Chapitre II

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La veille

Tout a commencé quand Pierre-Antoine est arrivé à l'appartement sur les coups de 19h30. Evidemment je n'avais encore rien préparé et je me dirigeai vers la porte en pestant contre moi-même car je n'avais pas vu l'heure passer. Comme à son habitude, il n'était pas venu les mains vides et, à peine entré, il me tendit une bouteille de Martini.

— Maxime n'est pas là ? demanda-t-il.

— Si si mais il est sous la douche, lui répondis-je en prenant son blouson pour l'accrocher au porte-manteau.

Pierre-Antoine et moi nous étions rencontré peu de temps après mon arrivée à Paris par l'intermédiaire d'un site de rencontre gay. Sur le papier nous n'avions absolument rien en commun et pourtant notre entente fut parfaite dès le premier jour de sorte que nous sommes vite devenus les meilleurs amis du monde. Je l'invitai à s'installer confortablement sur le canapé quand Maxime débarqua simplement vêtu d'une serviette autour de la taille, le corps encore parsemé de fines gouttelettes d'eau qui perlaient sur sa peau bronzée.

— Tiens salut Pierre-Antoine, dit-il en se dirigeant vers sa chambre.

— Salut Maxime, lui répondit P.A. en déglutissant avec peine. Tu te joins à nous ?

— Hum... ok avec plaisir, mais je vais d'abord m'habiller...

— Tu es sûr ? murmura Pierre-Antoine entre ses dents, tandis que la porte se refermait. Puis, se tournant vers moi, il mima les mots suivants avec sa bouche : "trop canon !"

— Voilà tu connais l'enfer de mon quotidien, commentai-je avec un clin d'oeil. Tu veux boire quelque chose ?

— Il va me falloir une triple dose de Martini pour m'en remettre !

Je servis le verre salvateur à P.A. et Maxime nous rejoignit quelques minutes après simplement vêtu d'un t-shirt blanc accompagné d'un jean bleu délavé, le tout légèrement moulant de façon à mettre en valeur son corps d'athlète.

— Tu fais beaucoup de sport Maxime ? demanda Pierre-Antoine avec un brin de malice dans la voix.

— Un peu de muscu oui... pourquoi ? lui répondit Maxime dont on percevait la gêne à des kilomètres à la ronde.

— Non non comme ça...

C'est ainsi que la soirée continua comme elle avait commencé, avec une bonne dose d'alcool et de bonne humeur.

Nous avions vidé pas mal de verre et pratiquement terminé la bouteille de Martini quand, au gré d'une conversation animée, Pierre-Antoine proposa de sortir en boîte. Je n'étais pas un fervent admirateur des boîtes de nuit parisiennes et encore moins du milieu gay de la capitale mais, l'alcool aidant, j'étais beaucoup moins farouche à cette heure avancée de la soirée et acceptai volontier sa proposition.

— Tu veux venir avec nous Maxime ? proposai-je presque innocemment à mon coloc (en espérant de tout mon coeur une réponse positive de sa part).

— J'avoue que ça me tente bien... répondit-il. Mais je dois me lever tôt demain matin, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Il semblait déçu de ne pas pouvoir se joindre à nous et refusa poliment malgré nos supplications légèrement insistantes.

— Vous allez où au fait ? demanda-t-il dans un élan de curiosité.

— Quelle question ! répondit Pierre-Antoine. On va au Tango ! C'est la seule boîte qui vaille le coup dans le coin !

— Ah d'accord. Bon choix.

Nous avons ensuite quitté l'appartement et, par la même occasion, Maxime, non sans un petit pincement au coeur.

Le trajet en métro passa rapidement. Armés d'une petite bouteille d'alcool que j'avais dissimulée dans mon blouson, nous avons bu par petites gorgées l'infâme cocktail que j'avais préparé à la hâte et dont le seul objectif était de nous maintenir dans ce léger état d'ivresse, où tout nous semblait possible et facile.

Quand nous sommes arrivés dans la boîte, après avoir fait une queue interminable qui se trouvait devant l'entrée, je me suis tout droit dirigé vers le bar sans prendre la peine de passer par le vestiaire pour y déposer mes affaires. Il me sembla alors à cet instant que tout le monde m'observait mais je n'en avais rien à faire : encouragé par Pierre-Antoine, j'avais décidé de me lâcher. Quelques minutes plus tard, une fois mon verre terminé, je l'invitai à me suivre sur la piste de danse pour me trémousser sur l'une des nombreuses chansons lascives qui composait la playlist du DJ. La boîte était maintenant pleine à craquer et il était difficile de se frayer un chemin parmi la foule. Nous avons dansé comme ça un certain temps au milieu de tout ce monde jusqu'à ce qu'un mec musclé au crâne rasé se joigne à nous. Il avait l'air de bien apprécier Pierre-Antoine et je dois bien avouer que c'était assez amusant de les regarder se dévorer des yeux. Amusant jusqu'à un certain point. Ne voulant pas gâcher cette étrange parade amoureuse et ne sachant plus où me mettre, je décidai qu'il était temps pour moi d'aller chercher un verre et je me dirigeai tant bien que mal jusqu'au bar où je commandai une vodka champagne.

C'était probablement le verre de trop.

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Cher lecteur, merci d'avoir lu ce chapitre jusqu'au bout. Les chapitres suivants sont en pleine écriture...

En attendant, si vous avez aimé, n'hésitez pas à voter ! Et si vous le souhaitez, je suis preneur de vos commentaires ;-)

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