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Il n'était jamais satisfait de rien :

 Le soir, comme elle rentrait plus tôt du travail que lui, elle avait pour ordre simple et clair de préparer le dîner. Quand il rentrait, il s'asseyait à la table et réclamait une bière ainsi que le repas. Son repas. Elle lui présentait donc le plat préparé avec soin et minutie, anxieuse. La première bouchée était souvent la plus marquante, tant qu'elle l'attendait toujours avec fatalité  : elle se terminait dans la plupart des cas par une claque, le meilleur des cas étant une insulte, souvent lié au métier des filles de joies.Elle attendait alors qu'il finisse de manger, ce qu'il faisait toujours, que le repas lui plaise ou non. Généralement, il terminait le dîner avec plus d'alcool que de sang dans le corps. Elle, elle n'aimait pas qu'il boive au début. L'alcool lui donnait des idées bien sombres, lui embrumant l'esprit et les gestes. Il devenait pâteux, proférant des grossièretés outrageuses. Pourtant, plus les mois passaient, plus elle attendait ces moments avec impatiences, car c'était dans ces moments là qu'elle pouvait s'éviter quelques blessures en plus car, étant trop saoûl pour comprendre quoi que ce soit, il buvait sans modérations, iet il finissait la plus part du temps dans la salle de bain ou les toilettes, à vomir ses tripes, ainsi que le repas qu'il venait d'ingurgiter. Elle attendait alors qu'il s'endorme à même le sol pour le tirer dans leur chambre commune et le placer tant bien que mal dans leur lit. Elle le recouvrait alors des soyeux draps blancs et attendait alors qu'il se mette à ronfler pour s'éclipser sans bruits. Elle profitait alors de ces moments de paix pour se placer sur le canapé de cuir et profiter d'un bon livre. Pourtant, même si l'alcool avait pour effet sur son fiancé de rendre son sommeil plus lourd qu'un sumo, elle n'osait tout de même pas allumer la télé, ou mettre de la musique, de peur de le réveiller et de devoir subir son courroux irréfutable.

Pourtant, au début de leur relation, tout deux vivaient à leur guise. Elleétait libre de sortir avec des amies, d'aller au cinéma, seule ouen groupe, de se déplacer où elle voulait, quand elle voulait.Puis, leur amour a évolué:leur relation s'est envenimée.

Il contrôlait désormait ses moindres faits et gestes. Elledevait toujours l'informer de où elle était, avec qui elle était,et surtout ce qu'elle faisait. Sinon, à peine rentrée chez elle, illui faisait un scène qui se finissait souvent par des coups. « Paramour pour toi », il répétait à chaque fois qu'il revenaits'excuser.Et elle lui pardonnait.

Malheureusement, avant même qu'elle ait eu le temps de s'enrendre compte, il l'avait emprisonnée dans ses griffes venimeuses.Il choisissait désormais ses fréquentations, bannissait les autres"pour son bien", il répétait à chaque fois qu'elletentait de protester. Elle n'avait désormais plus la moindre vieprivée, son téléphone étant constamment surveillé et fouillé,chaque soirs. Une fois, elle tenta de porter des vêtements quilui plaisaient : il n'en resta que des lambeaux, déchirésviolemment, arrachés de son corps. Puis il revint à nouveau verselle, pleurant , s'excusant, l'accusant de le faire souffrir. Et ellelui pardonnait.

Il était maintenant en charge de tout ; il était toutpuissant, il contrôlait sa vie entière.

...

Pourtant, au début, c'était l'homme parfait :

Charmant, attentionné. Et dieu qu'il était beau, quand il luisouriait, lui murmurant que c'était la plus belle femme qu'il aitjamais rencontré. C'était le parfait petit ami : Il l'emmenait aucinéma, lui offrait des fleurs, lui glissait des mots doux àl'oreille tandis qu'ils se câlinaient amoureusement dans son lit. Ilétait à ses pieds, criant à qui voulait l'entendre qu'il étaitfou d'elle, et qu'il ferait n'importe quoi pour la rendre heureuse.

Et dieu ce qu'elle l'était, heureuse ! Oh, les regardsenvieux que les femmes lui lançaient dans la rue, elle en étaitivre, tant cela lui plaisait. Elle était enviée, jalousée, aimée.

Elle était toute puissante. Du moins, c'est ce qu'elle se disaitquand elle comparait les misérables vies que les autres menaient parrapport à la sienne. Il disait qu'il l'aimait, et qu'il l'aimerait pour toujours.

Toujours dure 6 mois.

Il s'engagèrent, terriblement amoureux l'un de l'autre. Elleétait convaincue que c'était l'homme de sa vie, et lui répondaitpar l'affirmative.

Heureux, quel beau couple. Chanceux, quel beau couple ! On disait d'eux.

Sa vie était idyllique.

Malheureusement, après seulement quelques mois, ce fut ladescente aux enfers pour elle : il revenait de plus en plus tard, et de plus enplus saoul. Débraillé, chemise à moitié déboutonnée , ilsentait le parfum féminin inconnu, et du rouge à lèvre pimpant luiornait le visage. Au début, elle tentait de résister, de seplaindre, de le réprimander, de crier. Elle pleurait à ses genoux,s'accrochant à ses vêtements, lui rappelant dans une plaintepathétique que c'était elle, sa femme, et non pas ces putes. Laréponse fut simple, claire et douloureuse : trônait désormais unemarque rouge s'imprimant sur sa joue baignée de larmes . Le chocqu'elle eut  fut un choc tellement dur, tellement dévastateur, qu'ellene réagit pas, tenant simplement sa joue brûlante, tandis qu'ilpartait, titubant, se coucher dans leur lit. Et ce soir là, sur lebalcon de leur appartement d'un immeubleparisien, elle pleura pour la première fois depuis 6 mois.

Et au moment où elle croyait avoir atteint le fond, il commençaà l'insulter, l'humilier, la battre et la violer . Il lui disait deschoses horribles que personne ne voudrait entendre de la bouche tantdésirée de son amant si charmant autrefois. Elle n'était quel'ombre d'elle même, dévastée, salie par tant d'horreurs sisoudaines. Des cernes s'imprimaient sous ses yeux, causées parl'insomnie qui s'était installée par la peur qu'il vienne la tuerdans son sommeil. Elle avait peur, tellement peur, mais elle étaitenfermée, les chaînes de l'amour qu'elle lui portait l'empêchaitde s'en aller. Elle était souillée, brûlée à vif au plus profondde sa chaire et de son être. Elle voulait mourir.

Et les gens continuaient de les admirer, convaincus de leurbonheur si apparents.

S'il savaient...

Et elle fuitWhere stories live. Discover now