CHAPITRE 19

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Quand mon téléphone sonne me sortant de mon réveil vers neuf heures et demie, je crois sérieusement halluciner. Suite à notre premier cours d'auto-défense, Andy et moi avions échangés nos numéros pour plus de facilités si nous venions à devoir annuler le cours suivant. Mais je ne m'attendais pas à voir son nom s'afficher à la place de l'appelant. Et je reste stoïque quelques secondes avant de m'empresser de décrocher pour savoir ce qu'il souhaite, notre cours n'étant programmer que pour vendredi, que me veut-il aujourd'hui ?

C'est d'une voix quelque peu ensommeillé que je lui réponds mais je suis bien vite réveillé lorsqu'il me donne la raison de son appel. Une visite au Zoo, samedi, avec Alice et lui. Si ce n'est qu'un rêve, surtout, ne me réveillez pas ! Il est évident que je ne peux refuser une telle proposition et c'est avec un sourire débile que je raccroche, posant mon téléphone sur mon ventre en repassant la conversation encore et encore dans ma tête. Andy veut que je les accompagne pour une après-midi au zoo, au lieu d'y aller juste tout les deux. Pourquoi ça ? Pourquoi moi ? Aucune idée mais une chose est sûre, je ne risque pas de me désister !

L'eau chaude coulant sur mon corps me fait un bien fou, détendant les quelques dernières courbatures qu'il me reste suite à notre cours d'auto-défense. Mes pensées s'égarent, vagabondent et s'échappent alors que je ne bouge pas, le jet situé au-dessus de moi continuant de me maintenir au chaud sous cette cascade. À nouveau, je songe à cette proposition de zoo. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi j'ai également été invité. Je ne doute pas qu'il apprécie ma compagnie, nous passons de bons moments à discuter et les cours de défenses se passent bien mais... De là à me faire venir à une sortie familiale, il y a un fossé.

Évidemment que nous avons passé un bon moment ensemble, le lendemain du gala. Serait-ce un souhait d'Alice ? D'Andy ? Des deux ? Un léger soupir m'échappe alors que j'éteins le robinet, passant une main sur mon visage pour retirer le surplus d'eau avant d'ouvrir la cabine pour me saisir d'une serviette. L'air frais environnant me provoque un frisson et je me dépêche de me sécher avant de rejoindre ma chambre pour enfiler des vêtements. Depuis peu, je me rends compte que j'apporte moins d'attention à ma tenue. Ce n'est pas que je me néglige mais je privilégie le confort à la provocation : pas besoin de mes skinny ultra serré pour autre chose que le Zeppelin. Et je dois avouer que je me sens bien.

De retour de courses, et une fois celles—ci ranger, je m'attaque à une réorganisation de mon appartement. J'ai envie de bouger les meubles, de réaménager, ranger et décorer à nouveau un peu différemment. Une playlist de mes morceaux favoris en fond, me voici lancer pour faire le ménage avant le rangement. Et j'y passe plusieurs heures, testant plusieurs agencements avant de trouver celui qui me convient à la perfection. Pour me féliciter, je me fais alors livrer à manger et déguste mon repas tout en traînant sur les réseaux sociaux sur mon téléphone. Je me rends compte que l'on ne parle plus autant de moi dans la presse people, Adam et Sam ne manquant jamais de m'identifier dessus afin que je les voie, et ça me fait tout de même plaisir. Une autre chose m'interpelle et qui me fait longuement hésiter toute la fin du repas avant de finalement prendre ma décision, attraper ma veste en jean et de rejoindre ma voiture.

Garé sur le parking, je coupe le contact en regardant la grande bâtisse. Il parait que tout un chacun peut changer le monde à sa façon, aujourd'hui, ce sera de cette façon-ci que j'apporterai ma pierre à l'édifice. Descendu de voiture, je rejoins la porte les mains dans les poches, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre. À peine ai-je poussé la porte que je suis accueillie par une jeune femme qui m'adresse un grand sourire.

- Bonjour et bienvenue au refuge Lanson, que puis-je faire pour vous ? Vous êtes là pour une adoption ?

Me grattant la nuque, légèrement perdu, je ne sais pas vraiment quoi répondre.

- Bonjour. Et non, je... Je ne suis pas là pour ça. Je voudrais faire un don.

- Oh ! C'est bien aimable à vous.

Son sourire ne se tarie pas alors qu'elle continue :

- Souhaitez-vous faire un tour de nos locaux avant de faire ce don ? Pour bien voir comment sera utilisé cet argent ?

Je me détends peu à peu, son sourire étant contagieux.

- Avec plaisir.

- Alors, suivez-moi. Jess, tu peux t'occuper de l'accueil ?

- Bien, chef !

Une jeune femme prend alors place derrière le comptoir alors que ma guide m'invite à la suivre dans un couloir. Je ne sais pas combien de temps dure la visite mais il est certain que je ne le vois pas passer. La jeune propriétaire est une personne dynamique et motivée qui ne m'ennuie pas une seule seconde. Elle me montre chaque lieu du refuge en m'expliquant que l'argent des dons sert principalement à la nourriture et au soin. Le supplément est, lui, utilisé pour entretenir le bâtiment et les équipements. Pour achever la découverte du lieu, elle m'amène au milieu du chenil extérieur où se trouvent une dizaine de chiots qui courent dans tous les sens. Et je ne manque pas de m'extasier sur eux. Avec l'accord de ma guide, je finis bien vite assis par-terre à caresser des petites têtes et à me faire lécher les doigts.

- Puis-je me permettre de vous demander pourquoi vous ne voulez pas adopter l'un d'entre eux ? Pas que je refuse votre don, bien évidemment, mais vous avez l'air d'aimer les animaux autant qu'ils vous aiment. Vous avez déjà de la compagnie à domicile ?

Posant mon regard sur elle alors que je gratte doucement le ventre d'un petit labrador, je secoue négativement la tête.

- Non, je n'ai pas d'animaux chez moi et je n'en veux pas parce que je ne suis pas certain que je serai capable de m'en occuper. Je ne suis pas toujours chez moi et je ne voudrais pas qu'un petit être en pâtisse. Je me dis que peut-être, plus tard. Mais pour le moment, je vais aider avec mon argent. C'est ce que je peux faire de mieux.

Elle m'adresse un sourire et acquiesce, ne semblant pas vouloir en savoir plus. Et ça me convient très bien. Nous quittons finalement l'enclos pour rejoindre la zone d'accueil, la propriétaire m'amenant dans son bureau pour effectuer le don. Elle écarquille par ailleurs les yeux en me demandant de répéter la somme, ce qui me fait échapper un rire. Effectivement, ce n'est pas tous les jours qu'elle doit obtenir un si gros don. Mais un demi million puisé dans les caisses de mon père n'est rien pour lui. Autant que cet argent soit bien utilisé.

Promettant de revenir prochainement, je quitte le bâtiment pour rejoindre mon véhicule, heureux de ce que je viens d'accomplir. Je me sens léger et heureux. Et ça fait du bien. Un instant de plus où je me sens simplement bien et que je ne réfléchis pas à ce que je vais faire. Je le fais et c'est tout. C'est ça, vivre selon ses choix ? C'est bien agréable !

TROUBLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant