- un

36 5 54
                                    


Seul et assit sur un banc, le jeune homme attend depuis une bonne heure.

Il sait qu'elle ne viendra pas, qu'il s'est fait avoir, mais pourtant, il ne peut s'empêcher de fixer ses fleurs, puis son portable, comme si regarder ce petit présent la ferait changer d'avis. Ses épaules abaissées sous le poids de la peine ne font que briser son coeur un peu plus.

Il s'y attendait. C'est toujours pareil...

Bientôt une heure et demi qu'il attend. Rien a changé. Les gens se font plus nombreux à passer devant lui, lui lançant quelques regards compatissants, comme si cella suffirait à le faire se sentir mieux. Il est sur qu'elle ne viendra pas. Pourtant, dans l'historique de ses messages, on peut voir un "Où es-tu?" envoyé cinq minutes plus tôt. Il y croyait vraiment, cette fois.

La nuit commence à tomber. Deux heures qu'il l'attend, elle, mais non, elle n'est toujours pas là...Il serait surement mieux chez lui, au coin du feu, à lire un livre, mais il sait qu'il continuera d'attendre jusqu'à ce que ses fleurs soient mortes, et son coeur avec. Après tout, il a l'habitude, à présent.

Deux heures et demi, le froid lui brûle les doigts et anésthésie peu à peu son corps. Il tente de se réchauffer comme il peut, mais il est trop fatigué pour ça. Sa cheminée semble l'appeler de plus en plus fort, mais il ne cédera pas. Les étoiles commencent à apparaître dans ce ciel trop sombre et la lune, pleine, l'aide à sourire légèrement.

Trois heures qu'il s'est fait avoir. Il soupire, tandis qu'il regarde une énième fois son portable éteint, n'ayant plus de batterie. Il a fini par ne plus penser à la raison de sa venue ici et se contente de regarder tantôt les passants, tantôt les fleurs, tantôt son téléphone. Il espère la voir passer dans tous ces gens; peu importe si elle ne s'arrête pas. Voir son visage serait un des plus beaux cadeaux qu'on pourrait lui faire.

Ses paupières semblent alors dangereuseument se rapprocher, tandis que les minutes défilent. Mais alors qu'il commençait petit à petit à tomber de fatigue, une voix l'interpelle. Il croit rêver, pendant un instant. Cette voix, ce n'est pas celle qu'il attendait et pourtant, il ouvre les yeux, papillonant des paupières.

- Monsieur? demande à nouveau la voix.

Ses yeux cernés et fatigués se lèvent vers la propriétaire de la voix. Serait-ce son imagination? Ses doigts pincent fermement sa peau, mais il ne sent à peine la mince douleur, trop concentré à fixer la jeune femme qui se tient juste devant lui, le regardant avec interêt.

Elle a son âge, surement. Ses longs cheveux roux font ressortir ses yeux verts. Quelques tâches de rousseurs parsèment ses joues rosies par l'hiver. Son petit nez en trompette ne fait que la rendre plus belle. Tout chez elle est synonyme de beauté et de douceur. Il n'a jamais vu un ange aussi beau. Il cligne des yeux, mais cette fois, ce n'est pas à cause de la fatigue.

Elle lui sourit, si adorablement que le coeur du garçon s'accélère et fond lentement. Avec une grâce qu'il ne croyait pas possible, elle s'assit à ses côtés, ses mains aux doigts fins lissant le tissu de son long manteau beige. Il peut maintenant voir ses cils noirs et fournis, qui accentuent son regard mystérieux. Celui-ci est d'ailleurs fixé sur les fleurs, et ses sourcils roux fonçés se fronçent légèrement...

- Tu attends quelqu'un? Demande-t-elle

Sa voix douce et mélodieuse vient enchanter l'ouïe du garçon. Il sourit d'un air absent, oubliant la raison de la présence des fleurs, et de la sienne, par la même occasion. Puis, il se reprend. Il ne veut pas ressembler à un idiot alors qu'il ne la connait même pas. On lui a toujours apprit à donner une bonne première impression.

