L'Envie de l'Impossible

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Je sais très bien que toi et moi c'est impossible.
Et pourtant... Voilà le résultat.
Mais je ne peux que me cacher...

Toi, tu ne remarques rien.
Tu me vois comme une simple erreur de la vie, comme un monstre sans cœur.

Et moi, le misérable que je suis, je ne fais rien pour te montrer ce que tu représentes pour moi, ce que tu es à mes yeux.
L'importance que tu as.

Toi, oui, toi, tu es un humain que je ne serai jamais, que j'ai envié, à qui j'ai voulu ressembler.
Mais rien ne fait.
Je ne pourrai jamais être comme toi.

Je ne suis qu'un monstre, une erreur, un déchet...
Toutes ces choses que je n'ai pourtant jamais demandées à qui que ce soit.

Toi, simple adolescent qui se prend pour un adulte, du haut de tes seize ans tu es là, à te comporter comme si tu étais bien plus mature que n'importe qui d'autre.
Qui s'est mis à la place d'un tuteur, plutôt qu'un simple grand frère, à ce bout d'armure pour qui tu risquerais ta vie, juste pour revoir son simple sourire enfantin.

Je ne te l'avouerai jamais, ne te le montrerai jamais.
Je resterai comme tel, je resterai la personne que tu supposes que je suis.
Car je n'ai simplement pas le choix.

Tu sais, depuis que je suis né, on m'a toujours dit que je ne pouvais ressentir quoi que ce soit comme sentiment.
Que je représentais un péché parmi les autres.
Que j'étais l'un des plus durs.

Je n'ai pas eu le choix de choisir ma vie.
On m'a obligé à faire tout ça, je suis comme un robot qui obéit, comme un chien, je ne me contrôle pas.
Le nombre de fois où j'ai pu te blesser à contrecœur, car j'en avais l'ordre.
Je ne pouvais pas lutter.

Je t'avouerais bien qu'au début je m'en foutais royalement, tu n'étais qu'un gamin parmi tant d'autres, je devais te tuer, comme j'ai dû en tuer bien avant toi.

Mais je ne pourrais pas l'expliquer, au fur et à mesure de nos rencontres, de nos combats, de nos disputes, je commençais à m'ennuyer de tout ça.

Donc, je t'observais à chaque fois que je te voyais, te provoquais pour pouvoir te connaître, te cerner.

Dans cette tranche où je ne faisais que te regarder, j'ai commencé à voir autre chose en toi que ce gamin surexcité par tout, qui se battait par simple allusion à sa petite taille...
Je dois bien avouer que c'était bien marrant.

Plus ta recherche de la pierre avançait, plus je devais être là pour essayer tous les jours de te tuer.
Mais à force, je ne pouvais plus, les coups que je te donnais avant ne se montraient plus, à chaque rencontre j'évitais tes coups et évitais par la même occasion de te blesser gravement.

Oh, si seulement tu savais comme tu as bouleversé mon existence, si insignifiante, si misérable...

Tu es arrivé comme un coup d'éclair, tu as tout chamboulé, je ne voulais pas que ma vie change.
Elle était déjà si misérable et toi tu es apparu et m'as donné un coup de poignard dans le dos.
Je pensais que j'étais déjà au plus bas, mais ta présence m'a fait comprendre que je n'étais pas si bas que ça.

Savoir que toi, petit humain, par ton insouciance, par ta naïveté... Me tue tous les jours un peu plus, car je sais que je ne pourrai jamais vivre sans ta présence près de moi.

Hé oui, malheureusement pour moi, je crois bien que je tiens beaucoup trop à toi...

C'est ainsi qu'est la vie ?
Je n'ai jamais demandé de souffrir autant, je n'ai même jamais souhaité exister, mais on m'y a forcé.
Avant de naître, je ne souffrais pas, je ne connaissais rien, on m'a imposé cette existence farfelue.
Je ne suis pas un humain, je suis un rejet de la vie qu'on a pris comme cobaye et dont on s'est juste servi.
Je suis un monstre, une créature répugnante sans intérêt.

Pourquoi je n'ai pas eu le droit au bonheur comme tant de monde sur cette misérable Terre ?
Pourquoi je n'ai pas eu le droit à une existence normale ?
Je n'ai jamais demandé tout ça, oh non jamais...

Mais Toi !
Oui Toi, tu es arrivé pour me faire comprendre que je n'avais pas ma place ici.
Je n'ai aucune famille.

Toi, tu as ton frère, ce qui fait que tu es là pour une bonne raison, le sauver.

En même temps,
Tu as sauvé la vie de tellement de gens sans demander quoi que ce soit en retour, moi je n'ai fait que les tuer et les faire souffrir.
Tu es comme ces petites étoiles, ou comme ces petits anges qui sont là pour protéger n'importe qui sans rien avoir à demander quoi que ce soit.

Tu fais ça par plaisir, tu aimes aider les personnes qui t'entourent, tu as un cœur... Moi, je n'ai rien.

