C'est normal.

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Comment il avait pu faire ça ? Guillaume était allongé dans son lit, les yeux grands ouverts et fixant le plafond au-dessus de lui. Comment il avait pu baiser Aurélien comme une pute ? En s'enfonçant en lui malgré ses cris de douleurs ? Il les entendait encore résonner dans sa tête, ses cris. Et lui faire ça à son réveil, c'était presque du viol... c'était du viol, n'est-ce pas ? Est-ce qu'il lui avait dit qu'il le voulait aussi ? Il ne se rappelait pas, tout tournait dans sa tête, ses yeux se remplirent de larmes et il crut étouffer sous sa peine. Seule la sensation de bien-être et de chaleur qu'il avait ressenti dans son être entier alors qu'il était à l'intérieur de lui le sauvait. Cette sensation d'achèvement, de pureté immense... Mais justement, cette pureté... c'était celle qu'il lui enlevait un petit peu à chaque fois qu'il s'approchait de lui. Il le salissait, il n'était pas digne de lui. C'était lui qui ferait le malheur d'Aurélien alors que justement il voulait l'éviter au départ. Il lâcha un long sanglot amer en se rappelant de comment s'était fini leur échange. Il avait jouit à l'intérieur de lui, comme dans une vulgaire prostituée, et s'était littéralement enfuit de sa chambre pour rejoindre la sienne, le laissant seul et courbaturé dans ce grand lit froid. Quel genre d'homme fait cela ? Seulement un enfoiré dans son genre. Il aurait pu le tuer s'il apprenait qu'un inconnu l'avait traité ainsi, à l'instar de cet homme qui était venu coucher avec lui chez eux la dernière fois. Lorsqu'il lui avait dit qu'il ne supportait pas que ces hommes soient près de lui, parce qu'ils allaient lui faire du mal. Et voilà qu'il en faisait partie. Il l'avait bien dit : Orel ? Il mérite tout l'or du monde. Et pourtant, c'est tout l'inverse qu'il lui offrait.

Guillaume sortit de sa chambre pour aller dans le salon. Il failli faire marche arrière et revenir dans sa chambre en voyant son ami assis sur le canapé, fasciné par un documentaire. Ça faisait déjà deux jours qu'il l'évitait, ne supportant pas de le regarder dans les yeux et prétextant qu'il était malade et ne se sentait pas bien. Il s'assit sur le canapé à ses côtés et se décala jusqu'à l'accoudoir afin de se retrouver le plus loin possible d'Aurélien. Il ne pouvait pas laisser ses pulsions animales reprendre le dessus sur son corps, en le tentant par le simple fait de s'asseoir trop près de lui. Puis, il avait honte. Tellement honte de lui, de ce qu'il lui avait fait subir. Pourtant, Aurélien se tourna vers lui le visage orné d'un grand sourire et se rapprocha de lui doucement.

« Ça va, Guillaume ? Tu te sens mieux ? »

Il le sentit se rapprocher lentement de lui et avancer une main pour la poser sur son front. Il paniqua et le repoussa violemment sur le canapé. Aurélien le regarda d'un air confus avant de se redresser, les sourcils froncés.

« Guillaume, qu'est-ce qui ne va pas ?

— Ne me... touches pas, Orel. »

Un grand silence pesant vint accueillir sa phrase et au bout de plusieurs secondes interminables, il osa jeter un regard dans sa direction. Aurélien semblait complètement paralysé, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Il vit un mélange de peur et de honte passer furtivement dans ses yeux avant qu'il ne se lève brusquement et s'enfuit dans sa chambre. Il se mordit la lèvre en regardant la porte de sa chambre qu'il avait claqué derrière lui et sentit les larmes lui monter, encore une fois, aux yeux. Comment il était censé faire pour le protéger de lui-même ?

*

Aurélien s'affala dans son lit, enfouissant son visage dans son oreiller. Quand Guillaume lui avait dit qu'il était malade, il ne savait pas bien pourquoi... mais il ne l'avait pas cru. Et maintenant, il en avait la preuve. C'était un mensonge. Il avait à peine osé le regarder dans les yeux, s'était tenu à distance, l'avait repoussé quand il avait tenté de le toucher... Ses craintes étaient donc vraies. Il le dégoûtait. Il pouvait encore sentir ses coups de reins brusques, presque violents, contre son postérieur alors qu'il s'enfonçait inlassablement plus profondément en lui. Ce serait mentir que de dire que ça avait été une partie de plaisir ou que ça s'était fait sans douleur... Mais Guillaume avait eu raison, après un certain temps l'intrusion s'était faite presque agréable, lui arrachant des cris obscènes et des gémissements de plaisir. Il rougit en pensant à quel point il avait paru dépravé à cet instant, le suppliant pour qu'il continue et augmente le rythme de ses coups de bassins déjà bien rapides. Il se rappela des doigts de Guillaume autour de son érection douloureuse et à quel point il le rendait fou, à quel point il en voulait plus. Il le savait, en ayant couché avec d'autres hommes de la même manière, qu'au début ça faisait mal. Et à quel point, il perdait la raison sous tant de plaisir bien rapidement. Mais tout avait semblé tellement décuplé avec Guillaume.  Peut-être parce qu'il en était amoureux. Et il le savait qu'après avoir couché avec lui, c'était normal qu'il parte sans un mot. Il l'avait sentit jouir à l'intérieur de lui et après un moment où le temps semblait s'être arrêté, il s'était retiré de lui et était retourné dans sa chambre, le laissant seul et épuisé, ne sentant même plus ses membres et dans l'impossibilité de faire le moindre geste. Tous les autres avaient fait pareil. Aucun n'était resté à le regarder dormir et l'avait attiré contre lui pour lui permettre de faire des rêves plus doux. Et c'était normal. Mais il aurait aimé que ça soit différent avec Guillaume. Il aurait aimé qu'il reste à ses côtés, qu'il le prenne dans ses bras, qu'il dépose des baisers brûlants sur son visage l'accompagnant sereinement au pays des rêves. Parce qu'il en était amoureux. Alors il avait pleuré, comme il l'avait toujours fait après chaque relation sexuelle, mais cette fois il savait que c'était différent. Il n'avait pas pleuré le fait d'avoir couché avec quelqu'un dont il n'était pas amoureux, il avait pleuré justement parce qu'il avait couché avec cette personne qu'il aimait tant et qui l'avait abandonné à son sort. Alors il se mit à pleurer de nouveau, la tête dans son oreiller, une profonde amertume plantée dans le cœur et un dégoût pour lui-même et ses sentiments ridicules.

Fiction OrelxGringe - C'est pas que du sexe.Where stories live. Discover now