- Non, il répond alors. Enfin, plus maintenant...

- Je vois, aquiesce la jeune femme. Puis-je te tenir compagnie? Tu m'as l'air bien seul.

Demanderait-elle la permission pour lui tenir compagnie? Ce serait plutôt à lui de demander ce privilège. Malgrè tout, il hoche la tête, souriant toujours. Cela lui rappelle d'ailleurs lorsqu'il était plus jeune, on lui faisa remarquer qu'il souriait tout le temps. Maintenant, avec cet air de fantôme, c'est à peine si on le remarque simplement.

- Comment tu t'appelles? Elle l'interroge doucement, le sortant de ses pensées.

- Liam, il répond automatiquement. Et toi?

- Nelga, réplique-t'elle .Ce n'est pas aussi beau que Liam, grimace-t-elle alors.

Il aurait voulu lui hurler que si, c'était aussi beau, encore plus beau. Mais il n'en fit rien, parce qu'elle serait partie en courant en le pensant fou. Il préfère donc se taire. Autant passer pour un fou innofensif.

- Ca fait longtemps que tu attends?

- Trois heures, je crois. J'ai arrêté de compter.

Elle hoche la tête. Quelques mèches rousses et lisses viennent glisser sur son visage. Liam aurait voulu remettre ses mèches derrière ses oreilles, mais cela aurait été étrange. Avec un petit sourire, elle frotte ses mains pour se réchauffer, un frisson la parcourant au même moment. Il aurait voulu la serrer contre lui pour la réchauffer, mais il n'a pas la force de bouger, surement par peur de l'abimer.

Elle lui fait penser à une oeuvre d'art. Nelga a l'air si intouchable et si frêle qu'il ne peut s'empêcher de penser qu'à chaque coup de vent, chaque contact, chaque degrès en moins, elle pourrait s'abimer et se casser. Pourtant, elle n'a pas l'air faible, loin de là. Il n'aurait jamais pensé qu'une personne comme elle existe réellement.

- Il fait froid, non? elle reprit alors.

- C'est vrai.

- Pourquoi ne rentres-tu pas?

- Je n'en sais rien... J'attendais.

- Tu n'attends plus?

Il ne sait pas ce qu'il fait. Oui, pendant des minutes, des heures, il attendait. Mais maintenant... Il attend surtout le temps, puisqu'il n'a plus aucun but. Il soupire, mais ne répond rien. Il ne sait pas quoi répondre. Et puis, il ne sait pas si sa réponse la satisferait. Il ne veut pas la décevoir, cette curieuse inconnue.

- Que fais-tu de ta vie, sinon, Liam?

Il ne put s'empêcher de sourire en sentant un frisson le parcourir lorsqu'elle prononça son prénom. Ce petit mot n'avait jamais été aussi magnifiquement prononçé qu'entre ses lèvres cerises. Il ne sait pas si c'est le froid ou elle, mais il commence vraiment à penser bizarrement.

- Je lis, je cherche du travail, et j'attends.

Il omet de dire qu'il boit aussi, lorsque l'espoir se perd. Il continu de la regarder, sans que cela ne la gêne pour autant, puisqu'elle fait de même avec lui. Ils doivent être beaux, tous les deux, sur ce banc glaçé à se regarder yeux dans les yeux. Elle doit penser comme lui puisqu'elle pouffe légèrement en déviant son regard sur les passants.

- Et toi, tu fais quoi de ta vie, à part consoler des inconnus? il demande alors, se rendant compte qu'il ne lui avait pas retourné la question.

- Je t'attendais, dit-elle avec un clin d'oeil.

Il rit doucement, attendrit. Nelga sourit simplement, mystérieuse. Liam se laisse doucement envouter par le froid de l'hiver et le charme de la rousse, tout deux aussi puissant l'un que l'autre. Pendant à peine une seconde, le temps à un véhicule de passer, une lumière rouge éclaira son visage angélique et il sentit son coeur s'accélèrer. Avait-elle aussi sa part d'ombre? A-t-elle des défauts?

Tombe le jourKde žijí příběhy. Začni objevovat