Partie 2

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— Sekhmet toute-puissante !

J’ai observé autour de moi, interloquée. Après les tours de verres du peuple Oiseau et les interminables galeries des Rongeurs, je pensais que plus rien ne m’étonnerait.

Si j’avais su !

Devant moi s’étalait la plus grande ville qui m’avait jamais été donnée d’observer -et la plus bordélique ! Construite sur un flanc de montagne tout entier, maisons, immeubles et villas se côtoyaient sans aucun ordre apparent. Ci une construction toute de briques rouges, là un gratte-ciel de métal qui se jouait des lois de la gravité… C’était le mélange architectural le plus hétéroclite qu’il m’ait jamais été donné d’observer. Complètement timbrés, ces Canins, ai-je songé sans pouvoir retenir une pointe de mépris envers ce peuple ennemi. De mon point d'observation, je pouvais déjà entendre le brouhaha incessant de la capitale du royaume Animal. Sans parler de l’odeur… Mes narines allaient avoir du mal à s’y faire, malheureusement. Mais le déplacement en valait le coup.

Car ici, j’allais enfin pouvoir retrouver et écorcher vif celui qui m’avait volé mon œil…

Me relevant de la pierre réchauffée par le soleil où je m’étais installée, j’ai pris une profonde inspiration pour me donner la motivation nécessaire à l’élaboration de mon plan machiavélique.

Et j’ai très clairement senti la désapprobation de mes facteurs olfactifs lorsque l’odeur m’a prise à la gorge, m’obligeant à cracher mes poumons pour ne pas mourir asphyxiée. Mais c’est une infection, ma parole ! Toussant comme si ma vie en dépendait, je me suis glissée dans ma forme humaine et me suis dirigée vers la source de l’odeur putride de chien mouillé -putride était peut-être un bien grand mot, mais elle était bien trop puissante pour mes narines habituées à la jungle de mon enfance.

M’assurant que personne ne m’avait aperçue, je suis montée sur ma moto fraîchement acquise et j’ai fait vrombir le moteur, direction la ville Canine.

¤

Le vacarme dans l’enceinte de la métropole était encore plus insupportable que son odeur.

Et il y avait tellement de monde… !

Avec un léger soupir de désespoir, je me suis dirigée vers l’hôtel le plus proche, ma démarche féline et mes pupilles fendues m’attirant des regards désapprobateurs. Déjà, j’avais senti les regards désapprobateurs des gardes qui avaient vérifié mon identité à l’entrée de la ville. Les Félins avaient bien évidemment le droit de se rendre dans une ville Canine, mais l’animosité entre les deux peuples n’était un secret pour personne et je n’avais pas envie d’en faire les frais. D’autant plus que j’étais loin d’avoir des attentions bienveillantes envers cette ville… Et surtout envers un de ses habitants.

Envers le chef de meute, plus précisément.

Je me suis avancée vers la porte de bois qui s’est ouverte d’elle-même sous mon toucher. J’espérais avoir mieux choisi que le motel miteux dans lequel j’avais passé une unique nuit dans la ville de mes proies préférées, avant de décider que dormir avec des termites, même pour un prix aussi anodin, n’était pas acceptable. Heureusement, l’intérieur n’a pas déçu mes attentes. Des canapés confortables quoique trop peu éclairés par les petites fenêtres, des tables occupées par des canidés qui ne puaient pas trop et qui ne semblaient pas avoir de puces, et un comptoir…

Par Sekhmet.
Ils sont tous aussi sexy, les serveurs de cette ville ?


Une Assassine aux longs crocsWhere stories live. Discover now