulstrode, qui s'est coupé les cheveux courts et les a teints en châtain, se colle à la porte pour regarder à travers la vitre et secoue la poignée avec une force certaine. Ses narines frémissent. 

Pansy, qui fait toujours face à la porte, recule prudemment de quelques pas. Elle a le menton levé et une mine acerbe. Bon sang, Harry ne peut vraiment pas la voir. Mais elle n'a pas repéré le sac à main d'Hermione sur le sol. Elle trébuche et tombe en arrière, atterrissant moitié sur le pied de Harry, moitié dans la fenêtre, en poussant un glapissement. 

Par une espèce de miracle elle n'arrache pas le store – du moins jusqu'à ce que Millicent, avec un mouvement agacé de sa baguette, n'amplifie sa voix pour atteindre le volume d'une Beuglante et se met à hurler dans le compartiment :

— Laisse-moi entrer, sale peau de vache, avant que je t'arrache les yeux pour les faire bouffer à Lady Voldemort. 

Pansy sursaute et, l'espace d'un instant, elle et le store ne forment plus qu'un. 

— Qu'est-ce que c'est que ce bordel... ? demande-t-elle en voyant ce qui se trouve à l'extérieur. 

Elle se défait tant bien que mal du store et se laisse tomber lourdement – sur Ron. 

La foule bigarrée amassée à l'extérieur se tord le cou pour mieux voir à l'intérieur du wagon. Leurs bouches s'ouvrent et se ferment et leurs mains s'agitent en tous sens, mais le sort de Silence d'Hermione tient bon. Il est clair qu'ils ne sont pas méchants, mais quand même – leur présence a quelque chose d'étrangement menaçant. Harry plaque un sourire figé sur son visage et leur fait un petit salut forcé de la main avant de détourner le regard ; c'est à lui qu'ils font des signes, bien sûr. Le bon côté, c'est qu'ils sont tellement serrés comme des sardines qu'il est peu probable que l'un d'eux parvienne à prendre une photo. Il s'attend néanmoins à ce qu'il y ait une demi-douzaine d'articles dans les journaux du lendemain qui s'interrogeront sur la distance exacte qu'il y avait entre lui et Pansy, et si le fait qu'elle était assise sur les genoux de Ron laisse présager un triangle amoureux, ou bien si Harry et elle sont secrètement fiancés et qu'ils ne font ça que pour donner le change. 

Le fait qu'elle porte une jupe très courte et que ses jambes n'en finissent pas ne fait qu'empirer les choses. 

— Est-ce que c'est ta mère là-bas dans le fond ? demande Zabini d'une voix méchante. 

— Va te faire, répond Pansy. 

Harry regarde fixement le sol – le tapis est usé jusqu'à la corde et mériterait vraiment qu'on le remplace. Il ne pense pas que la mère de Pansy soit vraiment dehors, mais il y a sans aucun doute les mères de nombre de ses camarades, et pour préserver sa santé mentale, il a depuis longtemps décidé qu'il valait mieux ne pas regarder. Une foule d'inconnus c'est une chose – une foule de gens qu'il connaît et pour qui il pourrait éprouver de l'affection et du respect s'ils n'étaient pas en train de glapir et d'essayer de toucher son bras comme s'il était du Felix Felicis sous forme solide, c'est quelque chose de très différent. 

Quand il relève la tête, Pansy est toujours assise sur Ron et celui-ci est aussi figé que s'il avait été Pétrifié, sauf que ses oreilles sont rouge vif. Le store est de nouveau en place, le compartiment a retrouvé sa pénombre et Pansy remet sa baguette dans sa manche. 


Ils sursautent tous quand Millicent Bulstrode, de l'autre côté de la porte, hurle avec une certaine jubilation :

— J'espère que tu n'as pas oublié que je suis toujours là et que je compte bien te réduire en bouillie, Pansy ?

— Tes méfaits finissent par te rattraper, hein, Pans ? renifle Zabini.

On dirait qu'il s'amuse bien. 

Le visage de Pansy vire au rouge et elle jette un regard affolé à Harry.

Bon. Jusque-là Harry ne pensait pas au fait qu'elle avait voulu le vendre à Voldemort – il voudrait vraiment dépasser ça, et il sait, de façon raisonnée, à quel point elle devait avoir peur, et il a entendu, durant les procès qui semblaient ne jamais devoir finir, toutes les putains d'excuses pour lesquelles elle n'a pas la moindre once de courage, de morale ou d'humanité – mais voilà que maintenant, il y pense. Et vu l'expression sur son visage – de la honte, mêlée de terreur et d'une bonne dose de rébellion – elle aussi y pense. Il a envie, juste un peu, d'être mort. Ça serait franchement plus facile à gérer. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant