Julie 2

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J'ai ruminé toute la nuit, réfléchissant à ce que Robin m'avait annoncé. Il est évident pour moi que je ne peux pas me mettre en couple avec quelqu'un qui a déjà un enfant, qui plus est avec mon ancienne meilleure amie. Mélanie serait capable de rappliquer dans notre vie pour nous emmerder.

Il est 06h00 du matin, je suis exténuée. Le téléphone dans la main, j'envoie un mail à mon patron pour lui raconter une fausse histoire, afin que je puisse prendre ma journée. Il ne répondra pas très certainement mais dans son langage, cela veut dire qu'il est d'accord.

- Tu es encore la ?

Marion se tient dans l'entrée de la chambre d'ami.

- Tu ne dors pas ? Je lui demande.

- On ne répond pas à une question par une autre, décrète-t-elle en s'allongeant à côté de moi.

Ses yeux sont rouges et gonflés, elle a pleuré toute la nuit.

- J'ai l'impression que ça ne va pas, n'est ce pas ?

C'est vraiment la meilleure, cette fille. Elle vient de rompre avec son futur mari mais elle trouve encore le moyen de s'inquiéter pour moi.

- Robin m'a avoué hier soir qu'il est papa et la maman n'est autre que Mélanie...

- Tu mens !

Voyant mon regard noir, elle comprend très vite que c'est la vérité. Tout à coup, elle explose de rire. Ce qui accroît mon irritation.

- On peut savoir pourquoi tu ris ?!

- Désolée... c'est nerveux, lance-t-elle, pliée en deux.

- Super.

Marion se calme puis devant mon air renfrogné, décide de faire comme si ce n'était rien.

- Allez Julie, ça me rappelle l'année dernière, quand rien n'allait dans nos vie. Tu te souviens de qu'on avait fait ?

- Tu parles des vacances ?

- Oui ! On pourrait repartir ? Ça me ferait tellement de bien de voir autre chose...

- Je peux pas tout quitter comme ça cette fois-ci, ma biche. Les choses ne sont plus si simples.

Marion me fait son regard de chien battu et je craque.

- Je vais tâter le terrain avec mon patron avant et je te redis !

- Tu es la meilleure, dit elle en déposant un gros bisou sur ma joue.

- Mouais. Avant il faut que je te dise quelque chose et pas sûre que tu me trouves toujours aussi merveilleuse.

Je la vois se renfrogner et elle croise les bras, dans l'attente.

- Balance, je suis prête à tout encaisser.

- Mickaël s'est fait péter la gueule par Robin. Il était dans un sale état quand on est partis de la soirée.

Rien que de m'entendre prononcer le prénom de son ancien petit ami, Marion commence à avoir la mâchoire qui tremble.

- Je m'en fous complètement, il n'a que ce qu'il mérite.

Je lui décoche un regard scarface et elle baisse les yeux.

- Bon d'accord, c'est faux. Mais je le déteste quand même, si tu savais.

Nous savons tous que le contraire de l'amour, c'est l'indifférence, pas la haine.

- Le jour où tu ne penseras plus à lui avec ce genre de sentiment négatif, cela voudra dire que tu es guérie ma belle.

- J'ai hâte que cela arrive.

Les jours suivants cette conversation, j'ignore tous les textos et appels de Robin et passe mes soirées à parler au téléphone avec ma meilleure amie. Je n'ai jamais autant souffert de cette distance qu'à cet instant car je sens qu'elle est terriblement mal. Marion fait tout pour le cacher mais je la sens s'enfoncer dans la dépression peu à peu.

L'élément déclencheur est le jour où, un mois plus tard, elle m'avoue avoir perdu 10 kilos. Je comprends qu'elle ne se nourrit plus, quelle a perdu l'appétit. Je sais que ça peut arriver lors d'une rupture mais pas à ma meilleure amie. Nous avons toujours été des grosses qui ne pensent qu'à manger chaque minute.

- Marion ? J'ai une surprise pour toi.

J'enclenche le facetime du smartphone pour que l'on puisse se voir tout en discutant. Elle est pendue à mes lèvres.

J'attrape les deux billets posés sur le comptoir de ma cuisine et les secoue devant la caméra. Elle hurle alors de joie.

- Non ?! Tu es la meilleure Julie ! On va où ?!

Mon patron a accepté de me laisser partir deux semaines, alors que je revenais depuis peu de vacances, il est génial.

- On part 10 jours en Sardaigne ! A nous le soleil et les beaux italiens !

Marion disparaît de l'écran et elle danse tout en jubilant dans son salon. Je ne perçois plus que le son de sa voix.

- À nous le soleil et les beaux mecs ! Répète-t-elle en chantonnant.

Puis elle se reprend et réapparaît, me montrant les larmes qui roulent sur ses joues.

- Julie ?

Je la fixe, un peu perdue par ses réactions. Elle a l'air complètement à côté de ses pompes, presque dérangée. Son visage est émacié et ses cheveux ont perdus de l'éclat. Des cernes viennent accentuer cette impression de folie. Marion n'est plus Marion, c'est l'ombre d'elle même.

- Merci pour tout. Je te le dis pas souvent mais je t'aime, lance-t-elle avant d'éclater en sanglots et de raccrocher.

Cela tire la sonnette d'alarme dans ma tête. Elle va faire une connerie, je le sens, mon instinct me pousse à agir mais je suis coincée à Paris ! Le temps que j'arrive, elle aura peut être ouvert ses veines, sauté de la fenêtre, ou que sais-je ? Une idée me vient, j'empoigne à nouveau mon téléphone. Après plusieurs longues sonneries, qui me paraissent durer des heures, il décroche enfin.

- Julie ?

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A votre avis, qui Julie a-t-elle appelé ? J'espère que l'histoire vous plait ❤