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L'entraînement commence. Je dois faire semblant de ne pas connaître le coach. Lui joue parfaitement la comédie, ce qui me facilite la tâche. L'échauffement ne dure pas bien longtemps, même si c'est l'entraînement de reprise après des vacances durant lesquelles certains n'ont apparemment pas fait beaucoup de sport.

– Constituez les équipes, on commence à jouer.

Je suis évidemment dans celle de Théo. Les autres m'observent en permanence, ils veulent voir comment se débrouille l'américain ! J'ai l'impression de porter sur mes épaules la réputation de mon pays. Il ne faut pas que je me mette la pression, je sais jouer, j'ai juste à faire comme d'habitude.

– Passe le ballon !

Théo est métamorphosé, il est complètement dans son rôle de capitaine de l'équipe. Il a une façon assez virile et sexy de donner les ordres. On m'applaudit....

– Joli panier.

Eh oui, je me débrouille bien au basket. Les autres sont bons aussi. Je dois me confesser, je n'imaginais pas que des Français puissent avoir un tel niveau dans ce sport. Comme quoi on a tous en tête des stéréotypes.


La partie dure près d'une heure. Tous les mecs se donnent à fond. J'aime cette ambiance : des mâles en compétition, des corps qui transpirent, se touchent, se contractent. La plupart des mecs sont bien foutus, il faut que je me calme...

– Parfait, les mecs, à la douche !

L'entraînement est déjà terminé. Tout le monde se dirige vers les vestiaires. J'ai un instant d'hésitation.

– Quelque chose ne va pas, Andrew ?

– Non, rien, peut-être un coup de fatigue.


Je ne peux pas avouer la vérité, j'aurais l'air ridicule et je devrais dévoiler le genre de chose qui me vaudrait des vannes pendant toute l'année. Mais à mon journal je peux tout dire. La société française semble moins pudique que du côté américain. Dans mon lycée, dans les vestiaires, il n'y avait que des douches individuelles. Du coup, je ne voyais jamais aucun autre mec nu, le plus osé était d'avoir sa serviette autour de la taille. Là je suis dans un autre monde. Sans aucune gêne les mecs se foutent à poil et se dirigent vers les douches... collectives !

– Tu joues super bien.

– Merci.

Ils sont dingues ? Ils ont des conversations totalement normales alors que nous sommes une vingtaine de mecs à poil, sous les douches, en train de se frotter le corps. J'essaie de ne pas les regarder et surtout de penser à autre chose. Ce n'est pas le moment d'avoir une érection.

– T'as vraiment l'esprit d'équipe.

– Quoi ?

Quand un mec me parle je suis obligé de regarder dans sa direction. Et forcément, je suis attiré par son sexe, je ne peux pas m'en empêcher. Personne n'est choqué, tous s'observent et je remarque qu'aucun n'est totalement mou.

– Tu joues avec tout le monde, sans garder le ballon pour toi, je suis sûr que tu as de bonnes stratégies à nous apprendre.

– Vous avez un très bon niveau.

Et les regards sont surtout sur moi. C'est normal, ils veulent voir ce que le nouveau a entre les jambes. Disons que c'est naturel, on est tous curieux, on a tous un certain esprit de compétition à ce niveau et on veut se comparer. J'essaie de paraître cool, je les laisse mater, mais je sens qu'elle gonfle.

– Si l'entraînement t'a plu il faudra que tu t'inscrives.

Mes parents m'ont déjà donné un chèque pour que je finalise mon inscription, ils ont vraiment envie que je m'intègre. Tiens, penser à mes parents m'aide à ne pas être excité, je vais continuer, histoire de ne pas me payer la honte.


Les discussions et les rires continuent dans les vestiaires. C'est vraiment une autre dimension mais pour eux cela semble si évident que je vais devoir m'y faire. Avant de partir tout le monde salue le coach.

– Andrew, je peux te voir un instant ?

Je reste à côté de Sébastien pendant que les autres s'en vont.

– Tu t'es bien débrouillé aujourd'hui, tu feras un excellent membre de cette équipe.

– Merci, ça me fait du bien de jouer au basket, j'ai l'impression de retrouver un peu de chez moi.

– Les mecs t'adorent déjà.

– Ils ont une grande complicité.

Il se contente de sourire, l'épreuve de la douche collective doit le faire fantasmer.

– Merci de n'avoir rien dit.

– Personne ne sait ?

– Non, et je préfère que ça reste entre nous.

Parce qu'en fait je le connais très bien, Sébastien...

Une seule vieWhere stories live. Discover now