Le coup de foudre

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Il y a bien longtemps, dans la capitale de la Nation du Feu, vivaient deux jeunes gens si différents et pourtant liés par le destin.
Une femme et un homme.
Une simple villageoise et un prince.

Le soleil était à son zénith lorsque le prince héritier se disputait vivement avec son père, le Seigneur du Feu. Le sujet de leur querelle : les fiançailles du jeune homme. Azulon, actuel Seigneur du Feu, tenait absolument à voir son fils aîné se marier avec une femme digne de son rang et avoir une succession. Il était prêt à tout pour atteindre son objectif, que le jeune homme le veuille, ou non. Malheureusement, ce n'était pas du goût de ce dernier...

-Père, je ne me marierai pas ! s'écria le prince.

Et, au grand dam d'Azulon, son fils était aussi entêté que lui...

-Il est grand temps pour toi de te fiancer mon fils ! répliqua le plus âgé. Toutes les jeunes femmes se prosternent à tes pieds ! Regarde donc toutes ces filles de noble famille, bien éduqués et qui seront t'apporter une succession digne de ce nom !

-Elles s'intéressent plutôt à mon titre vous voulez dire ! Sans oublier que certaines ont l'obligation de le faire pour être dans vos bonnes grâces ! rétorqua le jeune homme. Et je vous l'ai déjà expliqué père ! Je ne me marierai uniquement lorsque je le voudrais et que j'aurais trouvé l'amour ! Ce ne sera certainement pas un mariage arrangé !

Le père de famille et Seigneur du Feu avait, en cet instant, l'envie de bruler tous ce qui aurait pu se trouver sur son passage tellement il bouillonnait.

-Tu es un prince mon fils. Ton devoir est d'obéir à ton père, mais également à ton Seigneur ! gronda-t-il en réponse.

Le plus jeune se renfrogna.
Obéir à son père et à son Seigneur ?
Ce même père qui écoutait à peine les revendications de son fils ainé ? Qui lui imposait un mariage dont il ne voulait pas ? Ce même seigneur qui s'était aperçu de son existence seulement vingt ans après sa naissance ? Qui souhaitait juste avoir la certitude que son fils aurait une succession et une épouse de bonne famille ?
Se plier aux exigences de cet homme qu'il appelait père ?
Jamais !

Le prince s'apprêta à rétorquer jusqu'à ce qu'une pensée germe dans sa tête. Son "père" ne lâcherai pas, son "Seigneur" avait bien trop besoin de se sentir au-dessus de tout. Alors... Autant jouer le jeu et "se plier" aux ordres...

-Je vous demande pardon père, déclara-t-il. Ma réaction était bien trop excessive. L'un des devoirs du prince héritier est d'obéir à son Seigneur. Je vous prie de bien vouloir m'excuser.

Le Seigneur du Feu Azulon observa son fils, sceptique. Ce dernier croisa les doigts, les mains dans le dos. Pourvu que son père ne cherche pas plus loin... Pourvu que son père ne cherche pas plus loin...
Le souverain s'assit derrière son bureau et croisa ses mains devant son visage impassible.

-Tu es pardonné, annonça-t-il. Sache que je prévois différents bals. Le premier devrait avoir lieu d'ici une semaine pour commencer à préparer les festivités de ton vingtième anniversaire.

Le choc que le fils ressentit ne fut rien comparé à sa rage qui augmenta lorsqu'il entendit les mots suivant cette déclaration des plus inattendue.

-J'espère que tu feras de ton mieux pour trouver chaussure à ton pied. Maintenant, sors.

Et le fils obéit sagement tout en saluant son père. Mais une fois qu'il eut fermé la porte du bureau, il laissa la colère et l'indignation peindre ses traits. Son paternel avait osé préparer un bal sans lui en toucher un mot ! Un seul ! Il imaginait déjà toutes les invitations que ses parents avaient dû préparer des mois à l'avance. Et ce "j'espère que tu feras de ton mieux pour trouver chaussure à ton pied". Chaussure à ton pied ! Les femmes n'étaient pas des objets ou des moyens par Agni ! Azulon était-il tellement certain de sa toute-puissance que même les femmes étaient insignifiantes pour lui ? En y repensant, cela ne l'étonnait pas trop... Il avait bien oublié d'être présent pour ses fils et en avait presque fait de même pour la présence de son épouse... Ce ne serait pas tellement étonnant... Malheureusement.

En ayant clairement en tête toutes les choses qui seraient à venir, comme ce bal, ces obligations, et ce qui allait avec, sa rage augmenta. Il avait besoin de prendre l'air et le plus vite serait le mieux.
Le prince se dirigea vers sa chambre, y entra et attrapa un capuchon qu'il plia et qu'il glissa sous son bras. Ensuite, il sortit et prit la direction des jardins si bien entretenus par les jardiniers du palais. Observant attentivement la possible agitation à cette heure, il passa près de l'étang qui accueillait gentiment des canes-tortues et s'agenouilla juste à côté du mur qui se trouvait derrière. Frustré par la possibilité d'être découvert à cette heure, il se dépêcha de passer sa main sur les pierres du bas et sourit lorsqu'il arriva à sentir les trous qui entouraient l'une d'elle. Le jeune homme glissa alors ses doigts pour tirer la pierre bordeaux vers lui et révéler un passage. Souriant, il glissa le tissu à travers et se pencha pour ramper et se retrouver de l'autre côté du trou. Une fois ceci fait, il se releva et revêtit la cape bordeaux sur ses épaules. Enfin, décidé à oublier cette discussion houleuse et des plus contraignante, il plaça le capuchon sur sa tête pour se faufiler un tant soit peu discrètement dans la foule qui parcourait l'active et bruyante capitale de la Nation du Feu...

Dragon's heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant