« Merci pour ton opinion perspicace! Maintenant, sors! »

En tant que colocataire, il est épouvantable. Jamais je ne l'ai vu sortir les poubelles, et il y a presque tout le temps un chemin de miettes qui part de la cuisine et mène à sa chambre. Je suis surprise qu'il ne soit pas infesté de souris. Mais ce n'est pas comme s'il se rendrait compte de leur existence de toute façon, si l'on se fiait à la pile de vêtements sales sous laquelle était caché son tapis.

« Allez, Rob. Je ne peux pas aller à un autre séminaire en sentant mauvais. Les gens commencent à s'asseoir le plus loin possible de moi. »

Tiff se tient toujours dans l'embrasure de ma porte, ricanant de la situation qui se déroule devant ses yeux. Elle disparaît dans ma chambre pendant un instant avant de se remontrer, cette fois-ci sans la couverture qu'elle m'avait cruellement arraché des mains. Sans se presser, elle parcourt le couloir, prenant mon poignet dans sa main sur son passage.

« Viens. » m'indique Tiff.

Sa chambre est impeccable, tout est rangé proprement, des dossiers et des livres sont alignés sur ses étagères. Sur son tableau d'affichage, elle a accroché un calendrier de travail et d'événements, ainsi que de jolies chaînes de chez le bijoutier. Un liste rédigée nettement de "choses à faire" est clouée au-dessus de son bureau avec un nombre effrayant de puces enfoncées dedans. Je ne peux qu'espérer que, lorsque j'aurai fini ma première année, je posséderai à mon tour le droit de plaquer mon stress – systématiquement dû au travail – sur un tableau semblable, et tolérerai les post-it de couleurs fluorescentes. Au moins, alors, j'aurai une quelconque idée de ce à quoi devront ressembler mes recherches et mes études.

Il y a l'oreiller du club de football de Chelsea sur le lit fait de Tiff, duquel Rob se moque sans arrêt. Je n'ai jamais vraiment apprécié le football comme sport, mais j'ai été témoin de la remarquable camaraderie entre les supporteurs un paquet de fois dans l'espèce de salon de notre bâtiment lorsqu'ils regardent un match à la télévision.

« Ouvre. » m'ordonne Tiff.

Elle fourre un morceau de chewing-gum dans ma bouche et je le mastique quelques fois avant qu'elle n'inspecte scrupuleusement mon haleine. Elle retrousse son nez puis coince un autre morceau entre mes lèvres.

« Hey. » je fais la moue.

Elle m'ignore, préférant poursuivre ce qu'elle est en train de faire; cherchant à me rendre un minimum présentable pour assister à mon séminaire. Non pas que ce soit si important que cela, puisque les garçons ont toujours l'air d'être tout juste sortis du lit; que ce soit tôt le matin ou tard l'après-midi, il n'y a pas beaucoup de différence en ce qui concerne l'état de leurs cheveux.

« Lève les bras. »

Je ne porte qu'un débardeur et une brassière. Elle vaporise du déodorant sur mes aisselles avant de me tendre un pull tricoté marron. Une fois avoir passé les bras dans les manches, je me contrains à garder un minimum de jérémiades pour moi-même lorsque Tiff passe une brosse dans mes cheveux. Je me distrais des nœuds pénibles en observant ses photos de son année sabbatique qu'elle a affiché sur le mur, juste au-dessus de son lit. Elle a deux ans de plus que la plupart des étudiants, et même si je n'ai qu'un an de plus que Rob, nous avons toutes deux pris l'initiative de le prendre sous notre aile. Dieu sait qu'il en a besoin.

Tiff a promis qu'une fois que nous aurions terminé la fac, nous voyagerions tous les trois. Il y aura toujours des endroits qu'elle désirerait visiter et j'aimerais l'accompagner. C'en devient parfois même la motivation pour me bouger les fesses, regarder les photos que j'ai découpée dans des magazines de voyages, et ça me donne de l'inspiration pour écrire un paragraphe de plus d'un quelconque devoir à rendre, avant de m'effondrer dans mon lit.

DARK 2: knock-out | h.s.Where stories live. Discover now