Chapitre 12 | Le carnet maudit

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Sa métamorphose fut dans la limite de son talent. Elle repoussa sa frange en arrière, se fit deux macarons avec ses cheveux roses. Après plusieurs essais ratés, elle réussit à mettre en place ses lentilles grises aciers. Elle papillonna des yeux pour s'habituer mais c'était inconfortable. Puis, la jeune Griffin se maquilla les paupières de paillettes iridescentes et nacrées, en saupoudra ses joues et se colora les lèvres en orange. Elle paraissait plus vieille devant son petit miroir, elle ne se reconnaissait pas ce qui était un bon point.

Joaquim était nerveuse sur le trajet, pour la première fois elle allait travailler comme serveuse et elle ignorait comment cela fonctionner. Elle n'était même pas majeure. Son poignet sous le scanner, la porte s'ouvrit. Elle rejoignit les vestiaires où trois jeunes femmes s'habillaient.

« -Bonsoir ... je suis la nouvelle.

-Ruby n'est-ce pas ? Bienvenue au Red Cosmos. Je suis Isis, s'écria une grande à la chevelure aussi blanche que sa peau. Et voici Essence et Daphnea. »

Les trois serveuses étaient joviales et furent au petit soin pour Joaquim qui fut ravie. Essence avait le teint mat avec des cheveux bruns et Daphnea abordait des cheveux bleu électrique qui contrastaient avec sa peau noire. Elles étaient toutes magnifiques dans leur tenue de travail que Joe revêtit à son tour. C'était un pantalon en soie noir avec une tunique argenté à manches courte en satin, elle prit des rubans argentés pour cacher ses poignets en mauvais état dans l'ombre de son casier. Elle changea ses chaussures pour des ballerines noires. Et pour seul accessoire, une chaîne en or avec un pendentif. C'était une fleur de lotus rouge. Essence arrangea le maquillage de la nouvelle et bientôt il fut vingt heures. L'heure d'ouverture.

Les quatre filles entrèrent dans le club. Joaquim contemplait avec fascination le décor. Elle n'avait rien vu d'aussi beau. Les murs étaient recouverts de tissus pourpres, des lustres de cristal renvoyaient des arcs-en-ciel du sol au plafond. Des box étaient aménagés derrière des panneaux en bambou où des fleurs avaient été peintes. Le bar était couvert de miroir, trois employés attendaient derrière le comptoir, prêts à faire des cocktails. De minuscules enceintes ultra-puissantes diffusaient déjà une musique d'ambiance. Les trois femmes et deux hommes, des serveurs, avaient briefé la jeune Griffin dont la sueur trempait la tunique. L'ambiance était tamisée, mais elle sentait que l'air était électrique. Les pas de foule faisaient trembler les lambris. Dès que les portes s'ouvrirent un vague de monde entra et Joaquim se lança, ravalant son anxiété.

Elle voyageait des clients au bar avec difficulté. Son ventre n'arrivait pas à se détendre. Elle était entourée de gens qui l'aurait vendu s'ils apprenaient son identité. Pas la Ruby Hunter, l'Ange de la Nuit, la serveuse. Mais la Joaquim Rudy Griffin, la survivante, la rebelle, celle qui avait une mission, celle qui se cachait derrière cette apparence, celle qui suait à grosses gouttes, celle qui tentait d'enregistrer le plus d'informations sur les habitants de New-York et leurs habitudes et celle qui crissait des dents à cause de la musique trop forte. Armée de son plateau où cinq bières s'entassaient, elle rejoignit un box. Elle discernait à peine ses occupants avec le nuage de fumée au-dessus d'eux.

« -Et voici votre commande. »

Un homme tendit sa nuque et elle y glissa la clé du club. Chaque habitant portait cet étrange dispositif dans le cou, une fente en métal pour les transferts d'argent. Fascinant. Joe grimaça quand elle remarqua qu'ils étaient déjà ivres.

« -Tu es nouvelle toi ! Cria une des personnes pour se faire entendre. C'est quoi ton petit nom ?

-Ruby, monsieur.

-Monsieur Fade.

-Monsieur Fade, » répéta-t-elle d'une voix blanche.

Elle se retourna comme un automate et s'apprêta à sortir du box enfumé. Elle avait appris la liste par cœur, celle du gouvernement. Fade était dans les premiers. Le ministre des armées. Une main s'enroula autour de sa taille. Ses yeux s'enfoncèrent dans les pupilles du responsable. Si un regard noir pouvait tuer, il serait en train de se vider de son sang. Ses amis éclatèrent de rire mais lui, il était dégrisé et ne souriait plus.

Snow AshesWhere stories live. Discover now