~ Épilogue ~

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Certes.

C'était là une bien belle histoire sur l'espoir et l'amour, te dis-tu peut-être.
Absolument pas.

Restons un moment aux côtés de Lyra. Que va-t-elle devenir après ces horreurs ? Après avoir cru s'être attachée pour la première fois de sa misérable existence à d'autres vies, et les avoir perdu une à une ?

Je ne suis pas là pour le dire. Peut-être décida-t-elle de se venger et de traquer les cinq Démons. Combattre la Haine par la haine, quelle judicieuse idée...
Peut-être abandonna-t-elle les armes, et partit à la recherche de, je ne sais pas, des parents d'Idyl, pour conter l'histoire de leur fille ?
Si c'est cette deuxième option, alors elle leur mentira, bien sûr. Elle ne sait faire que ça.
Mentir aux autres et se mentir à elle-même.

Peut-être - et je dois t'avouer que c'est bien mon hypothèse préférée - que tout ceci était prédestiné ?
Je m'explique. Les cinq Démons sont la Peur, la Guerre, la Famine, la Maladie, et la Souffrance.

Si cette histoire a bien introduit les dix enfants spirituels de ces entités, alors il n'en demeure pas moins un sous-texte macabre.

Jabbie se suicida à cause de la Peur, face à des abominations que même ses pires cauchemars n'auraient enfanté.
Tu t'es peut-être, en ton fort intérieur, moqué de cette réaction digne d'une faiblesse sentimentale et d'une fragilité pathétique.
J'attendrai alors simplement que ta famille, tes amis, tous ceux que tu aimes et connais, se changent en horreurs maudites et mues par la faim. Ce jour là, ce sera à moi de me gausser.

Ensuite, Frhel mourut, de par sa volonté, dans un ultime combat. Cette ivrogne avait vécu, avait grandi et était mort sous le signe de la Guerre.

Concernant Idyl, je n'ai nullement besoin d'expliquer lequel Démon eut raison d'elle.

Hesje, à cause des Œstants, périt par la Maladie.
D'ailleurs, si l'on en croit le discours de cet occulte connaisseur, ces petites saletés volantes interdisent la mort pendant trois jours. Or ce dernier n'avait été piqué seulement un jour et demi grand maximum avant de lancer son "épitaphe" (qui, sachez-le, ne vient même pas de lui. Tellement peu de personnalité qu'il en vient à citer d'autres pour se sentir exister.)

Il lui restait donc plus d'un jour de longue agonie, durant laquelle son corps, ce sanctuaire charnel et sacré, aurait dégénéré en une abomination organique, pire encore que celles que lui et ses compagnons aperçurent, celles-ci n'ayant pas achevé leur hideuse métamorphose.

Compte bien, et il nous reste donc le Démon de la Souffrance. Et il nous reste Lyra, également. N'est-ce pas tout bonnement merveilleux ? Peut-être bien que Lyra survécut donc dans un monde de douleur et de souffrances, condamnée à voir tout ceux qu'elle se force à aimer agonir encore et encore et encore sous ses yeux impuissants, maudissant des Démons qui se jouent bien d'elle...

Mais bon.
Au final, qui serait assez glauque, morbide, malsain, pour lire une histoire pareille, et apprécier voir jusqu'où le destin torturera des hommes et femmes impuissants face à une force qui les dépasse ?
Qui serait capable de suivre une histoire dans laquelle l'on promet peines et douleurs aux personnages, et voir leur espoir s'affaiblir, mort après mort, face aux horreurs qu'ils vécurent ?

Je te le dis comme je pense, et tu sais tout comme moi que je ne dis que ce que tu sais déjà.



Le pire des Démons, c'est toi, au final.



~ FIN ~

Les Fils SpirituelsWhere stories live. Discover now