Je t'envie...
Je suis jaloux de savoir que tous ces gens inconnus tiennent à toi par le simple fait que tu les as aidés un jour.
Moi, personne ne m'attend.
Et la seule personne que j'attendrai ne viendra jamais, car je suis comme ça.
Je suis buté et ne te dirai jamais rien.

Je ne te dirai jamais qu'un monstre comme moi puisse penser à quelqu'un de cette manière.

Oh oui, penser à toi de cette manière me fait tellement souffrir...

Je dois te tuer, mais je veux ton bonheur.
Je dois te tuer, mais mes poings ne veulent plus te toucher.
Je dois te tuer, mais je ne veux pas te faire souffrir.
Je dois te tuer, mais le simple fait de croiser ton regard d'or me fait perdre tous mes moyens.
Je dois te tuer, mais la seule chose que je veux, c'est pouvoir un jour te serrer contre moi...

Alors, j'abandonne.
Je ne me battrai plus contre toi, ni contre ceux qui te sont chers.

Tu sais, tous les autres de mon espèce ont bien compris que je ne servais plus à rien.
Celui qui se faisait appeler « Père » m'a laissé tomber, comme les autres aussi, d'ailleurs.

Je suis seul, complètement seul.
Je ne me nourris plus par ces pierres rouges sang, non, j'ai abandonné l'idée.
Je me laisse vivre comme ci comme ça.
Je sens que je pars...
Je suis affaibli comme jamais, mais toi tu ne vois rien et tant mieux.

Avant de me laisser partir complètement, je voulais revoir ton visage.

Je me suis mis à vagabonder dans les rues désertes, allant en direction du QG.
Tu rentrais de mission, je crois, sur cette fameuse pierre introuvable.
Qui, comme d'habitude, n'avait rien donné.
Mais, moi, j'étais venu, te faisant croire que j'étais encore sous les ordres de ce fameux « Père ».

Comme à tes habitudes tu te méfiais de ma présence, j'étais là en face de toi.
Te provoquant comme à toutes les rencontres qu'on avait eues.
Et comme à chaque fois, tu partais au quart de tour.

Comme maintenant, te mettant à transformer ton bras bionique en une espèce de lame de fer et ce fut un combat entre Toi, Edward, le Fullmetal et Moi, l'homonculus qui t'enviait tant.

Je fis mine de me défendre avec le peu de force qu'il y avait encore en moi, mais je sentais que je n'étais pas assez fort pour te toucher.
Alors je me défendais, encore et encore.
T'évitant en même temps pour ne pas te blesser.

Puis ce fut enfin le moment.
Je me mis à perdre l'équilibre sans comprendre comment ni pourquoi.

Tu en profitas pour transpercer mon torse avec ta lame de fer et je me sentis comme fatigué.

Oh oui, fatigué était bien le mot.
Ça allait vraiment bien avec mon état lamentable.

Je me mis à tousser, laissant un long filet de sang sortir de mes lèvres, couler pour s'étaler par terre et se transformer en petites pierres rouges plus ou moins grosses.

Je me sentis légèrement sourire à regarder le sol.
Je me mis à redresser la tête, lançant un dernier regard au blondinet devant moi, qui avait l'air de ne rien comprendre à la situation ce qui était normal vu mon état dégradant...

Tu retiras enfin ta lame, je sentis comme un long courant d'air froid me traverser tout le corps et me sentis tomber comme un moins que rien.

Tu étais devant moi, Edward, si tu savais à quel point tu m'as aidé à ce moment même.
À quel point j'en avais marre de souffrir.
Je ne t'ai jamais détesté, oh que non !

Bien au contraire !

Je puisai encore un peu de force pour te fixer et te sourire.

« Au moins, tu seras débarrassé de moi pour de bon. » lançai-je, essayant d'avoir mon air de garçon mal luné et sadique que tu avais conclu de moi.
« Pour de bon ? » me fis-tu, ne comprenant pas.

Je me redressai une dernière fois comme je pus et m'avançai près de toi, une dernière fois. Tu te mis en position de défense. Je finis devant toi qui était à quelques centimètres de moi, mais qui me paraissait si loin, tellement loin...

La plaie que tu m'avais infligé ne se refermait pas, mes lèvres, étaient toujours là à laisser ce filet de sang couler.
Je me penchai vers ton visage et posai mes lèvres sur les tiennes.

Me laissant partir complètement, mes forces définitivement parties, je me sentis comme léger, mes yeux se voilèrent petit à petit, les yeux d'or devant moi s'éteignirent et le noir se fit autour de moi.

Plus rien, plus personne.

Est-ce que c'est vraiment fini pour moi ?

Je ne te verrai plus ?
Est-ce que je peux mourir ? Moi ?

Je crois bien que j'ai le droit de m'endormir, de toute façon, depuis le temps que je me sentais si mal.

Edward, toi, ce petit bout de mec...
Si tu savais à quel point je t'ai envié !
Oh oui ! Tellement !

Mais, surtout,
Si seulement tu savais à quel point
Je t'aimais...

One-Shot : L'Envie de l'ImpossibleWhere stories live. Discover now