Charlie et le collier dérobé - texte intégral

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Charlie ouvrit les yeux et sauta au pied de son lit avec une légère grimace. Sa jambe lui faisait beaucoup moins mal, mais il sentait toujours une gêne quand il s'appuyait dessus. Plus d'une semaine s'était écoulée depuis les événements qui l'avaient opposé au redoutable Tanguy Hautin et à sa course débridée dans les rues de Paris, et le souvenir de cette aventure était encore très frais dans son corps d'enfant.

Il marcha jusqu'à la fenêtre de sa chambre, jeta un œil à l'extérieur et poussa un soupir de déception. Nous étions le vingt-trois décembre et la neige ne tombait toujours pas. Il ne restait que deux jours et les chances d'avoir un Noël blanc s'épuisaient de minute en minute. Il fronça les sourcils et une ouverture apparut dans l'air, en plein milieu de sa chambre, comme si on avait tiré une fermeture éclair entre deux mondes. Une lumière blanche jaillit et Harry le magicien, protecteur et meilleur ami de Charlie, en sortit.

Habillé de son éternel costume de spectacle noir, blanc et rouge, il avait ajouté une feuille de houx à sa boutonnière « pour célébrer Noël ». Posé sur sa tête invisible, son fidèle chapeau haut de forme semblait flotter dans les airs au-dessus de son col de chemise.

— Salutations, Charlie, dit il d'un ton enjoué. Une bien belle journée pour créer, n'est-ce pas ?

C'était toujours une belle journée pour celui qui devait accompagner Charlie sur les voies de la création et de l'imagination.

— Cela pourrait être mieux, dit Charlie.

— Vraiment ? répondit Harry, surpris.

— Un Noël sans neige n'est pas un vrai Noël, expliqua-t-il avec une moue boudeuse qui ne lui était pas coutumière. Ne pourrait-on pas sortir un canon à neige de ton chapeau ?

— Si, bien sûr. Nous pouvons extraire tout ce que nous voulons de mon fidèle haut-de-forme, mais tu connais la règle, ce qui en sort ne peut pas rester réel plus d'une heure. Après quoi, cela disparaît comme si cela n'avait jamais existé. Ta neige s'évanouira plus vite que sous le soleil du mois d'août.

— Oui... je sais, fit le garçon en soupirant.

— Que se passe-t-il, Charlie ? demanda le magicien d'un ton inquiet. Tout va pour le mieux : tu as sauvé ton amie Sheila du piège de Tanguy et ta famille te consacre plus de temps qu'elle ne l'a jamais fait. Qu'est-ce qui te rend triste ? Ce ne peut pas juste être l'absence de neige.

Charlie retourna s'asseoir sur son lit. Il passa ses bras autour de ses jambes et posa son menton sur les genoux. Sa mèche en accroche-cœur était, comme souvent, collée sur son front. Il regarda son ami imaginaire avec ses grands yeux noisette.

— Eh bien, Sheila me manque. Je sais qu'elle n'est partie que depuis une semaine et que je la reverrai à la rentrée, mais j'ai hâte de retrouver nos conversations et nos duels de créateurs.

— Hmmmm ! Je ne peux pas en dire autant en ce qui concerne les duels. Me frotter avec Hygin n'est pas toujours une partie de plaisir. Ces Minotaures ont la corne dure.

Pour illustrer ses propos, Harry retourna son chapeau à l'envers et fit apparaître une image animée : on pouvait y voir Harry courir comme un dératé, les bras gigotant en tous sens pendant qu'Hygin, le protecteur de Sheila, le pourchassait en pointant ses redoutables cornes de Minotaure sur son derrière de magicien. La scène était si comique que Charlie en oublia vite sa tristesse et éclata de rire en roulant sur son lit.

— Voilà qui est mieux, dit Harry. Souriez, jeune créateur, c'est bientôt Noël.

La porte de sa chambre s'ouvrit soudain et la maman de Charlie y passa la tête. Comme d'habitude, elle ne prêta aucune attention au magicien ; seuls les élus comme Charlie et Sheila pouvaient le voir.

Charlie et le collier dérobéWhere stories live. Discover now