Une image d'un rêve

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J'ai fait un rêve dont je me souviens pas.
C'est rare, je me souviens toujours de mes rêves. Mais là j'en garde qu'une seule image.

Celle d'un couple enlacé sur une falaise, comme deux petites taches qui se mélangent un peu. L'une blanche l'autre noire.
La tache noire c'est l'homme, il est grand, tout habillé d'ombre, seul un morceau de son visage enfouis dans le cou de la femme ne l'est pas. Il a long manteau jais, qui vole dans le vent. Il serre la femme au niveau de la taille, pour la ramener vers lui. Sa tête ployée, cachée, dans son cou. il forme comme un bouclier au vent pour la femme.

La femme est vêtue d'une simple robe blanche, légère, mouillée par la bruine de gouttes piquantes que les bourrasques viennent jeter comme des aiguilles contre leurs peaux. Tout est blanc chez elle, même ses cheveux, qui voltigent autour de sa tête en petite mèches collées par la pluie. Le bas de la robe est aussi mouillé et maculé de traces boueuses. Ses pans claquent dans le vents violent. Tantôt sa robe se plaque sur ses jambes, tantôt vient se gorger d'air et se gonfler comme une voile autour d'elle, dans un mouvement presque semblable à une respiration. Ou bien des battements de coeur. Elle serre l'homme, une main dans son dos, l'autre sur sa tête et lui caresse les cheveux. Lui ne bouge pas, il la serre comme si elle allait disparaître.

Ils sont sur une falaise grise, derrière un phare décoloré qui tombe en ruine et le ciel est lourd et sombre. Un camaïeu de gris et de noir qui forme en taches épaisses comme la toile d'un peintre dépressif. Et ce ciel semble fatigué, il à l'air de tomber doucement comme s'il n'avait pas la force de se tenir droit. Les fines gouttes de la pluie piquantes viennent tremper les choses jusqu'à l'âme, et quand la lumière s'y accrochent on voit les formes qu'elles adoptent en suivant les coups de vents aléatoires.

Il y a la mer derrière. Elle est noire et verte, et bleu et grise, et ça se mélange comme dans un mixeur, ça fait des arrêtes surmontée de mousse quand les vagues tranchantes se cognent et se frappent en elles.

Les nuages se percent, par gros trous ovales, pour laisser passer des rayons de soleil qui se découpent nettement sur la pluie tout le long de leur chute jusqu'à l'eau où ça fait comme des écailles brillantes.
Ça sent l'embrun et la tempête.

Le couple est enlacé, le contraste entre aux fait mal aux yeux, le très blanc, le très noir. L'homme s'accroche à la femme avec désespoir, la femme à l'air d'être résignée déjà. C'est à la fois des adieux et des retrouvailles.
Soudain une grosse vague frappe la falaise, fait bondir vers le ciel un crachat d'écume en fines gouttes, qui s'élance loin vers le haut, et puis s'arrête et retombe comme la main d'un mourant, et recouvre les deux amants. 

Quand l'eau est partie, la femme aussi. Elle a disparu dans la vague. L'homme étreint du vide. Il se laisse tomber à genoux, ses épaules sont courbés. Il replit les bras vers lui, serre son propre corps se penche et est secoués de sanglots que le bruit du vent couvre mais qu'on devine.
Et puis je me réveille, et j'ai pleuré
Voilà 🤔

D'après Freud, tous les rêves ont une signification.... Ce serait quoi, celle du mien ? 

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