Chapitre 6 : 1/2

1.2K 39 9
                                    

Mon estomac se serre, avec cette sensation horrible de subir un choc affreux que l'on ne peut pas contrôler. Il me regarde en attendant que je réagisse mais je reste ébahie comme un lapin pris dans des phares. De toutes les choses stupides à penser, je me demande si c'est impoli de le fixer comme ça. Il doit en être habitué, ce n'est pas comme une cicatrice ou un tatouage embarrassant que l'on peut cacher sous des vêtements. La vue est l'un des sens le plus précieux. Je ne peux pas imaginer à quel point il doit être perdu.

« As-tu... » Je commence doucement avant de réévaluer ma question. « As-tu quelque chose pour que j'éponge l'eau? »

Mes mains sont en partie cachées derrière mon dos car je ne peux m'arrêter de les faire trembler. Je ne sais pas s'il est déçu de ma façon d'amorcer le choc. Son front se plisse avant de marmonner que tout ce dont j'ai besoin se trouve dans la cuisine. Je me lève après lui, regardant attentivement ses mouvements pour essayer de déterminer l'ampleur de son handicap. Les quelques pas que nous faisons est un piètre indicateur car nous sommes à l'intérieur, il connait très bien sa maison et pourrait donc se rendre là où il veut les yeux fermés.

Ça me semble normal qu'il fouille dans des placards vide puisqu'il lui manque un œil. Putain. Je me racle la gorge nerveusement et Harry tourne la tête comme si j'appelais son attention. Peut-être qu'il voit comme à travers un verre dépoli, ou peut-être qu'il ne voit que des ombres, des lumières et des formes avec l'oeil gauche. S'il ferme le droit, que voit-il ? Je m'abstiens de me renseigner parce qu'il est déjà retourné à ses recherches. Dans d'autres circonstances, j'aurais râlé après lui pour avoir laissé des tasses salles dans l'évier. C'est un petit sanctuaire chaotique de bols de céréales récemment utilisés, de casseroles, et d'une horde d'ustensiles.

« Comment? »

Armé d'un rouleau de sopalin, Harry semble complètement confus. Ce n'est probablement pas la meilleure approche, mais ça ne sert à rien de tourner autour du pot. Il devait savoir que j'allais poser cette question.

« Quoi? » répond-il.

La façon dont il se tient laisse à penser qu'il est nerveux, comme s'il n'était pas habitué à avoir à faire à des personnes aussi directes. Ou peut-être que c'est parce que je n'hésite pas à le regarder droit dans les yeux. Il est toujours le même, malgré le fait qu'il soit devenu froid et renfermé.

« Comment c'est arrivé? »

Il répond, le visage vide d'émotion :

« Avec un couteau. »

Cette révélation me provoque un petit rire étouffé. C'est dépourvu d'humour.

« J'aurais pu le deviner. » La pensée d'une lame tranchant son visage abaisse la tension de ma voix. « Mais pourquoi? Qu'est-ce qu'il s'est passé, Harry? »

Il attrape un sac plastique avant de retourner dans la chambre. L'eau s'est répandu sur le sol, nettoyant le plancher sur son passage. C'est quand Harry s'accroupit pour évaluer les dégâts qu'il recommence à parler.

« J'ai dit des choses que je n'aurais probablement pas dû dire. »

Je fais attention de ne pas faire de faux pas en allant m'assoir sur le bord de son lit défait. Alors qu'il éponge l'eau, je décide si je veux savoir plus de détails, ou s'il est préférable de ne pas être trop indiscrète. C'est quand même quelque chose dans lequel je ne devrais pas être impliqué.

« À qui? » J'insiste.

« Ils te donnent... » Harry marque une pause, me regardant prudemment avant de continuer à ramasser les bouts de verre. « C'était nouveau... » dit-il calmement. « Tu sais, ils te font les premières pilules gratuitement pour que tu tombes dans la dépendance, et comme ça, ils sont sûrs que tu reviendras en acheter plus. »

DARK 2: knock-out | h.s.Where stories live. Discover now